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Des publications très virales en Afrique depuis janvier 2018, et toujours partagées fin novembre 2020, attribuent à Donald Trump des propos accusatoires envers le peuple et les dirigeants africains, à qui il demande notamment: “Etes vous des humains ?”. Mais il n’existe aucune trace de telles déclarations du chef d’Etat américain."Donald Trump frappe encore très fort, il parle aux Africains", annonce l’auteur d’une publication virale sur Facebook, qui cumule plus de 12.000 partages depuis le 14 novembre 2018, les derniers réalisés dans l'après-midi du 24 novembre 2020. Dans ces propos, Trump s’en prend d’abord à la France, qu'il accuse de maintenir les pays africains dans une relation de dépendance.Les "présidents français (disent) que la France-Afrique est terminée", "pourtant, ils continuent à vous envoyer les faux touristes qui vous espionnent et reviennent leur dire comment il faut vous recoloniser", est-il écrit. Capture d’écran Facebook réalisée le 24 novembre 2020Suit une série de questions accusatoires écrites en épiphore, procédé stylistique qui consiste à répéter les mêmes mots en fin de phrase. Elles s’adressent cette fois aux chefs d’Etat du continent."Si après 50 ans d'indépendance vous n'avez pas construit les infrastructures nécessaires pour votre peuple, êtes-vous des humains ? Si vous vous asseyez sur l'or, le diamant, le pétrole, le manganèse, l'uranium... et que vos populations n'ont pas à manger, êtes-vous des humains ? Si pour rester au pouvoir, vous n'hésitez pas à acheter des armes chez les étrangers pour tuer vos propres concitoyens, êtes-vous des humains ? Si votre seul projet social est de rester au pouvoir à vie, êtes-vous des humains ?", peut-on lire.Ces prétendues déclarations ont été reprises dans de nombreux articles (1, 2, 3, 4) et publications Facebook. Certaines datent de novembre 2020 (1, 2) mais d'autres sont plus anciennes, remontant à plus de deux ans (1, 2).Selon nos recherches sur Google et sur l’outil d’analyse des réseaux sociaux CrowdTangle, la première apparition en français de ces propos sur Facebook remonte au 20 janvier 2018.Cette publication, une version un peu plus longue que le texte que nous vérifions car assortie d'un "commentaire" de l'auteur, a été partagée plus de 1.400 fois. Capture d'écran Facebook réalisée le 24 novembre 2020Ces recherches révèlent aussi une multitude de publications virales en anglais (1, 2, 3, 4…), dont les plus anciennes remontent au 28 janvier 2018 (1, 2..)."Pays de merde"Exception faite de publications de blog ou sur les réseaux sociaux, l’AFP n’a retrouvé aucune trace de telles déclarations en public -car la manière dont elles sont écrites s’apparentent à un discours- de Donald Trump.Il n’existe aucune trace non plus de telles paroles tenues à l'écart des des caméras ou des micros. Pourtant, quelques jours avant les premières publications que nous avons retrouvées en janvier 2018, des propos offensants dans lequel le président américain évoquait des "pays de merde" ("shithole countries", en anglais) s’étaient retrouvés dans la presse, suscitant un tollé international.Le 12 janvier 2018, le Washington Post affirmait en effet que la veille, alors qu’il échangeait avec des sénateurs sur une éventuelle relance du programme de protection des immigrants d’Haïti, du Salvador et des pays africains, le président américain s'était emporté."Pourquoi voulons-nous que ces gens issus de pays de merde viennent ici ?", aurait-il alors déclaré, selon le quotidien américain qui affirme se baser sur les témoignages de plusieurs participants à la réunion.Ces propos, que Trump nie avoir tenu, ont scandalisé l’opinion publique internationale, notamment en Afrique. L'Union africaine (UA) avait condamné ses remarques "blessantes" et "dérangeantes". Manifestation près de la station balnéaire de Mar-a-Lago en Floride, le 15 janvier 2018, après la révélation de déclarations du président Trump sur les immigrants (Joe Raedle/Getty Images/AFP) Les propos interrogeant l’humanité des Africains ont fait l’objet d’une vérification en anglais par le site de fact checking nigérian Dubawa en avril 2019, alors qu’une publication en anglais partagée plus de 50.000 fois diffusait ces allégations.L’ambassade des Etats-Unis au Nigeria avait apporté un démenti formel: "Aucune des citations (...) n'est attribuable au président Trump".Les mêmes citations avaient également été vérifiées et démenties par le site de fact-checking américain Lead Stories. Peu de déclarations, beaucoup de fausses publicationsDurant ses quatre années de présidence entre 2016 et 2020, Donald Trump a peu évoqué l’Afrique. Si la Première Dame Melania Trump a effectué une tournée en Afrique (au Ghana, Malawi, Kenya et Égypte) en 2018, son mari ne s’est jamais déplacé sur le continent.Il a reçu trois chefs d’Etat à la Maison Blanche: le Nigérian Muhammadu Buhari en 2018, l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi en 2019 et le Kényan Uhuru Kenyatta en 2020. Le président américain Donald Trump et le président kényan Uhuru Kenyatta à la Maison Blanche, le 6 février 2020 (Nicholas KAMM / AFP)Il a par ailleurs rarement évoqué l’Afrique dans ses interventions publiques.Un de ces rares discours en septembre 2017 avait d’ailleurs suscité indignation et railleries lorsque, durant une allocution à New York devant plusieurs homologues africains, il avait déformé à plusieurs reprises le nom de la Namibie, qu’il avait appelée "Nambia" (au lieu "Namibia").Trump s’est en revanche vu attribué de nombreuses fausses déclarations en rapport avec l’Afrique, notamment durant sa campagne pour l’élection présidentielle de 2016 comme l’avait souligné à l’époque le magazine Jeune Afrique.
(fr)
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