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Des publications partagées près de 40.000 fois sur Facebook depuis juillet 2018 et circulant à nouveau affirment qu'un jus composé de betterave et d'autres légumes guérirait le cancer. C'est faux, confirment plusieurs oncologues contactés par l'AFP: à ce jour, il n'existe pas de remède miracle contre cette maladie, seulement des traitements qui varient en fonction du type de cancer détecté.Une "potion miracle", un "remède thérapeutique", un "jus puissant et super-sain"... Plusieurs publications vantent sur Facebook les mérites d'un mystérieux jus de légumes, composé principalement de betterave, qui tuerait "les cellules cancéreuses (...) en 42 jours seulement". Des photos de betteraves, de carottes, de pommes de terre, de radis et de céleri, les ingrédients de ce prétendu jus miraculeux, illustrent cette rumeur. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 26 octobre 2021Ce remède a été partagé près de 40.000 fois depuis juillet 2018 (1, 2, 3...) et a recommencé à circuler sur Facebook récemment. Pas de "propriétés anticancérigènes" prouvéesPourtant, les trois oncologues contactés par l'AFP sont formels: le jus de légumes promu par les publications virales ne peut en aucun cas servir de traitement miraculeux contre le cancer."De nombreuses rumeurs circulent sur Facebook" et mettent en avant ce genre de cures, témoigne Serpos Dossou, oncologue et radiothérapeute au Centre de cancérologie de Cotonou (Bénin), mais "cela n'a jamais été scientifiquement prouvé". "Personnellement, je ne connais pas les propriétés anticancérigènes de la betterave", assure le médecin, qui n'a pas non plus connaissance "d'études portant sur la betterave" dans le champ de l'oncologie.L'AFP n'a pas été en mesure de trouver d'études revues par des pairs prouvant que la betterave, mélangée ou non avec d'autres légumes, peut guérir le cancer."En aucun cas un jus de légumes ne peut prétendre guérir le ou les cancer(s)", abonde Pierre Bey, professeur émérite de cancérologie-radiothérapie de l'université de Lorraine et ancien directeur de l'hôpital de l'Institut Curie à Paris. Pour lui, ces publications démontrent "une utilisation abusive du fait qu'une alimentation riche en fruits et légumes peut réduire statistiquement le risque de voir apparaître certains cancers, [ce qui] est démontré scientifiquement".La betterave est en effet riche en antioxydants, "des substances agissant contre l’oxydation, un processus menant à la formation de radicaux libres [qui] peuvent, par exemple, contribuer au développement de cancers", comme le détaille la Fondation contre le cancer belge sur son site. Pour autant, la consommer en jus ne constitue pas une "potion miracle" contre le cancer, comme le prétendent les publications que nous vérifions.La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer met d'ailleurs en garde contre la promotion de "traitements miracles" contre la maladie sur son site, et appelle à la méfiance notamment si ces traitements miracles promettent "des bienfaits qui surpasseraient de très loin les résultats des traitements proposés par votre équipe médicale" ou si ces derniers reposent sur "un principe d’action extrêmement simple". La recette du jus de betterave que nous vérifions rentre dans ces deux catégories. "Pas d'aliment miraculeux pour guérir du cancer"Quoi qu'il en soit, "il n'y a aucune étude scientifique démontrant un effet thérapeutique d'une pratique alimentaire isolée quelle qu'elle soit" contre le cancer, insiste Pierre Bey. Ce que confirme Lucie Veron, gynécologue-oncologue et médecin coordonnateur de l’Unité Clinique Interception (Prévention Personnalisée des Cancers) à l’Institut Gustave Roussy, à Paris (France): "il n'existe pas d'aliment miraculeux pour guérir du cancer". "Ce qui a été vraiment démontré chez l’Homme, c’est qu’une alimentation saine et équilibrée réduit le risque de cancer en général, et que certains groupes d’aliments peuvent réduire le risque de certains types de cancer", détaille la médecin. Consommer beaucoup de fibres permet par exemple de réduire le risque de cancer colorectal, poursuit-elle."Le cancer est en ensemble de maladies très fréquentes dont l'incidence augmente avec l'âge et avec certaines habitudes comme le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, la suralimentation, le surpoids, l'absence d'exercice physique", résume Pierre Bey, de l'université de Lorraine. "Avoir une alimentation saine et équilibrée, faire de l‘activité physique, ne pas être en surpoids ou en obésité, ne pas boire ni ne pas fumer permettraient d'éviter 40% des cancers", énumère Lucie Veron. Ce chiffre, largement cité par les associations de lutte contre le cancer et les institutions sanitaires, ressort dans plusieurs études scientifiques portant sur différents pays (1, 2...). T’es au courant que 40% des cancers pourraient être évités ? En changeant certaines de nos habitudes de vie et de nos comportements, nous pouvons réduire notre risque de cancer.Plus d’informations sur https://t.co/eQ9HOFSSp4#CancerTousConcernés#CancerTousLiguéspic.twitter.com/ALN4qvcO9A — la Ligue contre le cancer (@laliguecancer) March 19, 2019 Les trois spécialistes contactés par l'AFP sont en tout cas unanimes: dans le moindre doute, il faut "consulter un médecin, qui pourra vous aider dans la démarche diagnostique", explique Serpos Dossou, du centre de cancérologie de Cotonou. "Il faut également participer aux différents dépistages proposés : dépistage du cancer du sein, du cancer colorectal, du cancer du col de l’utérus", ajoute Lucie Veron, qui souligne également que "la vaccination contre le papillomavirus chez les adolescents permettrait quant à elle d’éviter près de 99% des cancers du col de l’utérus". Une fois un cancer diagnostiqué, "les traitements [qu'on peut lui opposer] comprennent la chirurgie, la radiothérapie et les traitements médicaux dont la chimiothérapie, l'hormonothérapie, l'immunothérapie", conclut Pierre Bey.
(fr)
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