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Des publications partagées des centaines de fois sur les réseaux sociaux en français et en allemand depuis début décembre affirment que cinq soldats américains sont morts en attaquant un centre informatique en Allemagne pour y récupérer les preuves d'une fraude commise lors des élections américaines. Cette opération n'a toutefois jamais eu lieu, selon les autorités allemandes et l'armée américaine."Les Forces Spéciales américaines ont attaqué un centre informatique de la CIA en Allemagne dans le cadre d’une opération de saisie des serveurs de fraude électorale", a affirmé le 1er décembre le blog Réseau international, dans un article partagé des centaines de fois sur Facebook. (Capture d'écran réalisée sur Facebook le 3 décembre 2020)L'article relaye des propos tenus par l'ancien général américain Thomas McInerney lors d'une interview téléphonique donnée le 28 novembre au site Worldview Weekend.Dans cette interview, M. McInerney affirme, entre autres, que cinq soldats des forces spéciales américaines sont morts lors de l'assaut d'un bâtiment appartenant à la CIA en Allemagne.Cette opération visait, selon lui, à récupérer les serveurs informatiques d'une entreprise impliquée dans le décompte des bulletins de l'élection présidentielle américaine.Une affirmation identique, qui n'incluait pas les décès de ces cinq militaires américains, a circulé sur les réseaux sociaux mi-novembre. Elle avait été démentie par l'entreprise gérant ces serveurs et les autorités allemandes, dans un article précédent.Se basant sur l'interview donnée par Thomas McInerney, de nouvelles publications ont été diffusées en français, en anglais et en allemand, annonçant la mort de cinq militaires américains lors de la même prétendue opération.Dans les publications en allemand et en anglais, des photos de militaires sont utilisées comme preuve. Mais ces cinq hommes ont en réalité été tués en mission lors du crash d'un hélicoptère au Sinai le 12 novembre, selon plusieurs médias américains (1,2,3). (capture d'écran réalisée sur Facebook)La photo utilisée dans les articles en français circule sur internet depuis au moins 2013, selon les recherches de l'AFP.Ancien général de l'armée de l'air, Thomas McInerney, analyste militaire pendant de longues années pour Fox News, a vu sa collaboration avec la chaîne républicaine s'arrêter en 2018 pour des propos erronés sur l'ancien sénateur John McCain, a relaté l'agence de presse AP dans cette dépêche.L'armée américaine et les autorités allemandes démententInterrogée début décembre par deux médias spécialisés dans l'actualité militaire, Military Times et Military.Com, l'armée américaine a affirmé que les allégations de l'ancien général McInerney sur la mort des militaires et l'attaque des serveurs "étaient fausses".Un porte-parole de l'armée américaine avait démenti à l'agence de presse américaine AP en novembre l'existence d'une telle opération militaire.Sollicitée mi-novembre par l'AFP, la police du land de Hesse, où se situe la ville de Francfort, a également affirmé n'avoir aucune connaissance de telles opérations sur sa juridiction.De son côté, un porte-parole du ministère allemand de la Justice, Maximilian Kall, a indiqué à l'AFP qu'il "est faux d'affirmer que des serveurs ont été saisis en lien avec (les) élections (américaines)". Scylt, entreprise spécialisée dans les technologies électorales qui possède des serveurs à Francfort, avait démenti publiquement les allégations d'un raid présumé le 13 novembre. Accusations de fraudeDepuis le 7 novembre, date à laquelle Joe Biden a été officiellement élu 46e président des Etats-Unis, le président sortant Donald Trump a refusé de reconnaître sa défaite et accusé les Démocrates de fraudes électorales.Donald Trump a relayé le 12 novembre dans un tweet, en lettres capitales, des informations de la chaîne conservatrice One America News Network (OANN) selon lesquelles le logiciel Dominion aurait "effacé 2,7 millions de votes Trump à travers le pays" et réattribué des centaines de milliers de vote à Joe Biden dans des Etats utilisant cette technologie.Sa garde rapprochée s'appuie depuis sur ces "informations" pour attester la fraude électorale de grande ampleur qu'elle dénonce, sans donner d’éléments concrets pour les appuyer.Plusieurs autorités électorales locales et nationales, dont l'agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA), qui dépend du ministère de la Sécurité intérieure, ont par ailleurs écarté jeudi la possibilité d'une manipulation des votes sur machines. "Il n'existe aucune preuve d'un système électoral ayant effacé, perdu ou changé des votes, ou ayant été piraté de quelque façon que ce soit", ont-elles affirmé dans un communiqué commun. "L'élection du 3 novembre a été la plus sûre de l'histoire des Etats-Unis."
(fr)
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