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  • 2021-08-03 (xsd:date)
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  • Non, l'armée centrafricaine n'a pas intercepté un convoi de l'ONU transportant des "mercenaires" (fr)
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  • Des publications partagées plus de 1.700 fois depuis le 28 juillet affirment qu'un convoi de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) a été arrêté par les autorités centrafricaines à Bangui, avec "plus de 100 mercenaires" à son bord, dont "des Français". Une rumeur fermement démentie par la Minusca et par une source diplomatique, qui assure que les faits rapportés sur les réseaux sociaux sont "totalement faux"."ALERT RCA [sic]", avertissent plusieurs publications sur Facebook: "LES FORCES DE DÉFENSE NATIONALE [centrafricaines] ARRÊTENT UN CONVOI DE LA MINUSCA À BANGUI". Selon ces messages, illustrés par deux photos de voitures siglées "UN" (le sigle des Nations unies en anglais) autour desquelles figurent des hommes en armes, ce convoi aurait été appréhendé le 27 juillet au soir "dans le 5e arrondissement de la capitale" centrafricaine.Il était "composé de 5 camions porte-conteneurs" ainsi que d'un "char blindé" et transportait "plus de 100 mercenaires", poursuivent les publications, qui assurent que "des Français" figurent parmi les personnes interceptées. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 3 août 2021Ces publications ont été partagées plus de 1.700 fois depuis le 28 juillet sur Facebook, principalement par des pages centrafricaines (1, 2, 3, 4, 5...). Une rumeur infondéePourtant, ces informations sont erronées: aucun convoi de la Minusca - de surcroît contenant des mercenaires - n'a été arrêté à Bangui. Au lendemain des premières publications relayant ces allégations, la Mission onusienne a en effet publié un communiqué dans lequel elle "dément formellement avoir transporté des individus avec des armes dans ses véhicules"."Une certaine presse locale et des médias sociaux font circuler la rumeur comme quoi la MINUSCA  a transporté dans la nuit du 26 au 27 juillet 2021 à Bangui dans le quartier Pk5 et à Bambari, des individus habillés en civils avec des armes dans leurs véhicules", relate le communiqué. Il s'agit d'une "fausse information qui vise à ternir son image et à la détourner de ses objectifs qui sont de protéger les populations", poursuit-il.Sollicité par l'AFP, un coordonnateur de la Minusca a confirmé par email qu'aucun convoi n'avait été intercepté avec des mercenaires à son bord. Une source diplomatique à Paris, sollicitée par l'AFP en raison de l'hypothétique présence de Français parmi ces "mercenaires", a elle aussi apporté un ferme démenti à ces rumeurs: tout cela "est totalement faux", a-t-elle déclaré.Contactée, la Gendarmerie nationale centrafricaine n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette affaire. Mais aucun média centrafricain ou international n'a évoqué cette prétendue arrestation, sur laquelle les autorités centrafricaines n'ont par non plus communiqué.Ces derniers mois, le gouvernement centrafricain n'a pourtant pas hésité à communiquer sur des arrestations de ressortissants étrangers, et notamment français, sur son territoire. Cela a notamment été le cas lors de l'interpellation largement médiatisée d'un homme de 55 ans de nationalité française, présenté sur les réseaux sociaux comme un "mercenaire".Des influences russes?Parmi les pages Facebook ayant partagé la rumeur concernant la Minusca, certaines affichent une affiliation marquée à la Russie: c'est le cas pour cette publication partagée près de 700 fois en quelques jours, figurant sur la page "L'Afrique soutient Vladimir Poutine". Créée en 2014, elle est domiciliée en Russie et administrée par au moins un compte localisé en France, comme l'indique l'outil de mesure d'audience CrowdTangle.  Capture d'écran de Crowdtangle, réalisée le 3 août 2021La publication virale se retrouve aussi dans un groupe créé en février 2015 comptant plus de 48.000 membres, du nom de "Vladimir Poutine Power". L'administrateur de cette page est lui domicilié en Côte d'Ivoire, selon son profil Facebook. L'utilisateur qui a partagé la publication dans ce groupe public, du nom de Bloom Téransky Maruis, l'a également postée dans un autre groupe nommé "Cercle de Réflexion pour l'essor de la Centrafrique". Ce dernier groupe avait été identifié par Facebook en décembre 2020 comme étant partie prenante d'une guerre de désinformation entre Paris et Moscou en Centrafrique.  