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  • 2021-03-10 (xsd:date)
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  • Le Covid-19, seule pandémie à avoir entraîné un "arrêt de l'économie" ? Pourquoi ce tableau est trompeur (fr)
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  • Des publications Facebook partagées plusieurs milliers de fois depuis mai 2020, et très relayées ces derniers jours, dressent une comparaison entre la pandémie de Covid-19 et celles des grippes espagnole et asiatique. Ces publications affirment que l'actuelle pandémie est la seule à avoir entraîné un "arrêt de l'économie". Mais cette comparaison "pose problème", affirment deux spécialistes interrogés par l'AFP, qui soulignent que les pandémies, qu'elles donnent lieu ou non à des mesures restrictives, induisent forcément des "perturbations de l'économie"."La politique actuelle sert-elle vraiment la protection de la population, ou d'autres objectifs ?", s'interroge l'un des internautes ayant récemment partagé le tableau ci-dessous.Sur celui-ci, la pandémie de Covid-19 apparaît comme la moins meurtrière, mais est présentée comme la seule à avoir entraîné un "arrêt de l'économie". Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021 Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021 "Voilà un tableau qui tombe à pic ! Cela prouve bien que l'on nous ment et que la covid19 n'est qu'une excuse pour nous manipuler et nous rendre fou !?", commente une internaute sous le même tableau. "Ahurissant !! Tout est dit !", tranche une autre. Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021Pour autant, ce tableau est trompeur, estiment deux spécialistes des épidémies interrogés par l'AFP.Tout d'abord, le chiffre du nombre de décès liés au Covid-19 qui y figure ("> 300 000") était correct en mai 2020 – au moment où les premiers posts relayant ce tableau ont commencé à circuler –, mais est aujourd'hui daté : la pandémie a fait au moins 2,6 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi mercredi 10 mars par l'AFP à partir de sources officielles.Par ailleurs, ce tableau fait figurer des maladies contagieuses qui s'attrapent sans contact direct (grippes, Covid-19) au côté du Sida. Or, le VIH n'est pas une maladie contagieuse (il se transmet le plus souvent lors de rapports sexuels non protégés), ce qui induit une réponse des pouvoirs publics très différente.Pour le reste, et bien que de nombreux pays ont effectivement décidé depuis début 2020 de mesures de confinement incluant la fermeture temporaire de certains commerces, "ce tableau pose problème car il est trop tranché, trop binaire", affirme Freddy Vinet, professeur de géographie à l'université Paul Valéry-Montpellier et auteur de La grande grippe. 1918 : la pire épidémie du siècle."L'arrêt de l'économie ce n'est pas "oui" ou "non". Et d'ailleurs, l'arrêt de l'économie pour le Covid-19 ce n'est pas "oui". C'est partiel. Le PIB a diminué de 8% [en 2020 en France], pas de 90%", souligne-t-il."La comparaison entre la Covid et la grippe espagnole est boîteuse parce qu'on n'est pas dans le même monde. Il y avait une guerre et il n'y avait pas autant de personnes âgées et immuno-déprimées qu'aujourd'hui", complète Patrick Zylberman, professeur émérite d'histoire de la santé à l'École des hautes études en santé publique (EHESP). (Stéphane de Sakutin / AFP)"On est dans un contexte différent à l'époque. S'il n'y a pas eu de mesures d'interdiction générales c'est principalement parce qu'on était dans une économie de guerre et parce qu'on était dans des sociétés qui n'avaient pas les moyens de travailler à distance, avec très peu de téléphones, et pas de réfrigérateurs, donc les gens allaient s'approvisionner au marché tous les jours, ils étaient obligés de sortir", rappelle M. Vinet.Localement, certaines activités ont toutefois été mises à l'arrêt ou restreintes. "Il