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  • 2022-01-18 (xsd:date)
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  • Attention à ces déclarations d'un responsable de l'EMA sur la vaccination et l'immunité (fr)
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  • Un responsable de l'Agence européenne des médicaments ("European Medicines Agency", ou EMA en anglais) aurait prévenu le 11 janvier que les rappels à répétition de vaccin contre le Covid-19 pourraient "affaiblir le système immunitaire", affirment des publications très partagées sur les réseaux sociaux. Mais il s'agit d'une mauvaise compréhension de ses propos, a fait valoir l'EMA auprès de l'AFP. Pour l'heure, les données ne permettent pas d'affirmer que la multiplication de rappels de vaccin pourrait avoir un impact négatif sur l'immunité, c'est même plutôt l'inverse, selon les experts interrogés par l'AFP. "L'UE prévient que les boosters répétés pourraient affaiblir le système immunitaire", affirment des publications partagées des milliers de fois sur Facebook (ici, ici, ici, là), Twitter (ici, ici, ici) et vues des dizaines de milliers de fois sur Telegram (ici, là) depuis le 11 janvier 2022.Cette affirmation a été reprise par le site France Soir et par d'autres blogs (ici, ici). Les candidats à la présidentielle Florian Philippot et François Asselineau s'en sont également fait le relais via leurs comptes sur les réseaux sociaux. Capture d'écran Facebook, prise le 18/1/2022 Capture d'écran Twitter, prise le 18/1/2022   Capture d'écran Facebook, prise le 18/1/2022 Capture d'écran du site "France Soir", prise le 18/1/2022  Qu'a dit le responsable de l'EMA ?Ces affirmations font suite à une conférence de presse de l'EMA ("European Medicines Agency", l'Agence européenne des médicaments) au sujet de l'évolution de la pandémie de Covid-19 et aux possibles réponses sanitaires à mettre en place, tenue le 11 janvier.Marco Cavaleri, le chef de la stratégie vaccinale de l'EMA, s'est exprimé à propos des doses de rappel de vaccin anti-Covid au début de la conférence."Des discussions émergent au sujet de donner une deuxième dose de rappel [ce qui le plus souvent correspondrait à une quatrième dose, NDLR] avec les vaccins utilisés actuellement. Aucune donnée n'a pour le moment été générée pour soutenir cette approche. Alors que la mise en place d'un rappel supplémentaire pourrait être considérée dans le cadre d'une stratégie d'urgence temporaire, des vaccinations répétées dans un intervalle de temps restreint ne représenteraient pas une stratégie durable sur le long terme", a-t-il notamment affirmé. Capture d'écran Youtube de la conférence de presse de l'EMA du 11 janvier 2022, prise le 17 janvier 2022Marco Cavaleri a ensuite été à nouveau interrogé sur ce dernier point par une journaliste, qui lui a demandé si cela pouvait signifier que "nous pourrions développer une résistance à un trop grand nombre de rappels effectués sur une période de temps restreinte".Ce à quoi Marco Cavaleri a répondu : "Il y a deux préoccupations ici. Si nous avons une stratégie dans laquelle nous donnons des rappels, disons tous les quatre mois environ, nous finirons, potentiellement, par avoir des problèmes avec la réponse immunitaire, et la réponse immunitaire pourrait finir par ne pas être aussi bonne que nous le voudrions. Il faut donc veiller à ne pas surcharger le système immunitaire par des vaccinations répétées. Et deuxièmement, bien sûr, il y a le risque de lassitude dans la population avec l'administration continue de rappels"."Réponse immunitaire" et "système immunitaire"C'est la première partie de cette réponse qui a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, certains affirmant ainsi que les rappels pourraient "affaiblir" ou "détruire le système immunitaire".Une dépêche de l'agence Bloomberg, d'abord incorrectement titrée "L'UE met en garde contre le risque d'affaiblissement du système immunitaire en cas d'administration de doses de rappel" a vraisemblablement suscité la confusion. Elle a depuis été corrigée, mais des versions archivées montrant son premier titre sont toujours consultables en ligne. Ci-dessous une comparaison du premier titre de Bloomberg, et du titre modifié, au 18 janvier. Première version de la dépêche de Bloomberg, capture d'écran de l'archive prise le 18/01/2022 Capture d'écran de l'article corrigé de Bloomberg, prise le 18/01/2022  En fait, Marco Cavaleri