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  • 2022-05-24 (xsd:date)
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  • Une "épidémie de stérilité" en France due aux vaccins ? Les affirmations infondées de Christian Perronne (fr)
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  • Les vaccins anti-Covid rendraient stériles ? C'est ce qu'a déclaré Christian Perronne, dans une vidéo relayée sur Twitter depuis début mai, reprenant une allégation récurrente depuis l'an dernier. Régulièrement épinglé pour ses propos infondés sur le Covid, le médecin a dénoncé une supposée "épidémie de stérilité chez les femmes de 30 ans vaccinées". Plusieurs spécialistes interrogés par l'AFP ainsi que la Direction générale de la santé rappellent que les études actuelles sur le sujet contredisent ces déclarations : les vaccins n'entraînent pas de stérilité chez les vaccinés. Une "épidémie" de stérilité liée aux vaccins chez les femmes : le mot est lâché le 30 avril dernier par le professeur Christian Perronne au cours d'une conférence tenue à Marseille. L'ancien chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, était invité par une association pour présenter sa vision de la crise sanitaire. Il a été démis de ses fonctions de chef de service fin 2020 suite à une série de propos infondés sur le Covid et en particulier sa prise en charge par les médecins.Au cours de cette conférence filmée d'une heure et demie, le médecin a notamment déclaré observer actuellement une "épidémie de stérilité chez les femmes de 30 ans vaccinées". Il cite à l'appui des témoignages de femmes recensées par le collectif "Où est mon cycle". Elles affirment notamment que leur cycle menstruel aurait été fortement perturbé par le vaccin. Selon Christian Perronne, ces problèmes de stérilité toucheraient aussi les hommes : "J’ai plusieurs témoignages d’hommes qui ont été inoculés [sic] qui ont eu des douleurs testiculaires, alors on ne sait pas encore s’ils sont stériles ou pas, on verra". L'épidémie aurait même été reconnue par le gouvernement, poursuit-il, sous-entendant aussi que ce dernier aurait toutefois choisi de cacher la responsabilité des vaccins. "Ce qui m'inquiète beaucoup, c'est que le ministère, réalisant ça, a fait un communiqué récent disant : 'Attendez vous à une épidémie de stérilité en France, mais c'est dû au covid !' (...) C'est très curieux ces alertes", s'interroge-t-il. Relayée par plusieurs sites internet comme Planètes360, le Média en 4-4-2 ou Egalité et Réconciliation, la séquence a été partagée plusieurs milliers de fois sur Twitter, suscitant des commentaires inquiets de nombreux internautes. ( Nathan GALLO)Pas d'alerte à l'épidémieCes propos sont toutefois infondés : les données scientifiques actuelles n'indiquent pas à ce jour de risque de stérilité chez les patients vaccinés, femmes et hommes. Il existe un consensus à ce sujet au sein des sociétés savantes et chez les spécialistes des questions de fertilité, comme l'ont expliqué deux experts issus du Collège des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et du Groupe de Recherche sur les infections lors de la grossesse (GRIG). Ces déclarations sur les supposés problèmes de fertilité chez les vaccinés ont par ailleurs déjà fait l'objet de plusieurs vérifications de la part de l'AFP depuis le début de la crise sanitaire (comme ici ou ici).De son côté, le ministère de la Santé a indiqué à l'AFP n'avoir jamais reconnu d'épidémie de stérilité ces derniers mois. "Le ministère n'a communiqué ou relayé aucune information sur une 'épidémie de stérilité' liée à la vaccination", a expliqué à l'AFP la Direction générale de la Santé le 19 mai. "A ce jour, les données disponibles sur un éventuel effet secondaire des vaccins anti-covid sur le fertilité sont tout à fait rassurantes", précise-t-elle.Un constat partagé par le milieu des gynécologues obstétriciens, qui dénonce fermement les propos du médecin. "C'est faux, il n'y a pas d'épidémie d'infertilité liée au vaccin. Les études sont formelles", explique Joëlle Belaisch-Allart, présidente du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français (CNGOF) à l'AFP le 19 mai. "Les centres de fécondation in vitro (FIV) ne sont pas submergés de couples infertiles