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Selon des publications virales sur Facebook, des Africains fuyant la guerre en Ukraine auraient été victimes de tirs à balles réelles de la part de la police polonaise. Certains auraient été tués. Mais cette dernière dément avoir utilisé des armes contre les réfugiés fuyant l'Ukraine en raison de l'invasion russe. "Nous n'avons pas enregistré de mort de citoyens africains", a affirmé la police à l'AFP. Une organisation de défense des droits humains dans le pays dit ne pas avoir d'information sur de tels agissements. Par ailleurs, les photos dans la publication virale n'ont rien à voir avec l'Ukraine: elles ont été prises en Espagne."La police polonaise tire à balle réelle sur les Africains de l'Ukraine qui tentent de trouver refuge en Pologne. Beaucoup de jeunes Africains sont morts, d'autres blessés", écrit l'auteur de cette publication intitulée "Négrophobie/Pologne". Il poursuit: "aucun média européen n'en parle parce que ce sont les noirs africains. Voilà la politique de deux poids deux mesures. Les présidents africains doivent prendre bonne position pour agir face à l'impérialisme occidental". Cette publication illustrée par quatre photos a enregistré plus de 1.000 partages depuis le 10 mars.La première de ces images montre un homme gravement blessé au visage. Sur la quatrième, on voit des policiers équipés pour une intervention. Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 16 mars 2022Ce texte et ces photos ont également été relayés par cet utilisateur Facebook, dont la publication a été partagée 2.500 fois depuis le 11 mars. Nous avons également retrouvé celle-ci cumulant 847 partages, et plusieurs autres encore (1, 2, 3).Des Africains blessés par balle et même tués en Pologne?Des cas de racisme envers les Africains fuyant l'Ukraine ont été signalés et largement relayés dans de nombreux médias (1, 2, 3). Cependant, nos recherches sur internet ne nous ont pas permis de trouver des informations relatives à des "tirs à balle réelle", de "jeunes Africains morts" ou "d'autres blessés". La Fondation Helsinki, une organisation indépendante de défense des droits humains, présente en Pologne depuis la fin du communisme en 1989, a indiqué à l'AFP avoir reçu des informations "sur des traitements inégaux pour les réfugiés originaires d'autres pays que l'Ukraine". Mais elle a ajouté ne pas avoir eu écho de telles violences impliquant la police polonaise. "Nous n'avons aucune donnée, que ce soit des médias ou de notre veille, qui pourrait confirmer de telles informations", a déclaré Marta Borucka, coordinatrice au sein de cette ONG.La presse polonaise a également relayé des cas de racisme, mais pas de violences physiques ou des morts. De son côté, la police polonaise dément toute accusation. "Depuis le début de la vague de réfugiés déclenchée par l'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie, les policiers polonais n'ont pas utilisé une seule fois des armes" soutient Mariusz Ciarka, le porte-parole du chef de la police polonaise. "Personne n'est mort du côté polonais, nous n'avons pas arrêté de citoyens d'Afrique et nous n'avons pas enregistré de décès de citoyens d'Afrique", a-t-il affirmé.Mariusz Ciarka insiste sur le fait que les publications à propos de tirs à balles réelles sur des migrants africains fuyant l'Ukraine relèvent de la "désinformation". Alors si aucun réfugié africain n'a été tué ni même blessé par balle, d'où viennent ces images de migrants en sang?Des photos prises en EspagneAvec une recherche d'image inversée sur Google, nous retrouvons les photos sur plusieurs sites. Elles sont en lien avec l'actualité des migrants africains mais pas en Pologne ou en Ukraine: les photos ont été prises dans l'enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc.Certaines sont tirées d'une vidéo enregistrée par l'AFP à Melilla. L'hebdomadaire français L'Express a utilisé une de ces images tirées de la vidéo pour un article publié le 3 mars 2022 sur "une nouvelle entrée massive de migrants dans l'enclave de Melilla". On retrouve ces photos dans plusieurs autres médias, avec le crédit AFP (1, 2, 3). Capture d'écran du site de L'Express, réalisée le 16 mars 2022Entre le 1er et 5 mars 2022, de très nombreux migrants sont arrivés dans cette ville espagnole située en terre africaine. Ils ont forcé le passage à travers la barrière haute de 6 mètres pour passer du Maroc à l'Espagne: 2.500 d'entre eux ont tenté ce passage en force et 800 sont parvenus à rallier l'Espagne.Le point sur la situation en UkraineEn Ukraine, la guerre continuait de faire rage le 17 mars. Ce même jour, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a imploré les Occidentaux d'aider à "arrêter cette guerre". "Un peuple est en train d'être détruit en Europe", a-t-il lancé en s'adressant par visioconférence au Bundestag, le parlement allemand, depuis la capitale ukrainienne bombardée. "Aidez-nous à arrêter cette guerre!", et à détruire le nouveau "mur" que veut imposer Moscou, a-t-il ajouté, ovationné par les députés allemands. Des réfugiés d'Ukraine font la queue pour monter dans des bus vers d'autres destinations en Pologne, à l'extérieur de la gare de Przemysl, près de la frontière ukrainienne, dans le sud-est de la Pologne le 16 mars 2022. ( AFP / LOUISA GOULIAMAKI)Au même moment, une frappe russe faisait au moins 21 morts dans l'est de l'Ukraine, après trois semaines d'une offensive de Moscou qui ne donne aucun signe de répit malgré la poursuite de pourparlers.Plus de trois millions d'Ukrainiens ont déjà pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne. Des milliers d'entre eux poursuivent leur voyage vers d'autres pays, comme la Suède: Stockholm estime qu'ils arrivent au rythme de près de 4.000 personnes par jour, et n'exclut pas d'en recevoir jusqu'à 200.000.
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