y des mines aux Etats-Unis ou en Afrique qui ont fermé. En France, il y a des municipalités qui ont interdit des fêtes, qui ont fermé des lieux de spectacles. Il y a eu des mesures de fermeture de bars le soir à 21 heures", détaille Freddy Vinet, même si "ces mesures étaient prises sur ce qui n'avait pas trop de conséquences sur l'économie".Ces restrictions sont restées "marginales", confirme Patrick Zylberman. "Il y a eu très peu de mesures restrictives car, dans le fond du tableau, il y avait la guerre. Les préfets ont hésité à restreindre les activités de rassemblement, comme les messes ou les spectacles, pour ne pas aggraver encore davantage le moral de la population."Pour autant, affirmer que seul le Covid-19 a porté un coup d'"arrêt" à l'économie est trompeur."Il faut bien comprendre que l'épidémie elle-même, lorsqu'elle n'est pas contrôlée, induit des perturbations de l'économie", du fait notamment de l'absentéisme engendré par la maladie ou la mort, note M. Vinet.Des articles parus dans la presse française à l'automne 1918 (voir ci-dessous) faisaient ainsi état de trains supprimés, "l'épidémie de grippe exerçant ses ravages parmi les mécaniciens et les chauffeurs". Article du quotidien L'Eclair du 27 octobre 1918 (Gallica / BNF)"Sans parler même des mesures de restriction des activités, une pandémie a forcément un impact sur l'économie", abonde Patrick Zylberman. "En 1918-19 aux Etats-Unis, l'économie a calé aussi parce que beaucoup de chefs d'entreprises décédaient [de la grippe espagnole], donc des entreprises fermaient.""En juillet 1918, alors que cédait peu à peu la première vague, bénigne, de la grippe espagnole, un tiers de la main d’œuvre n'était pas au travail dans les mines de Wigan, près de Manchester", écrivait l'historien en 2012 dans la revue Les Tribunes de la santé.Conséquence là encore de l'absentéisme, "en octobre 1957 [pendant la grippe asiatique], les administrations françaises fonctionnaient elles aussi au ralenti ; et les usines, à demi effectifs", poursuivait-il. (fr)
  • Des publications Facebook partagées plusieurs milliers de fois depuis mai 2020, et très relayées ces derniers jours, dressent une comparaison entre la pandémie de Covid-19 et celles des grippes espagnole et asiatique. Ces publications affirment que l'actuelle pandémie est la seule à avoir entraîné un "arrêt de l'économie". Mais cette comparaison "pose problème", affirment deux spécialistes interrogés par l'AFP, qui soulignent que les pandémies, qu'elles donnent lieu ou non à des mesures restrictives, induisent forcément des "perturbations de l'économie"."La politique actuelle sert-elle vraiment la protection de la population, ou d'autres objectifs ?", s'interroge l'un des internautes ayant récemment partagé le tableau ci-dessous.Sur celui-ci, la pandémie de Covid-19 apparaît comme la moins meurtrière, mais est présentée comme la seule à avoir entraîné un "arrêt de l'économie". Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021 Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021 "Voilà un tableau qui tombe à pic ! Cela prouve bien que l'on nous ment et que la covid19 n'est qu'une excuse pour nous manipuler et nous rendre fou !?", commente une internaute sous le même tableau. "Ahurissant !! Tout est dit !", tranche une autre. Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021Capture d'écran Facebook prise le 09/03/2021 Pour autant, ce tableau est trompeur, estiment deux spécialistes des épidémies interrogés par l'AFP.Tout d'abord, le chiffre du nombre de décès liés au Covid-19 qui y figure ("> 300 000") était correct en mai 2020 – au moment où les premiers posts relayant ce tableau ont commencé à circuler –, mais est aujourd'hui daté : la pandémie a fait au moins 2,6 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi mercredi 10 mars par l'AFP à partir de sources officielles.Par ailleurs, ce tableau fait figurer des maladies contagieuses qui s'attrapent sans contact direct (grippes, Covid-19) au côté du Sida. Or, le VIH n'est pas une maladie contagieuse (il se transmet le plus souvent lors de rapports sexuels non protégés), ce qui induit une réponse des pouvoirs publics très différente.Pour le reste, et bien que de nombreux pays ont effectivement décidé depuis début 2020 de mesures de confinement incluant la fermeture temporaire de certains commerces, "ce tableau pose problème car il est trop tranché, trop binaire", affirme Freddy Vinet, professeur de géographie à l'université Paul Valéry-Montpellier et auteur de La grande grippe. 1918 : la pire épidémie du siècle."L'arrêt de l'économie ce n'est pas "oui" ou "non". Et d'ailleurs, l'arrêt de l'économie pour le Covid-19 ce n'est pas "oui". C'est partiel. Le PIB a diminué de 8% [en 2020 en France], pas de 90%", souligne-t-il."La comparaison entre la Covid et la grippe espagnole est boîteuse parce qu'on n'est pas dans le même monde. Il y avait une guerre et il n'y avait pas autant de personnes âgées et immuno-déprimées qu'aujourd'hui", complète Patrick Zylberman, professeur émérite d'histoire de la santé à l'École des hautes études en santé publique (EHESP). (Stéphane de Sakutin / AFP)"On est dans un contexte différent à l'époque. S'il n'y a pas eu de mesures d'interdiction générales c'est principalement parce qu'on était dans une économie de guerre et parce qu'on était dans des sociétés qui n'avaient pas les moyens de travailler à distance, avec très peu de téléphones, et pas de réfrigérateurs, donc les gens allaient s'approvisionner au marché tous les jours, ils étaient obligés de sortir", rappelle M. Vinet.Localement, certaines activités ont toutefois été mises à l'arrêt ou restreintes. "Il y des mines aux Etats-Unis ou en Afrique qui ont fermé. En France, il y a des municipalités qui ont interdit des fêtes, qui ont fermé des lieux de spectacles. Il y a eu des mesures de fermeture de bars le soir à 21 heures", détaille Freddy Vinet, même si "ces mesures étaient prises sur ce qui n'avait pas trop de conséquences sur l'économie".Ces restrictions sont restées "marginales", confirme Patrick Zylberman. "Il y a eu très peu de mesures restrictives car, dans le fond du tableau, il y avait la guerre. Les préfets ont hésité à restreindre les activités de rassemblement, comme les messes ou les spectacles, pour ne pas aggraver encore davantage le moral de la population."Pour autant, affirmer que seul le Covid-19 a porté un coup d'"arrêt" à l'économie est trompeur."Il faut bien comprendre que l'épidémie elle-même, lorsqu'elle n'est pas contrôlée, induit des perturbations de l'économie", du fait notamment de l'absentéisme engendré par la maladie ou la mort, note M. Vinet.Des articles parus dans la presse française à l'automne 1918 (voir ci-dessous) faisaient ainsi état de trains supprimés, "l'épidémie de grippe exerçant ses ravages parmi les mécaniciens et les chauffeurs". Article du quotidien L'Eclair du 27 octobre 1918 (Gallica / BNF)"Sans parler même des mesures de restriction des activités, une pandémie a forcément un impact sur l'économie", abonde Patrick Zylberman. "En 1918-19 aux Etats-Unis, l'économie a calé aussi parce que beaucoup de chefs d'entreprises décédaient [de la grippe espagnole], donc des entreprises fermaient.""En juillet 1918, alors que cédait peu à peu la première vague, bénigne, de la grippe espagnole, un tiers de la main d’œuvre n'était pas au travail dans les mines de Wigan, près de Manchester", écrivait l'historien en 2012 dans la revue Les Tribunes de la santé.Conséquence là encore de l'absentéisme, "en octobre 1957 [pendant la grippe asiatique], les administrations françaises fonctionnaient elles aussi au ralenti ; et les usines, à demi effectifs", poursuivait-il. (fr)
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