depuis qu'il y a l'épidémie et le vaccin. Aucune société savante n'a alerté là-dessus", confirme Olivier Picone, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Louis-Mourier et président du Groupe de Recherche sur les Infections pendant la Grossesse (GRIG) à l'AFP le 17 mai. "Il n'existe aucun argument aujourd'hui pour penser que le vaccin rend infertile".Pas d'altération de la fertilitéEn janvier 2022, la revue scientifique Human Reproduction a fait un état des lieux sur la recherche à ce sujet, et a conclu que les premiers résultats de l'ensemble des études indiquaient "unanimement que la vaccination n'aura pas d'effet néfaste mesurable sur le système reproducteur féminin ou masculin".Une nouvelle étude prospective américaine menée auprès de plus de 2100 femmes et leur conjoint souhaitant avoir un enfant, et publiée en janvier dernier dans l'American Journal of Epidemiology a aussi confirmé que "la vaccination par le Covid-19 n'altère pas la fertilité des deux partenaires". Chez les femmes, plusieurs travaux ont par ailleurs conclu que les vaccins n'avaient pas d'effet, tant sur la réserve d'ovules que lors de la grossesse. Chez les hommes, plusieurs études récentes sont arrivées à des résultats "rassurants" qui ne montraient "aucun changement significatif" dans le sperme des patients vaccinés. Quant aux autres vaccins, "à ce jour, il n'existe aucune donnée sur d'autres vaccins qui auraient un lien avec des troubles de la reproduction ni aucune hypothèse scientifique antérieure en faveur d’un lien entre ces deux points", indique l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans sa rubrique d'information sur la crise, Canal Détox. Infographie sur les principaux types de vaccins existants pour lutter contre un virus ( AFP / John SAEKI)Chez les femmes enceintes vaccinées, un risque moins élevé de complications en cas d'infectionLes femmes, enceintes ou non, comme les hommes ne risquent donc pas de souffrir d'infertilité, voire de stérilité avec la vaccination contre le coronavirus. Mais quel que soit le genre, les patients non-vaccinés peuvent au contraire subir des formes d'infertilité en cas d'infection au Covid-19. D'où des appels constants des différentes institutions à se faire vacciner, notamment pour les femmes enceintes.Dans un communiqué commun de novembre 2021, le GRIG et le CNGOF ont rappelé l'importance pour les femmes enceintes de se faire vacciner, sur la base d'études prouvant que les femmes enceintes vaccinées seront plus de trois fois moins infectées et bénéficieront d'une meilleure protection par rapport aux formes graves pour elle et son enfant : "par rapport à une femme enceinte non infectée, il y a un risque multiplié par 18 d'admission en soins intensifs, par 2,8 de perte foetale, par 5 d'admission du nouveau-né en soins intensifs", mentionnent les deux instances."Oui, le Covid perturbe la fertilité", indique Joëlle Belaisch Allart, qui énonce par ailleurs que les hommes sont aussi concernés par ces symptômes du fait de l'inflammation liée à l'infection. "Lorsqu'on a une infection, quelle qu'elle soit, avec de la fièvre, cela détruit ou altère le sperme – car les testicules n'aiment pas la chaleur", ajoute Olivier Picone. Une perturbation toutefois "momentanée", qui ne dure que quelques semaines. Une femme enceinte se fait vacciner contre le Covid-19 à Tegucigalpa au Honduras le 9 août 2021. Derrière, une affiche indique : "Vaccin contre le Covid-19 pendant la grossesse". ( AFP / Orlando SIERRA)Une perturbation du cycle menstruel liée au vaccin ? Qu'en est-il toutefois de la perturbation du cycle menstruel chez les femmes ? De nombreux témoignages, recensés en partie par le collectif Où est mon cycle font état d'effets secondaires "qui pourraient être dus à la V [vaccination, NDLR] contre le Covid-19", selon le compte Twitter du groupe. L’étude des troubles des cycles menstruels est complexe, notamment parce qu’ils peuvent être de nature variée et être dus à une multitude de facteurs très différents, comme expliqué par exemple ici ou là.De plus, comme expliqué par exemple dans cet article du Monde en 2019, les problèmes de santé liés aux règles sont mal connus car peu étudiés par la recherche scientifique. Cette dépêche de l’AFP