PropertyValue
?:author
?:datePublished
  • 2020-12-07 (xsd:date)
?:headline
  • Covid-19 : non, les vaccins à ARN ne modifient pas les gènes des patients (fr)
?:inLanguage
?:itemReviewed
?:reviewBody
  • Des vaccins élaborés contre le Covid-19, risquent-ils de "transformer nos gènes" et ceux "de nos enfants" ? Ces inquiétudes, qui circulent sur les réseaux sociaux en France à l'étranger, n'ont pas de base scientifique, expliquent à l'AFP des spécialistes en génétique et en immunologie. Si certains vaccins dits à "ARN messager" envoient bien une instruction génétique à l'organisme, celle-ci disparaît rapidement et n'a pas de possibilité de modifier l'ADN du patient.Parmi les vaccins actuellement développés contre le virus Sars-Cov2, certains utilisent une technologie récente dans le domaine de la vaccination : l'injection d'ARN, un matériel génétique proche de l'ADN.Le génome du Sars-CoV-2 est composé d'ARN alors que celui de l'être humain d'ADN.Des vaccins qui pourraient entraîner chez les patients receveurs des mutations génétiques "transmissibles aux enfants", affirment - à tort - deux médecins français, l'infectiologue Christian Perronne et l'anesthésiste-réanimateur Louis Fouché, dans un texte et une vidéo qui circulent sur les réseaux sociaux depuis la fin du mois de novembre. Partagées des dizaines de milliers de fois sur Facebook (1,2), ces théories relèvent en réalité du "délire" et ne reposent sur "aucune donnée scientifique", expliquent des experts en génétique et en immunologie à l'AFP.On retrouve le texte du Pr Perronne partagé plus de 3.000 fois sur la page Facebook "Christian Perronne Officiel". Capture d'écran de Facebook effectuée le 7 décembre 2020Plusieurs articles de vérification ont également déjà été publiés après la montée d'inquiétudes similaires et infondées en Amérique du Sud cet automne (1,2,3).Les vaccins à ARN utilisent bien l'information génétique, mais ils se basent sur une molécule - l'ARN messager- qui disparaît rapidement et ne peut pas modifier spontanément le génome du patient, composé d'ADN.Comment fonctionnent ces vaccins ?L'idée d'un vaccin est toujours la même : apprendre à l'organisme à reconnaître un pathogène pour qu'il produise une réponse immunitaire.Pour y parvenir, dans les cas des maladies virales, plusieurs techniques "classiques" existent, l'une des plus utilisées consiste à inoculer un virus atténué ou inactivé, de façon à ce qu'il soit inoffensif pour le patient mais reconnaissable par l'organisme.Dans les cas des vaccins à ARN messager, produits notamment par les sociétés Pfizer/BioNtech et Moderna, on injecte une molécule fabriquée en laboratoire qui va demander à nos cellules de fabriquer une protéine Sars-CoV-2,  appelée "spicule" : en forme de pointe, c'est elle qui permet au virus de pénétrer dans la cellule humaine pour l'infecter.En reconnaissant ces protéines "étrangères" mais inoffensives, l'organisme va déclencher une réponse immunitaire et produire des anticorps capables de neutraliser le Sars-CoV-2 s'il venait à nous infecter. Le fonctionnement des vaccins à ARN messagerEn fabriquant ses propres protéines de spicule, le corps de la personne vaccinée ne va-t-il pas "s'emballer" et produire "trop d'éléments viraux", questionne l'infectiologue Christian Perronne dans son message posté sur Facebook fin novembre ? Non, car l'ARN messager injecté a une durée de vie limitée."Il  y a déjà dans le corps humain plusieurs grammes d’ARN, soit des millions de fois plus que l'ARN vaccinal que l'on injectera", explique à l'AFP le 2 décembre le généticien Axel Kahn."Il est certain qu’au bout de très peu de temps, après avoir entraîné la synthèse des antigènes (ou protéines, ndlr) contre lesquels se développent les anticorps, l'ARN vaccinal sera détruit", ajoute-t-il.La protéine "ne va pas être produite en permanence, ça va s'arrêter" , car comme pour tout vaccin, le système immunitaire va détruire les cellules qui produisent la protéine virale : "le processus va donc s'éteindre de lui-même", a expliqué précédemment à l'AFP le biologiste Bruno Pitard (Inserm/Université de Nantes), à la tête d'une startup qui travaille sur cette technologie