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"Une combinaison de plantes" permettant la "guérison totale" du sida? C'est un remède que promeuvent plusieurs publications sur Facebook depuis mi-janvier. Attention: il n'existe à ce jour aucun remède contre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), comme le rappellent deux spécialistes contactés par l'AFP. Les traitements antirétroviraux permettent néanmoins aux personnes séropositives de vivre avec ce virus et de mener une vie "saine et active", selon l'Organisation mondiale de la santé. "Nous mettons à votre disposition une combinaison de plantes d'origine végétale qui annule la sérologie VIH la rendant négative", vantent plusieurs publications qui partagent une photo d'un bidon rempli d'un liquide rougeâtre.Sur l'étiquette qui y est apposée, un "cabinet de soin" qui promet "la santé grâce aux plantes" garantit un "traitement définitif en un mois" du VIH/sida. "Guérison totale" assurée, affirment les internautes partageant cette publication. Sur le bidon figure également un numéro WhatsApp précédé de l'extension du Bénin (+229). Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 23 mai 2022Ces publications ont été partagées près de 500 fois depuis mi-janvier au Bénin et en Côte d'Ivoire (1, 2, 3, 4...).Pas de remède pour le VIH/sidaAttention cependant: "il n'existe pas à ce jour de remède pour le VIH", a rappelé à l'AFP le 20 mai le docteur Fodé Simaga, directeur des sciences, systèmes et services du programme des Nations Unies luttant contre la pandémie de VIH/sida, Onusida.Pas de remède, et pas de vaccin non plus pour l'instant permettant de se protéger de cette maladie, comme l'écrit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa foire aux questions consacrée à ce sujet."Mais il existe des traitements efficaces qui, s'ils sont pris tôt et de manière régulière, peuvent permettre de vivre longtemps et en bonne santé", reprend Fodé Simaga. Les personnes vivant avec le VIH peuvent en effet être soignées grâce à des médicaments antirétroviraux (ARV), comme l'explique l'OMS sur son site. "Ils agissent contre l'infection par le VIH en bloquant la reproduction du virus dans l'organisme", détaille Fodé Simaga, d'Onusida. "Lorsqu'une personne vivant avec le VIH suit un traitement antirétroviral efficace, elle n'est plus infectieuse." C'est ce qu'on appelle la charge virale indétectable, comme le rappelle Onusida dans cette brochure de 2018. Au 30 juin 2021, 28 millions de personnes séropositives suivaient une thérapie antirétrovirale à travers le monde selon Onusida.L'année précédente, 37 millions de personnes vivaient avec le VIH et 680.000 personnes sont décédées du sida (syndrome d’immunodéficience acquise, qui décrit les stades les plus avancés de l'infection par le VIH). Dépistage et prévention Que faire alors en cas de doute? "Se faire tester", a répondu à l'AFP Charlotte Sector, porte-parole d'Onusida, le 20 mai. "Cela ne prend pas plus de deux minutes et dans certains endroits, vous pouvez acheter un auto-test VIH", poursuit-t-elle; "en cas de résultat positif, il faut aller consulter son prestataire de soins de santé afin d'obtenir une confirmation et un traitement approprié". Ces test détectent les anticorps produits par le système immunitaire en réaction à l'infection au VIH, une méthode "bien plus simple et moins chère que celle consistant à chercher à détecter le virus directement", précise la porte-parole; "pour la plupart des gens, ils se développent en l'espace d'un mois". Le VIH peut se transmettre à travers quatre modes de contamination: les rapports sexuels non protégés, la transfusion de sang contaminé, le partage de matériel d'injection, chirurgical ou d'autres instruments pointus, et la transmission de la mère à l'enfant, comme le rappelle l'OMS. Pour réduire sa circulation et éviter sa transmission, détaille l'organisation,il est notamment recommandé de se protéger lors des rapports sexuels (en utilisant un préservatif, en prenant la prophylaxie préexposition, ou PreP, lorsqu'on est séronégatif...), d'utiliser du matériel