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Une publication partagée plus de 2.000 fois en deux jours sur Facebook prétend montrer la transformation d'une femme "après avoir couché avec un homme beau et riche" en Angola. Sur la première, une femme ronde sourit face à l'objectif ; sur les deux autres, une femme extrêmement émaciée, visiblement malade, marche dans la rue. Attention: il s'agit de deux femmes différentes qui n'ont aucun lien connu et vivent dans deux pays différents.ATTENTION: les images présentées dans cet article peuvent choquer. Nous avons flouté certaines d'entre elles pour ne pas heurter la sensibilité des lecteurs et lectrices.Trois photos de femmes sont accolées l'une à l'autre. Sur la première, une femme souriante, avec des rondeurs, prend la pose face à l'objectif. Sur les deux dernières, une femme squelettique, visiblement malade, semble marcher dans la rue. "Urgence angola", avertissent plusieurs publications (1, 2, 3, 4, 5...) cumulant plus de 2.500 partages sur Facebook. Ces photos montreraient selon elles la transformation d'une femme "après avoir couché avec un homme beau et riche". Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 27 novembre 2020 (flou ajouté par l'AFP)Or selon les recherches de l'AFP, ces clichés montrent en réalité deux femmes différentes, l'une vivant en Angola et l'autre au Nigeria.Une artiste angolaise Une recherche inversée de la troisième photo conduit à une publication Facebook très virale d'octobre 2019, qui relaye deux des photos que nous vérifions. Selon cette publication, la femme en pantalon bleu s'appelle Juelma Paraiso. On retrouve sur Facebook une page d'une artiste angolaise prénommée ainsi.Sa page est listée comme un "groupe" sur cette plateforme et cite le groupe "Rabudas do Cassenda", un groupe de musique locale en Angola, dans la section "A propos".Une photo identique à celle de la publication que nous vérifions, mais non recadrée, figure parmi les clichés de cette page. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 27 novembre 2020L'icône dans le coin inférieur gauche de cette dernière photo suggère que le cliché vient originellement d'Instagram.L’AFP n’a pas pu obtenir accès au compte de Juelma Paraiso sur cette plateforme qui est privé, et n'a donc pas pu vérifier cette hypothèse.Contactée sur Facebook, Juelma Paraiso n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.Une jeune femme nigériane maladeUne recherche d'image inversée avec la troisième photo de la publication sur le moteur de recherche Google conduit à une publication Facebook qui partage d'autres photos de la même femme décharnée.D'autres recherches inversées à partir des photos trouvées sur cette page permettent d'arriver à une discussion sur un forum en ligne nigérian où, en octobre 2019, plusieurs internautes ont publié d'autres clichés de la femme en question.Selon eux, cette femme "nue et émaciée" s'appellerait "Ene" et aurait été prise en photo "en octobre à Jubilee Bridge, à Ajah", un quartier de la ville de Lekki, dans l'Etat de Lagos, au Nigeria. Capture d'écran d'un forum en ligne nigérian, réalisée le 27 novembre 2020Une recherche avec les mots "emaciated woman october 2019 nigeria" ("femme émaciée octobre 2019 Nigeria") conduit enfin à un article du journal Guardian Nigeria intitulé "21-Year-Old Girl Found Emaciated In Ajah Finally Speaks" ("La jeune femme émaciée de 21 ans retrouvée à Ajah prend enfin la parole"). Selon cet article, une journaliste nigériane, Sandra Ezekwesili, a aidé avec d'autres personnes la jeune femme, prénommée Ineka. Elle expliquait sur son compte Twitter en novembre 2019 que "Ene" (un surnom) venait de l'Etat de Benue, dans l'est du Nigeria."Elle est venue à Lagos il y a trois ans pour travailler, est tombée très malade et n'a pas été traitée comme elle aurait dû l'être", précise Sandra Ezekwesili. Très malade et devant quitter l'endroit où elle "squattait", Ineka a alors pris le bus pour Ajah. En descendant du véhicule, elle s'est sentie mal, "a été désorientée, et a oublié pourquoi elle se trouvait à Ajah". Capture d'écran de tweets, réalisée le 27 novembre 2020Ineka était "sévèrement dénutrie et déshydratée" lorsque les photos que nous vérifions ont été prises.Contrairement à ce qu'ont affirmé plusieurs publications virales sur Facebook à l'époque (ici et ici), "elle n'a pas été enlevée ni victime d'une malédiction lancée par des 'yahoo boys' (arnaqueurs, ndlr)", poursuit la journaliste.Après un passage à l'hôpital et avec l'aide de plusieurs Nigérianes et Nigérians, Ineka a ensuite décidé de rentrer dans sa famille à Benue, selon un tweet de Sandra Ezewesili daté du 19 novembre 2019. Thank you everyone for helping. Ene wants to go home to her family in Benue and so we will respect her wish to do so. If she decides she needs our help to do more, we will let you know. pic.twitter.com/Gns9oDZCsf — Sandra Ezekwesili (@SEzekwesili) November 19, 2019Dans un article du site de vérification africain AfricaCheck publié en janvier 2020, la journaliste a expliqué qu'il n'existait aucun lien entre Juelma Paraiso et Ineka. Contactée, elle n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.L'AFP n'a pas été non plus été en mesure d'établir une quelconque connexion entre ces deux femmes.
(fr)
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