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Des publications prétendant montrer une capture d'écran de la chaîne de télévision France 24 circulent sur Facebook en Afrique. On y voit une présentatrice qui semble interviewer le président du Gabon Ali Bongo et un bandeau affirmant qu'il se tient prêt à "attaquer la Russie" si elle ne se retire pas de l'Ukraine. Attention: il s'agit d'un montage. France 24 a déclaré à l'AFP ne pas avoir réalisé d'entretien avec Ali Bongo depuis le début de cette guerre et le porte-parole du gouvernement gabonais évoque une "fake news". "Gabon: Ali Bongo condamne l'invasion de la Russie en Ukraine. Il se dit prêt à "ATTAQUER LA RUSSIE" si elle ne recule pas", alerte le bandeau rouge situé en bas d'une image qui semble être une capture d'écran de la chaîne française de télévision France 24. Au-dessus, une présentatrice face caméra et dans le coin supérieur gauche, une image déformée de l'actuel président gabonais Ali Bongo Ondimba. Sous cette photo, une carte du Gabon. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 7 mars 2022Ces publications cumulent plus de 1.000 partages depuis le 25 février sur Facebook (1, 2, 3, 4...). Tout est fait dans cette image pour donner l'impression que le chef d'Etat s'est exprimé par téléphone auprès de France 24 et a menacé d'"attaquer" la Russie si elle ne se retirait pas d'Ukraine, pays que Moscou a envahi le 24 février et où la guerre fait rage. "Fake news" Attention: cette capture d'écran a été trafiquée. Une recherche d'image inversée sur Google permet de retrouver la vidéo originale, publiée par France 24 sur sa chaîne YouTube le 7 janvier 2019, plus de trois ans avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine. Contactée par l'AFP le 7 mars, la chaîne France 24 a déclaré qu'"aucun entretien avec le président gabonais [n'avait] été réalisé depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine". Impossible donc qu'Ali Bongo ait pris la parole à l'antenne pour s'exprimer à ce sujet. De même, le gouvernement gabonais par la voix de son porte-parole Jessye Ella Ekogha a qualifié auprès de l'AFP le 4 mars cette rumeur de "fake news". La vidéo de huit minutes dont est tirée la capture d'écran est en réalité une interview du porte-parole du gouvernement gabonais en poste en 2019, Guy Bertrand Mapangou, depuis la capitale Libreville, qui portait sur une tentative de coup d'État en cours à l'époque. Capture d'écran d'une vidéo YouTube réalisée le 7 mars 2022MontagePlusieurs éléments permettent de confirmer qu'il s'agit d'un montage.La présentatrice, Elisabeth Allain, porte en effet exactement la même tenue et arbore la même expression (en rouge ci-dessous) que sur la vignette servant à illustrer la vidéo sur la chaîne YouTube de France 24. Le bandeau indiquant "Libreville - Gabon" (en vert) ainsi que la carte du pays (en bleu) sont également identiques. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 7 mars 2022 Capture d'écran d'une vignette YouTube, réalisée le 7 mars 2022 Le bandeau original titrait "GABON - TENTATIVE DE COUP D'ETAT" et affirmait que la "situation [était] sous contrôle', les mutins arrêtés" selon les autorités. Quelques autres détails incohérents: la police du bandeau trafiqué ne correspond pas à celle utilisée par France 24 habituellement (comme on peut le voir ci-dessus) et la photo d'Ali Bongo est étrangement déformée.Enfin, les entretiens avec les chefs d'Etat réalisés par France 24 prennent habituellement la forme d'une séquence filmée avec une ou plusieurs caméras, et pas celle d'un entretien téléphonique sans images, comme on peut s'en rendre compte en regardant cette interview d'Ali Bongo par la chaîne en 2015.Position du Gabon sur la guerre russo-ukrainienneAucune mention de l'Ukraine n'est d'ailleurs faite sur les différents comptes certifiés d'Ali Bongo sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter ou Instagram). De même pour les comptes officiels de la présidence du pays (Facebook, Twitter ou Instagram). Néanmoins, contrairement à de nombreux pays africains comme le Mali ou l'Afrique du Sud, le Gabon, membre du Conseil de sécurité des Nations Unies depuis le 1er janvier pour les deux ans à venir, a voté la résolution de l'ONU condamnant l'"agression" de la Russie commise contre l'Ukraine.Le 23 février, soit la veille du début de l'invasion russe, le porte-parole du gouvernement s'était exprimé à ce sujet, expliquant que "le Gabon est particulièrement attaché à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale"."De la même façon que l’on fait la promotion du dialogue chez nous, au niveau international, on promeut de la même manière le dialogue entre les pays", avait poursuivi Jessye Ella Ekhoga selon le média gabonais La Libreville, appelant "les différents protagonistes au dialogue".Le point sur la situation en UkraineDes milliers d'Ukrainiens tentaient le 8 mars de quitter leurs villes bombardées ou encerclées par les forces russes. Des civils ont notamment commencé à évacuer la ville ukrainienne de Soumy, bombardée la veille. Au moins 21 personnes ont été tuées le 7 mars au soir dans des frappes aériennes russes contre cette ville située à 350 km au nord-est de Kiev, près de la frontière russo-ukrainienne, selon un nouveau bilan des autorités ukrainiennes.Les forces russes continuaient à se déployer autour de nombreuses villes ou intensifient leurs bombardements, au treizième jour de l'invasion russe, selon des responsables ukrainiens.La barre des 2 millions de personnes fuyant les combats en Ukraine pour trouver refuge à l'étranger a été dépassée le 8 mars, seulement 12 jours après le début de l'invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine, selon les derniers décomptes de l'ONU. Carte d'Europe des flux de réfugiés ukrainiens vers les autres pays européens, au 8 mars à 11h GMT, selon le HCR ( AFP / Sabrina BLANCHARD, Gal ROMA, Cléa PECULIER)Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) recensait exactement 2.011.312 réfugiés sur son site internet dédié ce jour vers 10H30 GMT. Ce sont plus de 276.000 de plus que lors du précédent pointage, une semaine auparavant.Les autorités et l'ONU s'attendent à ce que le flot s'intensifie encore, notamment en cas d'ouverture de corridors humanitaires qui doivent permettre en théorie aux civils encerclés dans des grandes villes ukrainiennes de sortir.
(fr)
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