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  • 2022-08-24 (xsd:date)
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  • Le vieillissement est un processus naturel et les cellules ne se régénèrent pas à l'infini (fr)
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  • Le processus du vieillissement chez l'être humain est complexe et multifactoriel, mais les scientifiques savent aujourd'hui en expliquer les principaux mécanismes. Des publications partagées plusieurs centaines de fois sur Facebook affirment pourtant que la vieillesse "n'existe pas" puisque les cellules se renouvellent "constamment". Selon les internautes, les pensées négatives seraient à l'origine du vieillissement. En réalité, les cellules ne se régénèrent pas indéfiniment et le processus du vieillissement repose essentiellement sur la détérioration des cellules et  des tissus dans l'organisme, ont expliqué des experts à l'AFP. "La vieillesse n'existe pas. Nous avons été endoctrinés avec une certaine durée de vie", affirme cette publication, partagée plus de 800 fois depuis le 26 mai 2022. Selon l'auteur du texte, "les cellules du corps se renouvellent en permanence, même chez les personnes âgées", ce qui signifie que "les gens ne meurent pas de vieillesse, mais des maladies de leurs pensées". Ainsi, poursuit-elle, "le cœur se renouvelle tous les 20 ans", "les poumons se renouvellent chaque année" et "le cerveau renouvelle également ses cellules". "Notre ADN ne contient pas d'informations sur le vieillissement et la mort", affirme encore la publication. Des affirmations identiques sur Facebook ont aussi été partagées en juin en France et en Belgique. Capture d'écran réalisée le 22/08/2022 sur FacebookDes publications similaires ont également circulé en juillet en allemand et ont été vérifiées dans cette langue par l'AFP. Sur son site, l'Institut Max-Planck pour la biologie du vieillissement explique que le processus du vieillissement reste encore aujourd'hui discuté au sein de la communauté scientifique. Cependant, "il est largement admis que les dommages causés au matériel génétique, aux cellules et aux tissus, qui s'accumulent avec l'âge et ne peuvent être réparés par l'organisme, sont des facteurs causals du déclin fonctionnel associé à la vieillesse. Mais ce qui cause ces dommages au niveau moléculaire et pourquoi ils peuvent être réparés dans les organismes jeunes mais pas dans les organismes âgés est beaucoup moins clair", précise le site de l'institut allemand. "On meurt des conséquences de la vieillesse, car au bout d'un moment, le corps ne renouvelle plus les tissus ni les cellules", a expliqué à l'AFP le 12 août 2022 Eric Gilson, spécialiste de la biologie du vieillissement et directeur de l'Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement de Nice. "On meurt toujours à cause d'une cause précise, qui est très favorisée par le vieillissement", a complété Vincent Géli, directeur adjoint du Centre de recherche en cancérologie de Marseille. Les cellules ne se renouvellent pas indéfiniment"L'ADN ne contient pas d'informations sur le vieillissement et la mort ", affirme l'auteur des publications que nous vérifions, qui soutient que "les cellules du corps se renouvellent en permanence, même chez les personnes âgées". Interrogé à ce sujet le 18 juillet 2022, l'Institut Fraunhofer de biologie moléculaire et d'écologie appliquée a déclaré à l'AFP que l'ADN humain ne contient pas d'information qui déclenche "activement" le vieillissement."Le fait qu'on soit programmé pour vieillir est encore un débat parmi les biologistes", a expliqué à l'AFP Eric Gilson, de l'Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement. "La question se pose plus au niveau des mécanismes. Il n'y a pas de démonstration définitive qu'il y a des gènes pour vieillir. Par contre, que l'ADN se modifie au cours de notre vie et que ça entraîne un vieillissement, c'est un fait", a ajouté le chercheur. En effet, "l'ADN joue un rôle central. Elle sert à synthétiser toutes les informations, comme une bande magnétique. Si vous êtes une cellule du foie ou de l'intestin ou du cerveau, votre bande magnétique va vous dire ce qu'il faut synthétiser ou produire pour être 'une bonne cellule de foie ou de cerveau'. C'est un genre de programme interne, qu'il faut renouveler régulièrement", relève Eric Gilson. Or, c'est ce renouvellement constant qui entraîne le vieillissement de l'organisme. En effet, "ce qui nous permet de renouveler nos cellules, ce sont les cellules souches, qui se divisent pour donner une cellule de foie, de peau ou une autre cellule qui va rester en mémoire", explique Eric Gilson. Ces cellules, dites "neutres", sont donc responsables de la régénération des tissus dans l'organisme. Cependant, "chaque fois que les cellules se divisent pour se renouveler, il y a de petites erreurs" qui provoquent des mutations, poursuit Eric Gilson. "La plupart sont corrigées, mais pas toutes. Avec le temps, les mutations s'accumulent et détériorent la cellule. A un moment, la cellule est tellement détériorée qu'elle ne peut plus se renouveler".  "Un premier indice de vieillissement est l’accumulation de mutations dans le matériel génétique. Malgré la capacité phénoménale des cellules à réparer les dommages de l’ADN, des mutations parviennent à traverser ce crible. Une telle instabilité génétique peut alors entraîner la perte d’une fonction liée à un gène muté, l’autodestruction ou la prolifération des cellules", expliquent Vincent Géli et Eric Gilson dans un article publié sur le site du Journal du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). "Tout au long de notre vie, nous accumulons des lésions au sein des molécules de nos cellules. La réparation de ces lésions s’affaiblit avec l'âge et le fardeau des lésions, et en particulier les lésions de l’ADN, s’accumule avec le temps. Les dommages à l’ADN et les mécanismes de réponse aux dommages à l’ADN sont des acteurs majeurs du vieillissement", a précisé Vincent Géli à l'AFP.Avec le temps, de plus en plus de cellules sont détériorées. "Il est donc faux de dire que les personnes âgées renouvellent leurs cellules comme les personnes jeunes", conclut Eric Gilson.Un nombre limité de divisions Par ailleurs, les cellules possèdent un nombre limité de divisions possibles. Comme l'expliquent Vincent Géli et Eric Gilson sur le site du Journal du CNRS, les télomères, situés à l'extrémités des chromosomes, diminuent à chaque cycle de réplication de l'ADN, provoquant au bout d'un moment l'arrêt du renouvellement cellulaire. On dit alors que les cellules deviennent sénescentes. Ce mécanisme sert notamment à prévenir les cancers, souligne Vincent Géli: "Quand une cellule se divise de manière anarchique, cela peut provoquer un cancer. C'est grâce aux systèmes qui limitent la prolifération des cellules qu'on ne meurt pas constamment du cancer". Comme l'expliquait en 2015 le chercheur Szymon Tomczyk sur le site de la Radio télévision suisse (RTS), une cellule vieillit "parce qu'une 'horloge' interne, présente à l’extrémité de ses chromosomes, contrôle combien de fois la cellule peut se diviser avant de devenir sénescente. Le nombre de fois qu'une cellule peut se diviser dépend du type cellulaire et de l'âge de l'organisme. Ce nombre varie aussi considérablement entre les cellules d'espèces différentes; par exemple, les cellules de la tortue (qui vit longtemps) pourront se diviser plus de fois que celles de la souris, dont la durée de vie est bien plus courte". La conséquence de ce système est donc le vieillissement de l'organisme. Les cellules sénescentes peuvent en effet induire une inflammation, la production de résidus oxydés toxiques pour l'organisme et un mauvais fonctionnement des tissus et des organes, explique l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) sur son site. "Le système immunitaire élimine un certain nombre de ces cellules sénescentes, mais plus une personne vieillit, moins son système immunitaire est performant", ajoute Vincent Géli. "Le vieillissement peut donc être considéré comme le prix à payer pour contenir la prolifération des cellules transformées à l’origine des cancers", concluent les deux chercheurs français.Par ailleurs, certaines cellules "ne se renouvellent jamais, comme certaines cellules du cœur ou quasiment tous les neurones", explique Eric Gilson. "Les neurones qui sont des cellules différenciées ne se renouvellent pas", confirme Vincent Géli. Ainsi la neurogenèse, processus permettant la production de nouveaux neurones au sein du cerveau adulte, "est très limitée chez l'Homme". Les cellules gliales, qui sont des cellules du système nerveux qui participent au fonctionnement des neurones, ont une capacité réduite de renouvellement. "Il est donc erroné de dire que le cerveau renouvelle ses cellules. On peut envisager de renouveler les neurones avec une intervention de l’Homme, par exemple par thérapie génique mais on est est encore loin de cela chez l'Homme", ajoute le chercheur.De même, les poumons "se régénèrent très peu" et non chaque année comme affirmé dans les publications que nous vérifions, explique Vincent Géli.A l'inverse, "on renouvelle nos cellules du sang tous les jours",  a ajouté Eric Gilson, tandis que les publications sur Facebook affirment que le sang est régénéré tous les six mois. Ainsi, on produit constamment de nouvelles cellules sanguines, qui ont une durée de vie limitée, comme l'explique cet article, publié sur le site du Manuel MSD des professionnels de santé: "de quelques heures à quelques jours pour les globules blancs, jusqu’à environ 10 jours pour les plaquettes, et environ 120 jours pour les globules rouges". Les phénomènes physiologiques liés au vieillissement La diminution du nombre de cellules conduit à des dysfonctionnements des organes. La plupart des organes fonctionnent donc moins bien en vieillissant."Tout au cours d'une vie on subit des stress cellulaires et on accumule des dommages de l'ADN, oxydation, etc, provoquant l’accumulation de cellules sénescentes. Au bout d'un moment, l'accumulation de ces cellules sénescentes créée un microenvironnement inflammatoire qui abîme les tissus" et provoque par exemple l'arthrose, explique Vincent Géli.Cet article du MSD explique également les causes et les conséquences du vieillissement sur l'organisme:  par exemple, les os deviennent moins denses au fur et à mesure du temps, car l'organisme absorbe moins le calcium nécessaire à leur développement, tandis que des changements dans le cristallin et la diminution du nombre de cellules nerveuses impactent la vision. L'exposition à la lumière solaire et une modification chimique du collagène provoquent des modifications de la peau, qui a tendance à devenir "plus fine, moins élastique, plus sèche et à se rider finement". Le rôle du psychique  Les experts interrogés par l'AFP ont tous rejeté l'affirmation selon laquelle "le programme de vieillissement est dans notre tête" et dû aux pensées négatives. Vincent Géli a qualifié cette affirmation de "farfelue". En revanche, certains facteurs comme la solitude peuvent avoir un effet sur la longévité. Ainsi, une vaste étude menée en Grande-Bretagne et publiée en 2018 concluait que vivre seul accroît le risque de mourir d'un AVC ou d'une crise cardiaque. L'être humain peut certes créer les conditions d'une vie plus longue en adoptant un mode de vie sain, mais celle-ci dépend malgré tout fonctionnement de ses cellules. "La pensée négative et d'autres facteurs extérieurs déterminent certes d'un côté également des maladies et donc une réduction de l'espérance de vie. Mais cela ne signifie pas qu'à l'inverse, sans pensée négative, l'homme est immortel", a répondu l'Institut Fraunhofer à l'AFP en juillet 2022. En 2021, l'espérance de vie à a naissance s'élevait à 84 ans pour les femmes et de 79,2 ans pour les hommes en Belgique, et à 84,7 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes en France. (fr)
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