n'a pas fait référence à un affaiblissement général du système immunitaire lié à un nombre de rappels rapprochés, mais à une possible baisse de la réponse immunitaire provoquée par le vaccin contre le virus du SARS-CoV-2, c'est-à-dire la façon dont laquelle le corps pourrait réagir en cas d'infection."Il semble qu'un journaliste ait mal compris les commentaires du Dr Cavaleri et, par conséquent, ait malheureusement publié des informations erronées. Le Dr Cavaleri n'a jamais dit ou laissé entendre que l'administration répétée de rappels pourrait 'affaiblir le système immunitaire'. Ce qu'il a dit, c'est que l'administration répétée de rappels pourrait entraîner une baisse de la réponse immunitaire (...) ce qui signifie que les vaccins pourraient devenir moins efficaces", s'est ainsi défendue l'EMA auprès de l'AFP le 13 janvier. Bloomberg a d'ailleurs précisé la nuance entre une possible baisse de la réponse immunitaire face au virus, bien mentionnée par Marco Cavaleri, et un affaiblissement du système immunitaire, pas abordée par le responsable de l'EMA, dans la correction de son article. On peut ainsi lire, au bas de l'article, dans une note de correction : "changement réalisé dans le titre et les deux premières phrases, pour clarifier que l'EMA fait référence à la réponse immunitaire et non au système immunitaire". Capture d'écran de l'article de Bloomberg, prise le 17/01/2022 Capture d'écran de l'article de Bloomberg, prise le 17/01/2022  Quel mécanisme pourrait expliquer une "diminution de la réponse immunitaire" ?Interrogée au sujet du mécanisme physiologique qui pourrait faire que la réponse immunitaire ne soit "pas aussi bonne qu'elle pourrait l'être" en cas d'injections de rappel trop fréquentes, l'EMA a précisé le 13 janvier que "des vaccinations fréquentes et répétées avec le même antigène pourraient limiter la maturation de la réponse immunitaire et donner lieu à une réponse immunitaire qui ne serait pas optimale, y compris par les cellules mémoires".En d'autres termes, à force de rappels répétés de vaccination exposant au même antigène, le corps pourrait, potentiellement, y être "désensibilisé", c'est-à-dire s'y habituer et ne pas le reconnaître comme étant étranger et dangereux, comme l'a détaillé Frédéric Altare, directeur de recherche à l'Inserm, auprès de l'AFP le 12 janvier. "Tout d'abord, il faut se rappeler que le système immunitaire est là pour faire la différence entre le 'soi' et le 'non soi'. Le soi, ce sont toutes les cellules de notre corps auxquelles il ne doit surtout pas s'attaquer et qu'il a donc appris à reconnaître comme telles depuis notre naissance. Lorsqu'il les attaque, c'est qu'il y a un problème dans cette reconnaissance erronée, on appelle cela une maladie 'auto-immune'", explique le chercheur en immunologie."Face à toutes les autres choses que le système immunitaire rencontre et qu'il considère comme ne pas faire partie du 'soi', il déclenche une attaque pour en débarrasser notre corps". Parmi elles, se trouvent "toutes les cellules de notre corps qui deviendraient anormales, comme les cellules cancéreuses par exemple, et dont il faut donc se débarrasser, et tous les agents infectieux ou les allergènes", poursuit le chercheur en immunologie.Traditionnellement, les vaccins ont ainsi pour objectif d'entraîner le corps à se défendre face à ces agents infectieux, en administrant une forme atténuée ou inactivée de ceux-ci ou certains de leurs composants rendus moins dangereux, dans l'organisme pour le préparer à un contact ultérieur avec le virus. Ils fonctionnent en quelque sorte comme un "leurre" pour le système immunitaire, lui permettant de développer des anticorps et des cellules immunitaires qu'il gardera en mémoire pour pouvoir se protéger plus efficacement lors d'une confrontation "réelle" avec le virus, comme l'indique cette page du site de l'Inserm.Le cas des vaccins à ARN messager (ARNm), comme ceux de Pfizer et de Moderna, fonctionne différemment. Avec cette technique, ce n'est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injecté mais seulement l'information, sous la forme de molécules d'ARN, permettant de produire les antigènes (protéines) de l'agent pathogène. Ainsi, les vaccins permettent de produire ces fragments -inoffensifs sous cette forme-, directement par les cellules de l'individu vacciné. Mais l'objectif reste le même qu'avec les autres vaccins : entrainer le corps à préparer une