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Il y a “plus de blessures et de décès liés aux vaccins” que d’hospitalisations et de morts causées par le Covid-19 aux Etats-Unis, affirme le professeur américain Peter A. McCullough dans un extrait vidéo largement partagé sur Facebook. C’est faux : les chiffres officiels de pharmacovigilance sur lesquels il se fonde ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre les décès rapportés et les vaccins. De plus, le nombre total de décès et d’hospitalisations liés au Covid est supérieur au nombre de décès et de cas d’effets secondaires signalés après la vaccination aux Etats-Unis.Il y aurait “PLUS de morts et de blessés des piqûres” liées aux vaccinsque du Covid-19 aux Etats-Unis, avance une publication Facebook partagée plus de 2 800 fois depuis le 7 juillet. Elle relaie un extrait vidéo d’un peu plus de deux minutes, dans lequel intervient le Dr. Peter A. McCullough. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 09.07.2021Un séminaire de l'IHU Méditerranée InfectionL’extrait provient de la vidéo d'un "séminaire" d’une vingtaine de minutes, publiée le 5 juillet sur la chaîne YouTube de l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille dirigé par Didier Raoult, qui enregistre plus de 63 000 visionnages le 9 juillet.Peter McCullough, un cardiologue américain du Baylor University Medical Center au Texas, commence par vanter l’utilisation d’un “traitement ambulatoire précoce” à base de plusieurs médicaments dont l’hydroxychloroquine ou l’ivermectine pour prévenir du Covid, semblable à celui relayé par plusieurs collectifs de médecins français et par la députée Martine Wonner et dont l’efficacité n’a cependant pas encore été scientifiquement prouvée.A la fin de son intervention, il épingle la “sécurité des vaccins”. En avril déjà, le médecin américain avait affirmé qu'il n'existe aucune "justification scientifique" pour vacciner les moins de 50 ans et les patients guéris du Covid, ce qui avait été démenti par plusieurs experts auprès de l'AFP.Dans son séminaire, il va plus loin en affirmant que les vaccins contre le Covid-19 posent un “problème de mortalité” aux Etats-Unis. Pour illustrer son propos, il met en avant des captures d’écran issues du site indépendant “openVAERS”, qui propose des visualisations à partir des données du fichier officiel de recensement des déclarations d’effets secondaires liés aux vaccins aux Etats-Unis, nommé VAERS (pour Vaccine Adverse Events Reporting System), et des graphiques réalisés à partir de ces données.Pas de lien établi entre les décès rapportés et les injections Peter McCullough prétend qu’il y a eu “un pic de mortalité dû aux vaccins, arrivé avec le vaccin contre le Covid-19”. Pourtant, comme on peut le lire sur le titre de son graphique, celui-ci ne montre pas les “morts liés aux vaccins”, mais les décès enregistrés dans le fichier VAERS. Capture d'écran YouTube, réalisée le 09.07.2021Si ces signalements sont effectivement plus nombreux depuis la mise sur le marché des vaccins contre le Covid-19 qu'au cours des décennies précédentes, comme l’explique cet article de vérification de l’AFP en anglais, cela ne permet pas d’établir que le “le vaccin joue un rôle dans ces décès” comme l’avance le professeur McCullough dans sa vidéo.Car le guide d’interprétation des données sur le site des relevés VAERS précise que tout décès rapporté n’est pas forcément causé par l’injection du vaccin : “les rapports VAERS ne peuvent pas être utilisés seuls pour déterminer si un vaccin a causé ou contribué à un événement indésirable ou une maladie.” Des données parfois "incomplètes, inexactes, fortuites et non vérifiées"Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), qui forment la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique, détaillent ces “considérations et limites clés” à prendre en compte lors de l’analyse des données VAERS. L'agence indique que “les fournisseurs de vaccins sont encouragés à signaler tout problème de santé cliniquement significatif survenu après une vaccination, qu'ils pensent ou non que le vaccin en est la cause". Ainsi, "les rapports peuvent contenir des informations incomplètes, inexactes, fortuites et non vérifiées." Tout Américain peut en effet soumettre un rapport établissant des effets secondaires liés à un vaccin.Les CDC concluent que "le nombre de rapports ne peut à lui seul être interprété ou utilisé pour tirer des conclusions sur l'existence, la gravité, la fréquence ou les taux de problèmes associés aux vaccins. Les données du VAERS ne représentent pas toutes les informations connues sur la sécurité d'un vaccin et doivent être interprétées dans le contexte d'autres informations scientifiques.”D’autres publications sur les réseaux sociaux