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Le gouvernement japonais aurait approuvé récemment comme traitement contre le Covid-19 l'ivermectine, un antiparasitaire, se félicitent des publications partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux depuis le 20 août, et relayant les propos du président de l'Association médicale de Tokyo. Attention: le Dr Haruo Ozaki ne représente pas le gouvernement japonais et, si des essais thérapeutiques sont actuellement menés au Japon pour tester son efficacité, l'ivermectine ne figure pas à ce jour parmi les traitements approuvés au Japon."Si vous l'aviez raté: le Japon recommande officiellement la prise d'ivermectine contre le Covid. Quiconque vous soutient qu'il n'y a pas de traitement depuis 2019 vous ment effrontément! ", affirme un internaute sur Twitter dans une publication partagée plus de 2.300 fois depuis le 28 août, qui contient une vidéo du Dr. Haruo Ozaki, président de l'Association médicale de Tokyo. Capture d'écran prise sur Twitter le 10 septembre 2021De nombreux internautes ont partagé cette affirmation sur Twitter (1, 2, 3, 4, 5). La vidéo a également été partagée plus de 2.000 fois sur Facebook. Cette affirmation a également circulé en anglais aux Etats-Unis et au Canada, comme l'a expliqué l'AFP ici. Ces rumeurs circulent sur les réseaux sociaux dans un contexte de hausse des problèmes de santé causés par des prises d'ivermectine par des personnes qui pensent à tort que cela les protégera ou les guérira du Covid-19. L'Association médicale de Tokyo est une organisation indépendante qui comptait plus de 20.000 membres en décembre 2020, selon un journaliste de l'AFP basé au Japon. Son organisation mère, l'Association médicale du Japon, fait du lobbying et donne des recommandations aux autorités gouvernementales. Lors d'une conférence de presse filmée le 13 août, M. Ozaki compare le nombre de cas de Covid-19 et le taux de mortalité dans les pays africains qui ont distribué une fois par an de l'ivermectine - connue pour ses propriétés antiparasitaires - à ceux qui ne l'ont pas fait. "Je pense que la différence est claire. Bien sûr, on ne peut pas conclure que l'ivermectine est efficace en se basant sur ces chiffres, mais quand on a tous ces éléments, on ne peut pas dire que l'ivermectine n'est pas efficace du tout, en tout cas pas moi," dit-il. "Nous pouvons faire d'autres études pour confirmer son efficacité, mais nous sommes en situation de crise. Concernant l'utilisation de l'ivermectine, il faut évidemment avoir le consentement éclairé des patients, et je pense que nous sommes dans une situation où nous pouvons nous permettre de leur donner ce traitement," ajoute le Dr. Ozaki. Contactée par l'AFP, l'Association médicale de Tokyo n'a pas souhaité s'exprimer. A ce jour, pourtant, l'ivermectine ne figure pas parmi les traitements recommandés par les autorités japonaises pour soigner le Covid-19. Les dernières directives officielles du Ministère de la santé japonais , "préparées sur la base des informations disponibles au 29 juillet 2021" et "pouvant être modifiées en fonction des résultats futurs" affirment qu'"en comparaison avec les traitements standard et placebo, l'ivermectine ne réduit pas le nombre de morts, ne raccourcit pas les durées d'hospitalisation et ne raccourcit pas le temps de disparition du virus." Le 4 août 2021, lors d'une rencontre avec le comité de la santé et du travail de la chambre basse du parlement, le ministre de la Santé japonais Norihisa Tamura, interrogé sur l'ivermectine, a déclaré que "si les preuves (étaient) clairement établies, nous pourrons dire quelque chose". Il faisait notamment référence à une étude clinique en cours à l'Université Kitasato au Japon. Selon un reportage du média public NHK, diffusé le 23 août, elle a du mal à recruter des participants. Le protocole d'une phase 3 de test clinique sur l'ivermectine mené par l'entreprise pharmaceutique japonaise Kowa, a été révélé le 16 septembre. Ivermectine : une efficacité non démontréeL'ivermectine est un médicament - à usage vétérinaire et humain - utilisé contre des parasites, comme la gale, la cécité des rivières (onchocercose) ou encore les poux. Si une étude a observé une efficacité in vitro (en laboratoire), de l'ivermectine sur le Sars-CoV-2, son efficacité sur l'homme n'est à ce jour pas démontrée car il n'y a pas de preuves scientifiques suffisamment solides, comme l'avait déjà expliqué l'AFP ici. Le 31 mars, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé "de ne pas utiliser l'ivermectine" pour les patients atteints du Covid-19, à l'exception d'essais cliniques. Une recommandation qui s'applique "quel que soit le niveau de gravité ou de durée des symptômes", a expliqué Janet Diaz, responsable de l’équipe clinique chargée de la riposte au Covid-19 au sein de l'agence onusienne.Les experts de l'OMS ont tiré leurs conclusions à partir d'un total de 16 essais cliniques aléatoires comportant 2400 participants. Mais une partie de ces essais comparent l'ivermectine à d'autres médicaments et le nombre d'études permettant de comparer l'ivermectine à un placebo "est beaucoup plus restreint", selon le docteur Bram Rochwerg, chercheur à l'université de McMaster au Canada et membre du panel de l'OMS chargé de l'évaluation.Quelques jours plus tôt, le 22 mars, l'Agence européenne des médicaments (AEM) a déconseillé l'ivermectine dans la prévention ou le traitement du Covid en dehors d'essais cliniques contrôlés. L'AEM "a conclu que les données disponibles ne soutiennent pas son utilisation pour le Covid-19 en dehors d'essais cliniques", selon un communiqué."Des études en laboratoire ont montré que l'ivermectine pouvait bloquer la réplication du SARS-CoV-2 (le virus qui provoque le Covid-19), mais à des concentrations beaucoup plus élevées que celles obtenues avec les doses actuellement autorisées", explique notamment l'AEM.
(fr)
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