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  • 2022-08-24 (xsd:date)
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  • Non, la primatologue Jane Goodall n'a pas appelé à réduire la population mondiale de 90% au Forum de Davos (fr)
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  • Jane Goodall, célèbre primatologue britannique qui a voué sa vie à la défense des animaux et de l'environnement, a-t-elle suggéré de réduire la population mondiale de 90% pour "résoudre tous nos problèmes" ? C'est ce que prétend une publication relayée sur Twitter et Facebook depuis juillet 2022. Cette affirmation est accompagnée d’un extrait vidéo, filmé lors du Forum Economique Mondial de 2020, dans lequel Jane Goodall évoque la problématique de la croissance démographique : un enjeu, explique-t-elle, pour la préservation des écosystèmes et de la biodiversité. Mais à aucun moment, lors de ses prises de parole, elle n'a appelé à réduire la population mondiale de 90%."Jane Goodall suggérant au Forum Économique Mondial que tous nos problèmes seraient résolus si la population de la Terre était réduite de 90 %", prétend une publication relayée plus de 1.000 fois sur Twitter (1), depuis le 21 juillet 2022. "Des fous dangereux à enfermer !", "Tiens donc les vrais visages se dévoilent" ou encore "Une hitlérienne 100%", peut-on lire en commentaire de la publication, également diffusée sur Facebook (2). Capture d'écran prise sur Twitter le 24 août 2022. ( AFP / )Cette affirmation circule aussi sur les réseaux sociaux en portugais, en anglais, en finlandais et en espagnol.Elle est accompagnée d’un extrait vidéo de seize secondes dans lequel Jane Goodall, assise à un micro, logo du Forum Economique Mondial dans le dos, déclare : "Nous ne pouvons pas nous voiler la face sur la croissance démographique car elle est à l'origine de nombreuses autres problématiques. Toutes les choses dont nous avons parlées ne poseraient pas autant problème si la population d’aujourd’hui était celle d’il y a 500 ans."Ces images datent de plusieurs années : elles ont été prises lors de la réunion annuelle du Forum Economique Mondial (WEF), qui s’est déroulée du 20 au 25 janvier 2020 à Davos, en Suisse.A cette occasion, Jane Goodall a pris part à une table ronde intitulée "Assurer un futur durable pour l'Amazonie", aux côtés d’Iván Duque (ancien président de la Colombie), Al Gore (vice-président des Etats-Unis de 1993 à 2001 et auteur du documentaire "Une Vérité qui dérange") et Carlos Afonso Nobre (climatologue brésilien membre de l'Académie brésilienne des sciences). Capture d'écran prise sur le site du Forum Economique Mondial (WEF) le 24 août 2022 ( AFP / )Jane Goodall était invitée à y participer en tant que primatologue, connue pour son travail sur les chimpanzés en Tanzanie. "Son institut s'est engagé dans la lutte contre la déforestation, portant des projets qui bénéficient aux communautés locales et à la biodiversité forestière", spécifie la modératrice du débat pour la présenter.L'AFP a visionné l'ensemble de cette conférence, d'une durée de quarante minutes, disponible sur le site officiel du Forum Economique Mondial. A aucun moment, lors de ses prises de parole, Jane Goodall n'a fait appel à la nécessité de réduire la population mondiale de 90% pour que "tous nos problèmes soient résolus".Un extrait vidéo isolé de son contexteLa table ronde à laquelle Jane Goodall a participé, le 22 janvier 2020, était consacrée à "l'exploration de solutions pour préserver la forêt tropicale", comme l'explique dès le début de la conférence la journaliste de la BBC Mishal Husain, chargée d'animer le débat.L'extrait vidéo relayé sur les réseaux sociaux figure dans l'enregistrement complet à partir de la minute 31'35.Sur Facebook et Twitter, la déclaration de Jane Goodall a été tronquée, de sorte qu'elle se trouve isolée de son contexte originel. A ce moment précis de la table ronde, la primatologue fait référence à "Trillion Trees", une initiative portée par les ONG BirdLife International, Wildlife Conservation Society (WCS) et le Fonds mondial pour la nature (WWF), élaborée pour "préserver et restaurer les forêts à travers le monde", comme l'indique le site internet du projet.A 29'10" du clip vidéo, Jane Goodall évoque ainsi la "nécessité de préserver les forêts existantes et de restaurer les zones où la forêt a commencé à disparaître" ainsi que de "planter des arbres en raison de la crise climatique que nous vivons." Vue aérienne de la déforestation illégale dans le parc national naturel de La Macarena, en Colombie, le 3 septembre 2020. ( AFP / RAUL ARBOLEDA)  Par la suite, elle mentionne "quatre enjeux auxquels nous devons faire face", parmi lesquels la pauvreté, les modes de vie non-soutenables, la corruption et l'augmentation de la population mondiale. Elle souligne notamment l'importance de "consommer moins de viande" ou de cesser "d'exploiter les sols pour élever du bétail", pour pouvoir préserver les forêts et leur