?:reviewBody
|
-
Une vidéo prétendant montrer un policier en colère contre "l'ordre" du gouvernement italien de disperser une manifestation à l'aide de gaz lacrymogène a été relayée plusieurs milliers de fois ces dernières semaines sur les réseaux sociaux sur fond de manifestations anti-pass sanitaire. Attention : la vidéo en question remonte à 2013 et le policier s'emporte non pas contre l'exécutif mais contre des projectiles lancés par des étudiants en marge d'une manifestation contre les banques. "Italie : le chef de la brigade de police est scandalisé par l'ordre du gouvernement et refuse d'attaquer des personnes non armées, de les asperger d'eau et de gaz lacrymogènes ! ✊✊✊", écrit un internaute le 20 octobre 2021 sur son compte Facebook. "Italie : un chef de brigade craque", ajoute un autre en relayant la même vidéo, diffusée en plusieurs langues (ici ou ici) ces derniers jours et accompagnée fréquemment du mot-clef "nogreenpass" ("non au pass sanitaire"). D'une durée d'1 minute 27 secondes, la vidéo qui l'accompagne montre un policier italien s'époumoner contre des personnes qui n'apparaissent pas à l'image avant de jeter, passablement énervé, son casque sur une voiture de son unité. Le logo du quotidien italien "Il Fatto Quotidiano" apparaît en haut à droite de la vidéo dont les commentaires saluent globalement l'action du policier. "Bravo monsieur! Ca fait chaud au coeur et on attend ça chez nous", réagit l'une. "Humain avec le peuple", relève un autre. "On attend toujours que cela se produise en France. Bravo à ce monsieur", renchérit un autre. Attention : une rapide recherche de la vidéo sur Youtube permet de se rendre compte que la vidéo a été téléchargée pour la première fois en 2013, soit bien avant l'épidémie de coronavirus qui a démarré au printemps 2020 et les mesures prises par les autorités italiennes pour tenter d'endiguer la pandémie. Une recherche sur le site internet d'"Il Fatto Quotidiano" permet également de retrouver un article portant sur une manifestation organisée dans la ville de Bologne en 2013, ainsi qu'une vidéo dans laquelle apparaît l'extrait relayé ces derniers jours sur les réseaux sociaux. On peut également y voir des policiers visés par des objets et des grenades fumigènes.Le quotidien italien "La Repubblica" s'est également fait l'écho de cette manifestation du 15 février 2013, ici et ici. Selon les deux médias, la vidéo a été prise en marge d'une manifestation étudiante contre les banque italiennes, au cours de laquelle des affiches électorales ont été saccagées et le siège de deux partis italiens pris pour cibles. Des oeufs ont également été jetés contre des établissements bancaires et contre des policiers.Selon "La Repubblica" et "Il Fatto Quotidiano", la colère du policier, immortalisée dans la vidéo, éclate après une attaque des manifestants. "Moi et mes hommes sommes la cible de ces attaques", déclare-t-il selon la traduction de ses propos par un journaliste du bureau de l'AFP en Italie. "C'était bien de manifester" mais il faut "le faire avec respect."Contrairement à ce qu'affirment les légendes accompagnant la vidéo sur les réseaux sociaux ces derniers jours, le policier ne s'en prend donc pas au gouvernement, mais à l'attitude de certains manifestants. La manifestation n'a quant à elle rien à voir avec l'instauration du "passeport vert" obligatoire depuis le 15 octobre en Italie, contrairement à ce que peuvent le laisser penser les mots-clefs "#nogreenpass". Instauré en août en Italie pour les musées, les événements sportifs et les repas à l'intérieur des restaurants, le pass sanitaire comporte soit un certificat de vaccination, soit la preuve d'une guérison après avoir contracté le Covid-19, soit un test négatif. Le chef du gouvernement Mario Draghi avait annoncé en septembre son extension à partir du 15 octobre à tous les lieux de travail et prévenu que les employés qui refuseraient de s'y soumettre seraient passibles d'une suspension de salaire. Ce "passeport sanitaire" a fait descendre dans les rues ces dernières semaines plusieurs milliers de personnes dans le cadre de manifestations parfois émaillées de violences. Premier pays européen à avoir été durement touché par l’épidémie, l’Italie a payé un lourd tribut avec plus de 130.000 morts.
(fr)
|