assimilant le nombre de décès enregistrés par le fichier de pharmacovigilance américains au nombre de morts du vaccins avaient par ailleurs circulé en avril 2021 aux Etats-Unis.Plus de décès et d'hospitalisations liées au Covid que de signalements En plus d'enregistrer les déclarations de décès survenus après l’injection de vaccins, la base VAERS recueille ainsi tous les signalements de problèmes médicaux. C’est à partir du total de ces données que Peter McCullough avance qu’il y a "plus de blessures et de décès liés aux vaccins que des hospitalisations et morts dues à l’infection respiratoire aux Etats-Unis : le vaccin crée plus de dommages que le problème initial”.Les chiffres qu’il met en avant, plus de 358.000 rapports envoyés au dossier VAERS à date du 11 juin, ne signifient pas que 358.000 américains ont souffert de problèmes médicaux liés à leur injection.Par ailleurs, selon les derniers chiffres affichés sur le site des CDC, plus de 2.305.371 hospitalisations liées au Covid ont eu lieu aux Etats-Unis depuis août 2020. Les décès enregistrés suite à la maladie ont eux dépassé la barre des 607.000, à date du 11 juillet 2021. Nombre de morts du Covid-19 au 11 juillet 2021 aux Etats-Unis ( AFP / )Selon Anthony Fauci, immunologue et conseiller des présidents américains Donald Trump puis Joe Biden pour organiser la réponse contre le Covid-19, "99,2% des Américains morts du Covid en juin n'étaient pas vaccinés". Dans le pays, 55% de la population a reçu au moins une injection, et 47%, soient plus de 158 millions d'Américains, sont totalement vaccinés d'après les derniers chiffres du CDC.En France, le 9 juillet, le professeur Didier Raoult, directeur de l'IHU Méditerranée Infection, s’est prononcé dans un tweet en faveur de la “vaccination systématique des personnels soignants, avec les vaccins recommandés pour leur classe d'âge”.Au vu des enjeux de l'épidémie actuelle, je suis favorable à la vaccination systématique des personnels soignants, avec les vaccins recommandés pour leur classe d'âge. J'encourage donc tous mes collègues à se rapprocher de leur centre de vaccination. — Didier Raoult (@raoult_didier) July 9, 2021 Des "enquêtes" pour déterminer des possibles liens avec la vaccinationD'après les données des CDC, plus de 331 million de doses de vaccin ont été administrées aux Etats-Unis depuis décembre 2020. Trois vaccins sont actuellement autorisés aux Etats-Unis : celui de Pfizer - BioNTech, celui de Moderna, et celui de Johnson & Johnson, Janssen.Le vaccin d'AstraZeneca, soupçonné d'être à l'origine de très rares cas de thromboses (caillots sanguins) atypiques pouvant causer des décès en Europe, n'est, le 11 juillet 2021, pas autorisé aux Etats-Unis.L'agence de santé américaine précise sur son site que les vaccins autorisés sont "sûrs et efficaces", mais admet que certains "événements indésirables rares peuvent survenir" après la vaccination.Parmi eux, des risques "rares" de thromboses atypiques après la vaccination avec Janssen de Johnson & Johnson. Au 6 juillet 2021, plus de 12,6 millions de doses de ce vaccin ont été administrées aux Etats-Unis, et les autorités de santé ont identifié 38 rapports de thromboses post-injection. L'agence de santé mentionne sur son site une "relation de causalité plausible" entre ces signalements et le vaccin.Elle fait aussi part de cas d'anaphylaxie, des réactions allergiques graves pouvant être dues au vaccins. Ceux-ci sont "rares" et concernent "environ 2 à 5 personnes par million de vaccinés aux Etats-Unis".Au 6 juillet, 971 cas de myocardites et de péricardite post-vaccination ont aussi été rapportés dans le fichier VAERS "chez des personnes âgées de 30 ans ou moins ayant reçu le vaccin contre le Covid-19". Parmi ces signalements "rares", les agences de santé américaines ont confirmé 594 rapports de myocardite ou de péricardite. "Le CDC et ses partenaires enquêtent sur ces rapports afin de déterminer s'il existe un lien avec la vaccination", détaille le site de l'agence.Le 12 juillet 2021, l'Agence américaine du médicament (FDA) a aussi mis en garde contre un "risque accru" de développer le syndrome de Guillain-Barré, une rare atteinte neurologique, associé avec le vaccin de Johnson & Johnson. Sur près de 12,5 millions de doses de ce vaccin administrées, les autorités sanitaires ont identifié 100 cas rapportés, dont 95 personnes gravement malades et un décès. La FDA a toutefois renouvelé sa confiance en la vaccination, assurant qu'elle "continuait à trouver que les bénéfices (du vaccin) l'emportaient clairement sur les risques potentiels".13 juillet 2021 Ajout de la mise en garde de la FDA sur le syndrome de Guillain-Barré et le vaccin Johnson & Johnson le 13 juillet 2021.
(fr)
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