de mars 2022 revient de façon large sur les stéréotypes de genre dont pâtit la santé des femmes."Les règles sont un mécanisme hormonal très complexe, et il suffit d’avoir parfois une inflammation ou une infection", décrit Olivier Picone. "Quand on a le Covid ou le vaccin, on a une réaction inflammatoire qui peut avoir un impact sur les règles. Mais cela a l’air d’être, selon les études, assez rare et sans conséquence sur la fertilité, même s’il y a des patientes qui se sont plaintes et qu’il faut écouter". "Les grandes études semblent montrer une perturbation d'un jour des cycles menstruels", souligne pour sa part Joëlle Belaisch Allart.Les gynécologues-obstétriciens s'appuient notamment sur une étude américaine, qui a observé que la vaccination contre le Covid-19 pouvait provoquer un "petit changement de la durée du cycle, mais pas de la durée des règles".Juste après avoir reçu un vaccin contre le Covid-19, le cycle menstruel des femmes est rallongé de moins d'une journée en moyenne, un effet non grave et qui apparaît comme temporaire. Des résultats "très rassurants", selon Alison Edelman, auteure principale de l'étude et professeure d'obstétrique et de gynécologie à l'Oregon Health & Science University à l'AFP en janvier dernier. Comme le rappelle la Fédération internationale de gynécologie et d'obstétrique, tout changement de durée inférieur à huit jours est classé comme normal. Plusieurs agences de santé ont continué d'analyser les cas rapportés de troubles du cycle menstruel chez des personnes vaccinées avec des vaccins à ARN messager. Le 28 octobre 2022, le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (AEM) a décidé d’ajouter comme effet secondaire possible des vaccins à ARN messager les "les saignements menstruels abondants" (c’est-à-dire un flux menstruel considéré comme trop abondant et/ou trop long), est-il expliqué dans ce communiqué."Après analyse des données, le Comité a conclu qu’il y a au moins une possibilité raisonnable que la survenue d’un saignement menstruel abondant ait un lien causal avec ces vaccins", indique l’AEM, qui précise que "la plupart des cas apparaissaient comme non-graves et de nature temporaires".L’AEM souligne également qu’il n’y pas d’éléments probants qui "suggèreraient que les troubles menstruels vécus par certaines personnes aient un impact sur la reproduction et la fertilité" et répète que "la totalité des données disponibles confirme que les bénéfices de ces vaccins sont, de loin, plus importants que les risques".Une étude américaine publiée dans le British Medical Journal publiée fin septembre 2022 (menée par la même équipe américaine que celle publiée en avril 2022) et portant sur 20.000 personnes, estime que "la vaccination contre le Covid-19 est associée à une petite modification, et vraisemblablement temporaire, dans la durée des cycles mais pas de celle des règles".L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) se fait l’écho de la décision de l’AEM ici et fournit des éléments supplémentaires pour la France.La dépêche AFP sur le sujet est lisible là.Un nombre croissant d'infertilité en France, liée notamment à des évolutions sociologiquesSi le vaccin n'a pas provoqué d'"épidémie de stérilité", beaucoup de spécialistes se disent préoccupés par l'augmentation régulière de l'infertilité en France depuis 20 ans. Un rapport ministériel publié en février 2022 a souligné que 3,3 millions de personnes sont actuellement touchées en France, "soit environ 1 couple sur 4"."En France comme dans l'ensemble des pays industrialisés, la hausse de l’infertilité résulte tout d'abord du recul de l'âge à la maternité. En quatre décennies, cet âge a augmenté de cinq ans", explique le rapport, qui rappelle que la fertilité décline progressivement à partir de 30 ans.Des facteurs environnementaux sont également pointés du doigt, tout comme de potentielles causes médicales, comme l'endométriose chez la femme ou la varicocèle chez l'homme. Mais rien qui ne soit lié aux vaccins contre le Covid-19.2 novembre 2022 Ajoute décision d'octobre 2022 de l'AEM d'ajouter "les saignements menstruels abondants" comme effet secondaire possible des vaccins à ARN, détails et contexte (fr)
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