d'injection stérile, ou encore de prendre un traitement antirétroviral lorsqu'on vit avec le VIH et que l'on attend un enfant. "Faux espoirs"La circulation de telles fausses informations sur le VIH/sida est "très préjudiciable à la santé mentale des personnes vivant avec le VIH", estime Fodé Simaga, d'Onusida, car elles leur donnent des "faux espoirs" au sujet d'un éventuel remède qui, à ce jour, n'existe pas. Ces infox en ligne "donnent [également] de l'espoir" aux personnes séronégatives, qui sont amenées à conclure qu'il existe des traitements alternatifs à cette maladie, a expliqué à l'AFP le 23 mai Cheick Abou Laïco Traoré, directeur exécutif de l'association Kénédougou Solidarité, spécialisée dans la prévention et la prise en charge des personnes séropositives à Sikasso dans le sud du Mali. Il note également qu'"en Afrique, les guérisseurs reçoivent beaucoup plus de personnes au début de la maladie que les médecins". Lorsqu'eux-mêmes sont séropositifs, "il arrive qu'ils disent à leurs clients +j'ai refusé le traitement et je parviens avec ces plantes à me traiter+", déplore le directeur, ce qui conduit certains patients à abandonner le traitement antirétroviral. Un patient séropositif reçoit l'équivalent d'un mois de médicaments à l'hôpital de quartier à Thyolo, au Malawi, lors d'une consultation antirétrovirale de routine le 26 novembre 2014. ( AFP / MARCO LONGARI)Or "interrompre le traitement, même temporairement, peut entraîner une résistance aux médicaments et un risque accru de progression vers le sida", alerte Fodé Simaga, d'Onusida.Mais depuis la création de Kénédougou Solidarité en 1998, Cheick Abou Laïco Traoré témoigne d'une nette amélioration de la situation, liée à un travail de communication des connaissances scientifiques et de prévention auprès des guérisseurs maliens."On [les] a formés sur la question du VIH en expliquant les mécanismes de contamination et les processus de traitements. De nombreux guérisseurs sont aujourd'hui nos alliés par rapport au VIH et nous réfèrent des patients."La désinformation en ligne et notamment sur les réseaux sociaux restent cependant une épine dans le pied de ces professionnels, qui reçoivent une vingtaine de personnes par semaine dans le cadre de dépistages à Sikasso et dans sa région. Trouver les voies de la rémissionMalgré l'absence actuelle de remède ou de vaccin, des pistes thérapeutiques se dessinent pour espérer pouvoir un jour se passer de traitement à partir d'une poignée de cas dans le monde. En février, des scientifiques américains ont ainsi annoncé qu'une femme soignée à New York, atteinte de leucémie, avait guéri du sida après avoir reçu des cellules souches de sang de cordon ombilical. Un ruban rouge sur la Maison blanche à l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre le sida, le 1er décembre 2020, à Washington DC (Etats-Unis). ( AFP / BRENDAN SMIALOWSKI)Avant elle, trois patients à Berlin, Londres et Düsseldorf avaient aussi été présentés comme guéris, après une greffe de moelle osseuse destinée à traiter leur cancer.Quelques malades, traités très précocement par des antirétroviraux, ont par ailleurs été capables, après l'arrêt du traitement, de "contrôler naturellement l'infection". Une toute petite partie des patients, infectés depuis longtemps par le VIH, parviennent aussi à vivre sans traitement, sans doute grâce à des particularités génétiques permettant à leur système immunitaire de contrôler le virus.Comme l'expliquait Jennifer Gorwood, en post-doctorat à l'institut Karolinska à Stockhom (Suède) dans cette dépêche en mars, la perspective d'une "guérison totale" du VIH, mentionnée par les publications que nous vérifions, paraît "peu probable". Il semble plus réaliste d'espérer à terme "une rémission" du VIH qui signifierait que, même en restant dans le corps d'un malade, il ne s'exprime plus.Un objectif atteignable, mais qui pourrait prendre encore des décennies.25 mai 2022 Correction au 12e paragraphe du nom de la porte-parole d'Onusida: Charlotte Sector et non Spector.
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