PropertyValue
?:author
?:datePublished
  • 2021-05-04 (xsd:date)
?:headline
  • Attention à ces publications trompeuses sur les vaccins anti-Covid et le don du sang (fr)
?:inLanguage
?:itemReviewed
?:reviewBody
  • Des publications virales sur Facebook soutiennent que la Croix-Rouge japonaise a demandé aux personnes vaccinées contre le Covid-19 de ne plus donner leur sang et affirment par ailleurs que la Chine a appelé à "suspendre la vaccination Pfizer", laissant entendre que ces injections seraient néfastes pour la santé. En réalité, la Croix-Rouge nipponne a seulement suspendu quelques semaines ces dons du sang et les acceptera à nouveau à partir de la mi-mai, selon les documents officiels consultés par l'AFP. Pékin n'a par ailleurs pas demandé la suspension d'un vaccin qui n'est pas autorisé sur son territoire.La nouvelle devrait "nous mettre la puce à l'oreille", clame cette publication: la Croix-Rouge japonaise aurait demandé aux personnes vaccinées contre le Covid-19 de ne plus donner leur sang. Relayée plus de 2.000 fois dans plusieurs publications depuis le 28 mars, l'affirmation a trouvé un fort écho sur Facebook auprès d'internautes convaincus des méfaits des vaccins anti-Covid, notamment ceux utilisant l'ARN messager (Pfizer-BioNTech et Moderna).  Capture d'écran FacebookUtilisée pour la première fois pour un vaccin sur l'homme, cette technologie prometteuse dans la lutte contre le cancer, alimente la défiance des opposants à la vaccination qui l'accusent notamment d'induire une modification de l'ADN, une infox déjà démontée par l'AFP.Plus généralement, ces internautes considèrent les vaccins anti-Covid développés en Occident --y compris ceux à vecteur viral (AstraZeneca, Johnson&Johnson)-- comme des expérimentations médicales même s'ils ont été approuvés par les autorités sanitaires en Europe ou aux Etats-Unis. L'interdiction faite aux personnes vaccinées au Japon serait, pour ces internautes, une nouvelle preuve de la nocivité de ces vaccins, qui représentent toutefois, selon les autorités sanitaires, le moyen le plus sûr et le plus efficace pour freiner la pandémie qui a fait plus de 3,2 millions de morts sur le globe.Ces publications sont toutefois trompeuses. La Croix-Rouge japonaise a certes annoncé le 22 février qu'elle n'accepterait pas de don du sang de personnes vaccinées contre le Covid tant que les autorités n'auront pas statué sur le sujet, selon un communiqué en japonais qui nous a été traduit par un des journalistes japonais de l'AFP en poste à Tokyo. Mais il s'agissait d'une mesure provisoire.Deux mois plus tard, le 28 avril, elle a ainsi fait savoir qu'elle accepterait de nouveau, à partir du 14 mai, de recevoir les dons du sang de personnes vaccinées contre le nouveau coronavirus à condition d'attendre quarante-huit heures après l'injection, indique un deuxième communiqué également en japonais, qui n'est pourtant mentionné dans aucune des publications que nous examinons.Il faut également se pencher sur le contexte dans lequel la suspension provisoire avait été annoncée le 22 février. Cinq jours auparavant, le Japon avait lancé sa campagne de vaccination avec environ deux mois de retard par rapport à de nombreux pays occidentaux comme la France (fin décembre), les Etats-Unis (mi-décembre) ou le Royaume-Uni (début décembre).A ce jour, seul le vaccin Pfizer-BioNtech a par ailleurs été autorisé dans l'archipel qui a décrété, fin avril, un nouvel état d'urgence à Tokyo et dans trois autres départements dans l'espoir de contrer une vive recrudescence locale du coronavirus.Comme l'expliquait cet article de l'AFP, le Japon avance systématiquement à pas comptés sur les questions sanitaires. Avant de mettre sur le marché un vaccin ou un médicament, le pays impose ainsi des essais cliniques supplémentaires sur son territoire même si le produit a déjà été validé par des études cliniques ailleurs dans le monde. Au Japon, qui doit accueillir les Jeux olympiques cet été dans sa capitale, à peine 2% de la population avait reçu une première dose de vaccin au 28 avril, contre près de 45% aux Etats-Unis ou environ 23% en France, selon la base de données compilées par l'AFP. Opération de vaccination contre le Covid-19 à Hachioji, dans la préfecture de Tokyo, le 12 avril.Ce décalage se retrouve dans l'approche vis-à-vis des dons du sang venant de personnes vaccinées contre le Covid.Au moment où la Croix-Rouge japonaise faisait sa première annonce en février, son homologue américaine avait déjà autorisé les personnes vaccinées contre le Covid à donner leur sang sans avoir à observer le moindre délai, selon ce communiqué du 24 février.Et en France, le Haut Conseil de la santé publique a recommandé, dès le 2 février, "qu'aucune exclusion, même très provisoire, ne soit effectuée pour un don de sang" venant de personnes vaccinées contre le Covid-19."Ces vaccins, bien