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Un message enjoignant les internautes à prier pour "229 missionnaires chrétiens condamnés à mort par les talibans" en Afghanistan est partagé sur plusieurs pages Facebook depuis la prise de Kaboul, le 15 août dernier. Mais ce message circule sur les réseaux sociaux sous différentes formes depuis au moins 2009. Par ailleurs aucun élément ne vient appuyer la rumeur d'une condamnation de ce type dans ce pays depuis l'arrivée au pouvoir des talibans. Les associations de défense des chrétiens ont cependant mis en garde contre une possible flambée de violences, alors que des chrétiens ont déjà été tués par le passé dans des attaques revendiquées par des talibans."Prions pour les 229 missionnaires chrétiens condamnés à mort par les Talibans que la miséricorde des Saintes Plaies les épargne", lit-on sur un message, partagé des centaines de fois sur plusieurs pages Facebook depuis la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août. Capture d'écran prise sur Facebook le 03/09/2021 Capture d'écran prise sur Facebook le 03/09/2021 La date de cette exécution de masse varie selon les publications, qui parlent de "demain", ou "aujourd'hui". Captures d'écran prises sur Facebook et Twitter le 03/09/2021Ce message a également circulé en espagnol, en portugais et en anglais. Une rumeur qui circule depuis 2009Le texte diffusé dans ces publications n’est pas récent. Le média de fact-checking anglophone Snopes, faisait déjà état de sa circulation dans des chaînes de mail dès février 2009. A l'époque, il était demandé de prier pour "22 missionnaires chrétiens" et non "229", condamnés à mort par les "Afghans islamistes".Cette rumeur prend probablement sa source dans la capture de 23 évangélistes sud-coréens par les Talibans en Afghanistan, en 2007, comme le rapportait à l’époque l’AFP. Deux de ces otages, le pasteur presbytérien Bae Hyung-Kyu et le soignant Shim Sung-Min, avaient alors été tués, tandis que les autres otages avaient été relâchés fin août de la même année.Mais depuis la récente prise de pouvoir des talibans, aucune information ne fait état d’une exécution ou d'une condamnation à mort de ce genre concernant des missionnaires ou des chrétiens en Afghanistan.Chrétiens en AfghanistanCependant, il est arrivé aux talibans de tuer des personnes accusées d’être des missionnaires chrétiens, y compris pendant l’attentat suicide ayant frappé, en 2014, une famille sud-africaine qui vivait à Kaboul - et qui, selon leurs amis, étaient des chrétiens pratiquants, mais pas des missionnaires. En 2010, les talibans ont également revendiqué le meurtre de huit médecins, affirmant qu’ils étaient des missionnaires chrétiens.Le retour des talibans à la tête de l'Afghanistan fait craindre la réinstauration d'une version ultra-rigoriste de la charia, la loi islamique dont découlent des droits et devoirs pour les musulmans, très diversement interprétée et appliquée dans les pays qui l'invoquent. Au pouvoir entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé leur lecture de la charia, interdisant jeux, musique, photographies ou encore télévision. Les meurtriers étaient exécutés en public, les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et celles jugées coupables d'adultère étaient fouettées et lapidées à mort.Au lendemain de la prise de Kaboul par les talibans, le 16 août, l'organisation de défense des chrétiens persécutés Release International a alerté contre une possible flambée de violences contre les chrétiens afghans par les talibans. "Les attaques contre les chrétiens sont susceptibles d'augmenter dans la région" prévient l'organisation, affirmant que "toute personne identifiée comme chrétienne pourrait être tuée". "Dans le passé, des travailleurs chrétiens étrangers ont été assassinés et beaucoup ont depuis longtemps quitté le pays. Des croyants, qui le sont en secret, fuient maintenant les talibans, dont la version de l'islam est encore plus violente et extrême. Mais de nombreux chrétiens sont pauvres et ne peuvent se permettre de partir. Ils seront laissés pour compte", s'inquiète Release International.10 septembre 2021 Ajoute précision après l'intertitre
(fr)
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