biodiversité.C'est donc dans ce contexte qu'elle déclare : "enfin, nous ne pouvons pas nous voiler la face sur la croissance démographique car elle est à l'origine de nombreuses autres problématiques. Toutes les choses dont nous avons parlées ne poseraient pas autant problème si la population d’aujourd’hui était celle d’il y a 500 ans."Tout ce qu'elle affirme au sujet de la croissance démographique au Forum Economique Mondial, est contenu dans ces seize secondes de prise de parole, devenues virales sur les réseaux sociaux. Et dans cet extrait, Jane Goodall ne suggère à aucun moment de "réduire la population de 90%." Jane Goodall au Forum Economique Mondial de Davos, en Suisse, le 22 janvier 2020 (Fabrice Coffrini / AFP)Au cours de la table ronde, la primatologue évoque cependant des moyens de limiter la croissance démographique, comme le développement de centres de planning familial dans des territoires où ils sont peu nombreux.Un peu plus tôt dans l'enregistrement, à la minute 11'53, elle fait par exemple référence au programme Tacare (Lake Tanganyika Catchment Reforestation and Education) de l'Institut Jane Goodall, lancé en 1994 dans douze villages proches du Parc national de Gombe, en Tanzanie.D'après elle, il s'agissait d'un projet "très holistique" visant d'abord à restaurer la fertilité des terres agricoles sans utiliser d'intrants chimiques. "Comme nous avons tissé un lien de confiance avec les habitants", poursuit-elle, "ils ont accepté d'accueillir d'autres projets que nous leur avons suggérés, comme la mise en place de bourse pour permettre aux jeunes filles de poursuivre leurs études après la puberté, car il a été prouvé à travers le monde que l'éducation des femmes fait baisser le taux de natalité. Dans ces territoires, la croissance démographique était d'ailleurs la cause principale de la destruction de la forêt."Contre le "contrôle de la population"Pour aller plus loin, l'AFP a cherché dans la presse d'autres déclarations de Jane Goodall, au sujet de la croissance démographique. Dans ces différentes prises de parole, elle ne fait pas non plus mention de la nécessité de "réduire la population mondiale de 90%."Dans un entretien paru dans le journal Le Monde en janvier 2019, par exemple, elle considère que "si nous tenons à notre avenir", il est "impératif de réduire le taux de croissance démographique. Il est tout à fait absurde de penser qu’il peut y avoir une croissance économique illimitée dans un monde aux ressources naturelles limitées."  Capture d'écran prise sur le site du Monde le 24 août 2022 ( AFP / )Par ailleurs, lors d'une interview accordée au média américain CBS News en juin 2020, soit environ cinq mois après sa participation au Forum Economique Mondial, elle soutient : "Les questions liées à la population sont politiquement sensibles. Alors je préfère parler d'optimisation volontaire de la population. Alors ça va, c'est volontaire, c'est votre choix. Vous l'optimisez en fonction de votre situation financière. Les gens cherchent désespérément à éduquer leurs enfants et ils ne peuvent plus en éduquer huit. C'est pourquoi ils apprécient la planification familiale. Cela permet aux femmes d'espacer les naissances et de pouvoir bien s'occuper de leur enfant."Dans un autre entretien délivré à l'ONG Chatham House, en novembre 2021, la primatologue souligne à nouveau l'importance qu'elle accorde au principe de libre-arbitre et de volontariat. Elle se souvient notamment de ses premières déclarations sur la croissance démographique et nuance : "A l'époque, les gens disaient que je parlais de contrôle de la population, mais c'est une erreur. C'est autocratique. Je préfère parler d'optimisation volontaire de la population."Dans cette lignée, Jane Goodall est mécène de Population Matters, un organisme caritatif basé au Royaume-Uni dont la mission est de "mener des actions à grande échelle pour favoriser le développement d'une population humaine soutenable et de préserver l'environnement."Sur son site internet, l'association précise qu'elle est "totalement opposée au contrôle de la population, à la stérilisation ou aux avortements forcés, à la limitation de la taille des familles, ou à toute autre activité qui traite les gens comme des numéros ou des outils". Elle assure aussi poursuivre les missions suivantes : "sortir les gens de la pauvreté, assurer l'éducation, autonomiser les femmes et les filles, offrir à tous l'accès à une planification familiale moderne et promouvoir le choix d'avoir une famille plus petite".L'AFP a déjà vérifié de fausses publications similaires, relayées sur les réseaux sociaux, prétendant par exemple que le patron de Pfizer se serait réjoui d'avoir "réduit la population mondiale de 50% d'ici 2023."26 août 2022 Remplace "false" par "faux" sur le header.26 août 2022 Remplace "ethnologue" par "primatologue", dans le titre, le header et le corps du texte (11e paragraphe et 4e paragraphe avant la fin). (fr)
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