Capture d'écran du site de Facebook, réalisée le 3 août 2021L'entreprise américaine avait étayé ce scénario en supprimant publiquement trois réseaux de "trolls" gérés à partir de la Russie et de la France, dont un ayant des connexions avec l'armée française, tous accusés de mener des opérations d'ingérence en Afrique. Au total, 84 comptes, 6 pages et 9 groupes Facebook avaient alors été désactivées pour "comportement inauthentique coordonné" - à savoir le fait que "des groupes, des pages ou des individus se coordonnent dans le but de volontairement tromper les autres utilisateurs sur leur identité ou leurs activités".Influence croissante de la Russie en CentrafriqueLa Centrafrique, deuxième pays le plus pauvre du monde selon l'ONU, est ravagée depuis 2013 par une guerre civile qui a néanmoins considérablement baissé en intensité depuis 2018.Les forces gouvernementales ont réussi depuis fin décembre 2020 à reprendre aux rebelles les agglomérations et une bonne partie des deux tiers du pays qu'ils contrôlaient depuis plusieurs années, essentiellement grâce au renfort de soldats rwandais et à la présence de centaines de paramilitaires russes combattant à leurs côtés.A la demande de Bangui, la Russie a commencé en 2018 à déployer ces paramilitaires, notamment pour former l'armée centrafricaine et assurer la sécurité rapprochée du président Faustin Archange Touadéra. Leurs effectifs ont été renforcés fin 2020 pour venir à la rescousse d'une armée très démunie face à l'offensive lancée par les rebelles pour faire échec à la réélection de M. Touadéra.  Le président russe Vladimir Poutine accueille le président de Centrafrique, Faustin Archangel Touadéra, lors de la cérémonie de bienvenue officielle pour les chefs d'Etats et de gouvernements des Etats participant au sommet russo-africain à Sochi, le 23 octobre 2019. ( POOL / SERGEI CHIRIKOV)Le 1er juillet, la diplomatie russe  a annoncé à l'AFP qu'un total de 600 instructeurs russes devant former les forces centrafricaines étaient arrivés récemment à Bangui, portant à 1.135 le nombre d'experts militaires officiellement déployés en Centrafrique. La Russie, qui avait précédemment dit que 535 instructeurs étaient sur place, assure qu'aucun des 1.135 hommes "ne prend part directement aux opérations de combats contre les groupes armés illégaux" et qu'ils agissent en fonction des "besoins des autorités officielles de RCA".Cette annonce est intervenue quelques jours après un rapport annuel d'experts de l'ONU contredisant Moscou. Selon ce rapport, des instructeurs russes en Centrafrique ont commis avec l'armée centrafricaine "des violations du droit humanitaire international". Ils seraient en outre jusqu'à 2.100 sur le terrain. De nombreux témoignages dans de multiples lieux de Centrafrique font état de la participation de Russes dans des affrontements mais aussi dans des crimes.D'après les experts onusiens, des soldats centrafricains et des Russes ont notamment commis des "assassinats aveugles, des occupations d'écoles et des pillages à grande échelle y compris d'organisations humanitaires". L'émissaire de l'ONU en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, avait lui déjà dénoncé en juin le comportement des forces nationales centrafricaines et de leurs alliés russes.Ces derniers sont souvent présentés comme étant des paramilitaires du groupe privé Wagner, réputé être dirigé par un proche du président Vladimir Poutine. Cette organisation opaque, dont Moscou nie l'existence, serait composés de vétérans fidèles au pouvoir russe et chargés de missions sensibles, là où la Russie ne veut pas apparaître de manière trop officielle. Photo prise le 3 février 2021 d'un camion appartenant au société militaire de sécurité privée dans la base pillée de l'armée centrafricaine à Bangassou, attaquée le 3 janvier 2021 par des groupes rebelles. ( AFP / ALEXIS HUGUET)Le Kremlin rejette l'ensemble de ces accusations mais n'a jamais non plus précisé qui sont ces hommes et de quelles institutions ils dépendent. Le déploiement d'instructeurs s'inscrit dans une vaste offensive diplomatique et financière lancée par Moscou dans cette ancienne colonie française plongée dans la guerre civile. (fr)
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