réponse immunitaire, en vue d'une rencontre ultérieure avec le virus. "Ce qui permet au système immunitaire d'apprendre à distinguer du 'soi' et du 'non soi', c'est, entre autres, la fréquence à laquelle il croise cette chose ou cellule dans notre corps. En effet, nos propres cellules, il les croise tout le temps et finit par se 'désensibiliser' et perdre toute velléité de les combattre dès son développement", détaille encore le spécialiste de l'immunité Frédéric Altare.Ce principe de "désensibilisation" est notamment utilisé dans le traitement des personnes allergiques, qui sont soumises à des contacts répétés avec l'allergène auquel ils sont sensible. "A force de le voir régulièrement, le système immunitaire de cet individu va finir par penser que cet allergène fait partie du 'soi' et ne plus s'activer à sa rencontre", détaille Frédéric Altare.Selon lui, c'est un phénomène de ce genre qu'a voulu mentionner Marco Cavaleri lors de son intervention. "La crainte soulevée par l'EMA réside à mon avis dans ce risque potentiel si ces intervalles de rappels continuent à se raccourcir. Pour qu'un rappel demeure un rappel et ne se transforme pas en 'désensibilisation', il ne faut pas qu'il revienne trop vite après la dose précédente", développe le chercheur.Il estime cependant "qu'on en est encore loin" et dit "regrette[r] que l'EMA n'ait pas plus précisé sa pensée, laissant ainsi la porte grand ouverte" aux mauvaises interprétations, dont celles qui indiqueraient que "le vaccin affaiblit la réponse immunitaire".Une supposition pas confirmée à ce jourEn effet, cette hypothèse n'est, à ce jour, pas confirmée. A l'inverse, les données concernant les rappels de vaccination ont jusqu'ici, comme l'a d'ailleurs rappelé Marco Cavaleri lors de la conférence de presse, plutôt montré que chaque rappel du vaccin effectué permettait de développer plus d'anticorps que les précédents. "Il devient de plus en plus clair que les rappels sont nécessaires pour obtenir une meilleure protection et efficacité du vaccin, car la protection baisse avec le temps (...)Les données en vie réelle montrent que des doses de rappel augmentent la réponse immunitaire, même plus que cela était observé avec la première dose, et restaurent ou étendent la protection", a affirmé Marco Cavaleri le 11 janvier.Sandrine Sarrazin, chercheuse au Centre d'immunologie de Marseille-Luminy, confirme : "ce que l'on voit avec la troisième dose, c'est que l'on multiplie la réponse immunitaire, encore plus qu'avec la deuxième"."Les vaccins jusqu'ici ont été générés contre la souche originale de Wuhan. Or, au fur et à mesure, la protéine dite 'spicule' [aussi appelée 'protéine spike' ou 'protéine S', NDLR], vers laquelle la réponse est dirigée, mute, et les anticorps la reconnaissent moins bien. On peut compenser cette perte d'efficacité de la reconnaissance, qu'on appelle 'perte d'affinité', en augmentant le taux d'anticorps. C'est pour cela qu'on effectue le rappel. Et selon les données qu'on a, cela fonctionne", développe la chercheuse.En effet, cette page du site de l'Inserm indique que les données recensées, au 9 décembre, montrent l'efficacité de la troisième dose de vaccin. Selon les auteurs d'une large étude publiée le 8 décembre 2021 dans le New England Journal of Medicine portant sur plus de 850.000 personnes âgées de plus de 50 ans en Israël, une troisième dose du vaccin de Pfizer-BioNTech préviendrait ainsi à 90 % la mortalité liée au variant Delta.Selon Sandrine Sarrazin du Centre d'immunologie de Marseille-Luminy, "il faut donc être prudent dans les deux sens", puisqu'il serait ainsi probable qu'augmenter les rappels augmenterait aussi le taux d'anticorps, et ainsi la protection face au virus, au regard des données connues sur les premiers rappels.C'est pourquoi, pour la chercheuse, avant de mentionner la possibilité que des rappels à répétition puissent affaiblir la réponse immunitaire, Marco Cavaleri "aurait du ajouter, ou dire en premier qu'on se sait pas si les rappels répétés peuvent voir un impact sur la réponse immunitaire aux vaccins, et donc qu'il vaut mieux être prudent avant de le recommander à grande échelle, et attendre les résultat des essais cliniques et données de la vie réelle comme à Israël qui a commencé la campagne des 4èmes doses, pour décider de le faire largement".L'EMA a en effet précisé le 13 janvier auprès de l'AFP les propos de Marco Cavaleri, ajoutant qu'"outre la