vaccinale.Le processus créé "un grand 'boost' de production de protéines et après ça s’arrête", résume le 3 décembre auprès de l'AFP le professeur Jean-Daniel Lelièvre, immunologiste à l'hôpital Henri Mondor de Créteil.ADN ≠ ARNL'ARN messager inoculé a une durée de vie limitée, mais l'instruction génétique qu'il envoie à nos cellules peut-elle "transformer nos gènes définitivement" comme l'affirment le Pr Perronne et le Dr Fouché ?Non : cette idée ne repose sur "aucune donnée scientifique", selon les spécialistes du domaine, interrogés par l'AFP.Comme l'expliquait dans un précédent article, la Dr Maria Victoria Sanchez du laboratoire d'immunologie et de recherche vaccinale IMBECU-CCT-CONICET en Argentine, "la transcription de l'information génétique (l'ARN, ndlr) en une protéine se déroule dans le cytoplasme et non dans le noyau de la cellule", qui contient l'ADN."L'ARN messager ne peut pas se 'mettre' dans l'ADN", car il n'entre jamais dans le noyau de la cellule, concluait la Dr Sanchez.Dans le corps humain, "le chemin génétique, c'est : l'ADN qui est transcrit (recopié, ndlr) en ARN (...) On ne voit pas le chemin inverse", explique le généticien français Axel Kahn."L’ARN, pour pouvoir s’intégrer dans le génome, il faut qu'il soit ce qu'on appelle transcrit de façon inverse [en ADN] -on dit rétrotranscrit- et ça, ça ne se fait pas spontanément dans les cellules", avait aussi expliqué à l'AFP cet été Christophe D'Enfert, directeur scientifique de l'Institut Pasteur.Dire que l'ARN messager, inoculé via le vaccin, va transformer l'ADN, "c'est un peu comme dire qu'un enfant peut donner naissance à sa mère... On ne peut pas revenir en arrière", compare le professeur d'immunologie Jean-Daniel Lelièvre.RétrovirusPourtant, le Pr Perronne, qualifiant ces vaccins de "produits de thérapie génique" dans son message Facebook, explique que si "le message" se fait de l'ADN vers l'ARN, "l'inverse est possible dans certaines circonstances"."Vous pouvez retranscrire de l'ARN qui s'intègre à votre génome, (...) il y a 8% du génome humain qui vient des rétrovirus qui s'y sont intégrés", affirme aussi le Dr Fouché dans une vidéo circulant sur le même réseau."Il existe bien des rétrovirus endogènes" souligne Axel Kahn. Certaines techniques comme la thérapie génique, qui consiste à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie, cherchent justement à mettre "l’ARN dans des rétrovirus dont le métier est de l’intégrer dans le génome".Mais ces thérapies sont volontairement conçues pour faire cette modification.Alors que comme on l'a décrit plus haut, ce n'est pas le cas des vaccins à ARN."Dans une cellule humaine, l'ARN ne se transforme jamais en ADN. La seule possibilité, c'est d'être infecté par un rétrovirus, et même dans ce cas, c'est l'ARN du rétrovirus qui se transforme, pas le nôtre", explique l'immunologiste Jean-Daniel Lelièvre, membre de la Commission vaccination à la Haute autorité de santé.Pour M.Lelièvre, sous-entendre que ces vaccins peuvent modifier l'ADN, via les rétrovirus s'apparente à "un délire total".Pas de transmission aux enfantsEnfin, dans son message Facebook, le Pr Perronne affirme que les vaccins pourraient "transmettre ces modifications génétiques à nos enfants" en modifiant nos spermatozoïdes.Selon Axel Kahn : "c'est complétement idiot, car pour cela, il faudrait que ça passe dans les génomes et la lignée germinale".Or, comme on vient de le démontrer, l'ARN, y compris celui de ces vaccins, ne peut pas modifier le génome."Le vaccin à ARN reste localement, il ne va pas se promener partout dans vos testicules, qui sont un sanctuaire immunologique. Et on n'a jamais vacciné quelqu'un dans les testicules...", réagit le professeur Lelièvre.Le Pr Perronne, très controversé dans le milieux médical, a déjà avancé des affirmations erronées autour du Covid-19, comme expliqué dans cet article de l'AFP. Louis Fouché, qui multiplie les vidéos consacrées au Covid sur les réseaux sociaux, est lui aussi coutumier de déclarations infondées sur le sujet : certaines ont déjà fait l'objet d'un article de l'AFP.Edit: correction de la coquille sur le prénom d'Axel Kahn (fr)
?:reviewRating
rdf:type
?:url