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De nombreuses publications affirment que la mort lundi 10 octobre de l'ex-secrétaire d'Etat américain Colin Powell de complications dues au Covid-19 alors qu'il avait reçu deux injections prouverait l'inefficacité des vaccins. Mais l'homme politique de 84 ans était atteint d'un type de cancer qui réduit l'efficacité des vaccins, et faisait de surcroît, en raison de son âge, partie des populations les plus vulnérables face au virus, expliquent des experts à l'AFP.Depuis la mort lundi de l'ancien secrétaire d'Etat américain et chef d'état-major des armées Colin Powell, les hommages et critiques se sont multipliés au sein de la classe politique américaine.Sa famille a annoncé le 10 octobre dans un communiqué le décès de cette figure politique à l'âge de 84 ans en raison de "complications liées au Covid-19" , malgré sa double vaccination contre la maladie.Aussitôt, de nombreuses publications se sont saisies de cette information pour assurer que la mort de l'homme politique serait la preuve même de l'inefficacité des vaccins.Des captures d'écran d'une dépêche de Reuters tronquée ont été partagée plus de 500 fois sur Facebook, soulignant que Colin Powell était "doublement vacciné", sans préciser qu'il souffrait par ailleurs d'autres pathologies. "Allo Houston? On a un problème, un double vacciné est mort du Covid...", commente de son côté un utilisateur de Twitter. Capture d'écran prise le 20/10/2021 sur Twitter Capture d'écran prise le 20/10/2021 sur Facebook Capture d'écran prise le 20/10/2021 Capture d'écran prise sur Facebook le 20/10/2021 "Ce vaccin expérimental est-il efficace ?", interroge un internaute sous ces publications, tandis qu'un autre assure qu'il ne faut "pas dire que le vaccin ne marche pas". Aux Etats-Unis, la mort du politicien a également entraîné un débat sur l'efficacité des vaccins. Une maladie qui affecte le système immunitaireDans l'une de ses dernières interviews avant sa mort, Colin Powell avait confié au journaliste Bob Woodward souffrir de deux maladies graves : le myélome multiple, forme de cancer du sang qui affecte le système immunitaire, et la maladie de Parkinson, maladie chronique dégénérative qui entraîne la mort progressive de neurones du cerveau.L'interview a été diffusée sur CNN le jour de l'annonce du décès de l'ancienne figure politique américaine. Selon Kathy Giusti, créatrice de la Fondation américaine pour la recherche sur le myélome multiple, Colin Powell avait expliqué dès 2019 être atteint de cette maladie devant un auditoire.Interrogé par l'AFP, Onyema Ogbuagu, spécialiste des maladies infectieuses à l'école de médecine de Yale, a expliqué que cen'est pas parce qu'une personne avec un schéma vaccinal complet meurt de la maladie qu'il faut en conclure que les vaccins contre le Covid-19 ne fonctionnent pas.Selon ce spécialiste, Colin Powell était particulièrement vulnérable au Covid-19 à cause du myélome. Ce cancer du sang affecte les plasmocytes qui aident à produire des anticorps contre les agents pathogènes dangereux comme celui du Sars-Cov-2.Colin Powell had multiple myeloma. The form of blood cancer hobbles the immune system and makes vaccines, including those for Covid-19, largely ineffective. https://t.co/kuUaPqcB6q — The New York Times (@nytimes) October 18, 2021 "Si vous deviez choisir une maladie qui a un impact sévère sur la réponse immunitaire induite par le vaccin ou qui diminue cette réponse immunitaire, ce serait le myélome multiple", a affirmé le spécialiste."Nous disposons de données provenant de publications scientifiques qui montrent que (les systèmes immunitaires) des personnes atteintes de myélome multiple ne répondent pas très bien", a-t-il ajouté. L'état de santé de Powell "limitait gravement la capacité de son organisme à répondre (efficacement) au vaccin... il est malheureusement une exception", a-t-il dit.Non seulement les patients atteints de myélome multiple présentent souvent une faible réponse immunitaire induite par le vaccin contre le Covid-19, mais des chercheurs de l'école de médecine Icahn du mont Sinaï "ont découvert que ces