lassitude anticipée de la population, d'un point de vue scientifique, le rappel répété est une approche pour laquelle il n'y a pas beaucoup d'expérience avec d'autres vaccins et, par conséquent, certaines considérations doivent être prises en compte. Les stratégies de vaccination à venir devront être conçues avec soin, avec la participation de toutes les parties concernées à l'échelle mondiale et en tenant compte de toutes les nouvelles preuves qui sont constamment générées"."Il n'y a aucune étude chez l'homme sur des rappels rapprochés. Jusqu'à présent, il n'y avait pas de raison de tester cette hypothèse-là", complète Sandrine Sarrazin. Cependant, elle ajoute qu'"il n'y a aucun fondement immunologique expérimental qui permet à ce jour d'affirmer que le système immunitaire peut être affaibli par des doses de rappel. Rien ne fonctionne moins bien avec des rappels répétés. Le système immunitaire est constamment stimulé, à chaque instant, le vaccin n'est qu'une stimulation parmi des milliers".Possibilité d'un nouveau vaccin adapté aux variantsLors de la conférence de presse, Marco Cavaleri a aussi développé l'idée d'une possible évolution du Covid-19 qui pourrait, à terme, passer à un stade "endémique", ce qui signifierait qu'il resterait présent sur certains territoires, mais que sa circulation serait contrôlée. Le chef de la stratégie vaccinale de l'EMA a aussi abordé la question de stratégies différentes à adopter dans cette perspective. Parmi elles, le développement d'un vaccin adapté aux nouveaux variants, dont Omicron, qui seraient ainsi différents des vaccins utilisés actuellement.Marco Cavaleri a ainsi estimé que "d'ici à ce qu'un vaccin adapté à Omicron soit développé, il est possible que la situation épidémiologique dans l'Union Européenne ait considérablement évolué en termes de variants qui circulent et d'exposition naturelle à Omicron", ajoutant cependant que "davantage de données sur l'impact d'Omicron sur l'efficacité des vaccins autorisés, et une meilleure compréhension de l'évolution épidémiologique de la vague actuelle" étaient nécessaires pour se prononcer sur l'éventuelle utilité d'un vaccin adapté au variant.La mise en place d'un nouveau vaccin de ce type est en effet envisageable et, à terme, même souhaitable, selon Sandrine Sarrazin. "A un moment, le virus aura suffisamment muté pour que les anticorps ne reconnaissent plus du tout la protéine 'spicule'. Alors, on aura une nouvelle souche. Avec un nouveau vaccin, qui permettra de développer des anticorps bien ajustés à cette nouvelle souche, on pourrait empêcher l'entrée du virus dans les voies respiratoires, et augmenter l'efficacité du vaccin", explique-t-elle."A terme, on pourra avoir un nouveau vaccin chaque année, c'est ce qu'il se passe avec la grippe : ce n'est pas un rappel, mais un nouveau vaccin adapté à chaque nouvelle souche. Dans ce sens, des doses de rappel à long terme sont inutiles parce que les variants vont différer de la souche originelle", conclut-elle. Dans un communiqué publié le 11 janvier, le "groupe consultatif technique de l'OMS sur la composition des vaccins" anti-Covid, composé d'experts supervisant le déploiement des vaccins, avait également indiqué qu"il est peu probable qu'une stratégie de vaccination fondée sur une multiplication des doses de rappel du vaccin sous sa forme d'origine soit adaptée ou durable".Ces spécialistes ont considéré "que des vaccins contre le Covid-19 ayant un impact élevé en matière de transmission et de prévention de l'infection, en plus de prévenir les formes graves de la maladie et la mort, sont nécessaires et doivent être développés"."En attendant que de tels vaccins soient disponibles, et au fur et à mesure de l'évolution du virus SARS-CoV-2, il faudra peut-être mettre à jour la composition des vaccins anti-Covid actuels, afin de s'assurer qu'[ils] continuent de fournir les niveaux de protection recommandés par l'OMS contre l'infection et la maladie" causée par les variants, y compris Omicron, estime encore le groupe d'experts.La pandémie de Covid-19 a fait au moins 5.537.051 morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles et arrêté le 17 janvier 2022. Nombre de morts liés au coronavirus officiellement annoncés par pays, au 18 janvier à 11H00 GMT ( AFP / Simon MALFATTO, Sabrina BLANCHARD)18 janvier 2022 Ajout captures d'écran après le 2ème paragraphe (fr)
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