que nouveaux à la fois de par leur mode d'action et leur mise très récente sur le marché, ne peuvent être susceptibles de contenir un quelconque élément potentiellement dangereux pour un receveur de produits du corps humain provenant d'un donneur récemment vacciné", concluait cette instance dans un avis de 18 pages dédié à cette question.Ces recommandations ont été, depuis, mises en oeuvre par l'Etablissement français du sang (EFS) qui accepte --sans aucun délai-- les dons des personnes vaccinées contre le Covid avec les vaccins homologués en France."Dans la grande majorité des cas, il est possible de donner son sang après une injection de vaccin contre la Covid-19, sans aucun délai d'ajournement à respecter. Il n'y a que dans les cas de vaccination en dehors de l'UE ou dans le cadre d'un essai vaccinal qu'il faudra respecter un délai de 28 jours avant de donner son sang", écrit sur son site internet cet établissement créé en janvier 2000, opérateur civil unique de la transfusion sanguine en France.Il existe bien, au Japon comme en France,  des contre-indications s'agissant de dons du sang venant de personne ayant reçu des vaccins dits "vivants atténués". "Ils contiennent une forme très atténuée du virus qui pourrait être transmise via la transfusion à un receveur et déclencher la maladie si l'état de santé de ce dernier n'était pas très bon", explique le docteur Pascal Morel, responsable des produits sanguins labiles à l'EFS, joint le 3 mai par l'AFP.Ainsi, en France, il faut attendre quatre semaines après une injection contre la fièvre jaune ou la rougeole pour pouvoir donner son sang. Le même délai est en vigueur au Japon.De telles précautions ne sont pas appliquées s'agissant des vaccins à ARN messager ou à adénovirus utilisés contre le Covid parce qu'aucun d'entre eux ne contient la moindre forme - même atténuée - du SARS-CoV-2 contre lequel ils offrent une protection.La technique de l'ARN messager consiste ainsi à envoyer dans l'organisme des brins d'instructions génétiques qui indiquent à nos cellules ce qu'il faut fabriquer pour se protéger. Celle du "vecteur viral" prend comme support un type de virus très courant appelé adénovirus, qui a été modifié pour transporter dans l'organisme des informations génétiques permettant de combattre le Covid. "Ces nouvelles approches sont bien moins dangereuses pour l'homme que des virus vivants comme on faisait autrefois et surtout ont la capacité de mieux mettre en évidence la cible contre laquelle on veut se protéger", affirme le Dr Morel.Malgré le feu vert des autorités européennes et de l'OMS, les vaccins à adénovirus font toutefois l'objet d'une surveillance accrue en raison de soupçons qu'ils puissent être à l'origine d'un type très rare de caillots sanguins. Le Danemark l'a proscrit le 3 mai sur son territoire, estimant que les risques l'emportaient sur ses bienfaits. Le Canada a recommandé d'en limiter l'usage aux plus de 30 ans.La Chine et la "vaccination Pfizer"Les différentes publications que nous examinons relayent une autre affirmation destinée à nourrir la défiance vaccinale: la Chine, est-il indiqué, viendrait "d'appeler à suspendre la vaccination Pfizer".L'assertion est là aussi trompeuse à plusieurs titres. Sa formulation laisse d'abord entendre que le vaccin Pfizer serait administré en Chine alors que Pékin n'autorise pour l'heure que quatre vaccins conçus et produits dans le pays. Tous reposent sur la technique des "vaccins inactivés" qui consiste à introduire dans l'organisme des agents infectieux rendus inopérants afin d'enclencher la production d'anticorps.Sur le fond, l'affirmation est par ailleurs bancale: elle repose entièrement sur un article, en anglais, publié le 16 janvier par le Global Times, quotidien chinois proche du régime, qui se contente de citer deux experts sanitaires chinois - dont un anonyme - mettant en garde contre les dangers supposés des vaccins à ARN messager."Un immunologiste basé à Pékin, qui a requis l'anonymat, a dit au Global Times, que le monde devrait suspendre les vaccins à ARN contre le Covid-19 représentés par Pfizer, étant donné que cette nouvelle technologie n'a pas prouvé son innocuité dans le cadre d'une utilisation à grande échelle", clame l'article qui ne fait pas mystère de sa préférence pour les vaccins développés par Pékin qui reposeraient sur une "technologie plus mature".Aucun représentant des autorités chinoises relayant cette mise en garde n'est cité ou interrogé dans l'article, qui peut difficilement être interprété comme un appel de Pékin à "suspendre la vaccination Pfizer".  C'est même tout le contraire qui se profile selon le Wall Street Journal: d'après un article paru le 16 avril dans le quotidien américain des milieux d'affaires, Pékin s'apprêterait à donner son feu vert au vaccin Pfizer d'ici au mois de juillet. (fr)
?:reviewRating
rdf:type
?:url