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Des publications Facebook partagées plusieurs milliers de fois depuis le 6 juillet mettent en doute la pertinence des tests nasopharyngés, qui nécessitent un prélèvement par le nez pour diagnostiquer le Covid-19, sous-entendant que des tests salivaires seraient plus efficaces. En l'état actuel des connaissances, les tests nasopharyngés restent la méthode la plus fiable, expliquent à l'AFP des virologues."Je me demande pourquoi ils t'enfoncent un Qtip dans le nez jusqu'à l'arrière de la tête pour recueillir un échantillon de Covid-19, quand ils prétendent qu'une simple goutte de salive a le potentiel d'infecter un village complet", indique le visuel, relayé sur de nombreuses pages Facebook. Capture d'écran de l'outil CrowdTangle prise le 09/07/2020L'une de ces pages se demande ce que les professionnels de santé réalisant ces tests viennent "déposer" dans le nez... "Les Chinois utilisent des tests salivaires, beaucoup plus fiables, moins cher et pas douloureux", commente un internaute. Capture d'écran Facebook prise le 09/07/2020Ces publications sont trompeuses."Les échantillons salivaires sont un peu moins riches en matériel viral que ceux obtenus avec les autres types de prélèvements, comme les prélèvements nasaux ou nasopharyngés", explique à l'AFP le Pr Olivier Schwartz, virologiste et responsable de l'unité Virus et immunité à l'Institut Pasteur.Les prélèvements nasopharyngés, qui nécessitent d'aller "assez loin par le nez" pour atteindre la gorge, peuvent être "assez douloureux", mais "ils sont plus efficaces car ils sont réalisés dans les zones où le virus se multiplie le plus", souligne le Pr Schwartz."Les tests RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé sont aujourd’hui considérés comme la technique de référence pour les virus respiratoires. Elle dépasse en sensibilité et souvent aussi en spécificité l’ensemble des autres tests conventionnels pour la détection des pathogènes (tests antigéniques, culture des virus), quelle que soit la technique de prélèvement", écrivait début mai le Centre national de référence (CNR) pour les virus respiratoires de l'Institut Pasteur."Jusqu'à présent, on a toujours dit que les tests salivaires sont moins sensibles. La salive n'est pas un milieu très facile. Il y a des tas d'enzymes, des tas de choses qui peuvent perturber" le test, abonde Liliane Grangeot-Keros, virologue et secrétaire perpétuelle de l'Académie nationale de pharmacie, qui souligne toutefois que "les premiers essais" du test salivaire français Easycov, lancée en avril et dirigée par le Pr Jacques Reynes du CHU de Montpellier, "sont tout à fait bons"."Il faut continuer à faire des études comparatives", juge-t-elle, rappelant que les tests salivaires sont "plus faciles et plus rapides" à mener.Une méta-analyse publiée fin mai, et basée sur des prélèvements effectués sur des patients dont l'infection au Covid-19 avait été prélablement confirmée, a montré que les prélèvements nasopharyngés possèdent une sensibilité de détection de 98%, contre 91% pour les prélèvements salivaires. Soit un risque de faux négatifs moindre avec les tests nasopharyngés."Les tests salivaires constituent une alternative prometteuse aux prélèvements nasopharyngés pour le diagnostic du Covid-19 (...) Toutefois, de plus amples recherches sont nécessaires avant d'introduire de manière plus systématique les échantillons de salive dans les diagnostics du SARS-CoV-2", jugent les auteurs de la méta-analyse.
(fr)
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