patients ont également une faible réponse immunitaire d'un autre composant essentiel du système immunitaire, les lymphocytes T" qui permettent de combattre les infections, ont-ils affirmé dans un communiqué paru le 18 octobre.Les vaccins ont prouvé leur efficacitéSamir Parekh, co-auteur de l'étude de Mont Sinai, a également souligné que les traitements des patients atteints de myélome peuvent les rendre encore plus immunodéprimés. Cependant, les résultats de cette étude ont montré que les vaccins offrent toujours une protection, a-t-il ajouté, avant de réaffirmer qu'"il n'y a aucun doute sur le fait que les vaccins fonctionnent".Jason McKnight, professeur à l'école de médecine de l'université Texas A&M, s'est également penché sur l'affirmation qui circule sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, en estimant que "de nombreux groupes conspirationnistes et anti-vaccins tentent d'utiliser les cas d'échecs vaccinaux comme un moyen de remettre en question l'efficacité des vaccins contre le Covid-19.""Cependant, bien que le risque d'hospitalisation ou de décès dû au Covid-19 chez une personne complètement vaccinée soit très faible, lorsque vous parlez de millions d'infections, vous verrez toujours quelques individus mourir de la maladie, malheureusement", a-t-il expliqué. Aucun vaccin en circulation à ce jour n'est ainsi efficace à 100% pour prévenir les risques d'infection. Les personnes immunodéprimées "ont tendance à avoir une réponse immunitaire plus faible induite par la vaccination", a par ailleurs ajouté Jason McKnight."Bien que la vaccination soit le meilleur outil à notre disposition à l'heure actuelle pour prévenir les formes graves de la maladie et minimiser la transmission, le cas de Colin Powell montre à quel point il est important pour les personnes atteintes de maladies chroniques ou qui ont des problèmes de santé de continuer à respecter la distanciation sociale, porter le masque et tout faire pour limiter les risques d'exposition", a-t-il tenu à rappeler.Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), sur plus de 187 millions de personnes entièrement vaccinées aux États-Unis, au moins 32.000 cas d'échecs vaccinaux ayant entraîné une hospitalisation ou un décès ont été recensés.Les données publiées par les CDC montrent également que les personnes âgées sont plus vulnérables au Covid-19, même si elles sont vaccinées. Colin Powell, âgé de 84 ans, figurait donc dans un groupe à haut risque.Ces statistiques indiquent que, bien que les personnes vaccinées aient six fois moins de chances d'être infectées et 11 fois moins de chances de mourir de la maladie que les non-vaccinés, le nombre de décès chez les personnes âgées de 80 ans et plus était presque aussi élevé que chez les personnes âgées de 50 à 64 ans non vaccinées. L'ex-politicien hanté par la guerre en IrakColin Powell avait fait le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, une longue allocution sur les armes de destruction massives (ADM) prétendument détenues par l'Irak, des arguments qui ont servi à justifier l'invasion du pays. Il a admis par la suite que cette prestation était une "tâche" à sa réputation: "C'est une tache parce que je suis celui qui a fait cette présentation au nom des Etats-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan."Faisant partie des modérés au sein des républicains, Colin Powell n'a pas hésité à prendre ses distances avec son parti, soutenant par exemple en 2008 la candidature du démocrate Barack Obama, qui allait devenir le premier président noir des Etats-Unis.Il avait annoncé en 2020 qu'il voterait pour Joe Biden, en dénonçant les "mensonges" de Donald Trump, après avoir déjà voté pour Hillary Clinton lors de l'élection précédente. "Je n'aurais jamais utilisé ce mot pour aucun des quatre présidents pour lesquels j'ai travaillé : il ment", avait-il affirmé.Colin Powell représentait "les idéaux les plus élevés de la diplomatie et de l'armée", a salué lundi le président Joe Biden, tandis que Donald Trump a, de son côté, critiqué un politicien qui a "a fait plein d'erreurs".
(fr)
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