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"Les non-vaccinés peuvent donner leur sang mais ne peuvent pas aller au restaurant", s'indignent des internautes dans des publications partagées plusieurs centaines de fois depuis fin juillet. Cette comparaison est trompeuse: le Covid-19 peut se propager beaucoup plus facilement au restaurant, où les clients enlèvent leur masque, que dans un centre de collecte de sang, où les gestes barrières et la distanciation physique sont respectés. Il est de plus très improbable que le Covid-19, un virus respiratoire, se transmette par le sang.Le pass sanitaire, obligatoire en France depuis le 21 juillet dans les lieux de loisirs et de culture (cinémas, musées...), sera étendu dès le 9 août 2021 aux restaurants, cafés, bars, salons, foires, trains, avions et longs trajets en car. Pour entrer dans ces lieux, il faudra désormais disposer d'un QR code prouvant qu'on est vacciné, qu'on dispose d'un test négatif de moins de 48 heures ou que l'on a été malade du Covid-19 dans les six derniers mois.Certains lieux ne sont cependant pas concernés par la mise en oeuvre de ce pass, comme les centres de collecte de sang. Une décision mal comprise par certains, comme cet internaute belge qui s'indigne: "Voici la preuve que le Covid19 est une escroquerie intellectuelle avant d'être une crise sanitaire ! Les non vaccinés peuvent donner leur sang mais ne peuvent pas aller au restaurant. C'est quand même une manipulation des foules comme jamais... #NonAuPasseDeLaHonte #dictature". Il accompagne sa publication d'une affiche de l'Etablissement français du sang (EFS), opérateur civil unique de la transfusion sanguine en France. Cette affiche est disponible sur le site de l'EFS, qui précise qu'il "n’est pas nécessaire de présenter un test pour donner son sang, ni d’être vacciné". Des publications similaires ont été partagées plusieurs centaines de fois en France et en Belgique (qui n'a pas mis en place de pass sanitaire). Capture d'écran réalisée le 6 août 2021 sur FacebookL'entrée en vigueur de ce pass a provoqué en France des débats houleux et des manifestations ont eu lieu plusieurs samedis d'affilée. Elle a également donné lieu à de fausses informations, vérifiées par l'AFP ici et ici. Il est toutefois trompeur de comparer un restaurant, dans lequel les clients ne portent pas leurs masques et ne respectent pas nécessairement les mesures de distanciation physique et les gestes barrières, et un centre de collecte de sang, dans lequel les règles sanitaires sont strictes. En outre, les centres de collecte de sang sont considérés comme des lieux vitaux par l'Etat en France et en Belgique.De plus, les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas d'affirmer que le Covid-19 se transmet par le sang. Celui-ci se transmet principalement par voie aérienne, via la projection de gouttelettes infectées.Moins de risques de contamination dans un centre de collecte de sang qu'au restaurantEn France, donner son sang ne nécessite pas d'être vacciné ou de produire un test négatif. En revanche, des mesures sanitaires strictes s'appliquent dans les centres de collecte de sang, décrites sur le site de l'EFS: les donneurs sont appelés à "respecter les gestes barrières, en particulier le lavage des mains, qui sont très efficaces pour limiter les risques de transmission du virus. Des mesures de distanciation sont mises en place sur les collectes (1m/1m50 entre chaque personne) et une gestion de flux est faite". Les donneurs se voient également remettre un masque par l'EFS, qui précise que les "personnels de collecte, les bénévoles et les donneurs sont équipés de masques". Les personnes ayant contracté le Covid-19 doivent, elles, attendre 28 jours après le début des symptômes ou 14 jours après leur disparition avant de pouvoir donner. Si elles sont asymptomatiques, elles doivent attendre 14 jours après la date du test positif. Aucun délai n'est nécessaire avant ou après la vaccination.On peut voir ces mesures sanitaires dans ce reportage réalisé par la chaîne Réunion la Première.En Belgique, la Croix-Rouge liste également sur son site (sous l'onglet "Les collectes sont-elles sûres ?") les mesures sanitaires prises lors des collectes de sang: distanciation physique d'au moins 1,5 mètre, désinfection du matériel et des surfaces, lavage des mains obligatoire pour les donneurs et le personnel, port du masque pour tout le monde et de gants pour le personnel. Capture d'écran réalisée sur le site de la Croix-Rouge de Belgique le 06/08/2021Les personnes infectées par le coronavirus doivent attendre 17 jours après la disparition des symptômes (ou après le test positif pour les asymptomatiques) pour pouvoir donner. Quant aux personnes vaccinées, elles doivent attendre 48 heures si elles ne présentent pas de symptômes post-vaccination (ou 7 jours dans le cas contraire). Une mesure de précaution, explique la Croix-Rouge belge: "Ce délai de 2 jours après la vaccination est en quelque sorte une période-tampon. Si vous venez faire un don juste après avoir reçu le vaccin et que vous ne vous sentez pas bien/fiévreux·se par la suite, nous serons obligés de détruire votre don par précaution. Nous ne savons en effet jamais à 100 % si cet état fébrile est lié à la vaccination ou s’il cache autre chose".Ces mesures permettent de limiter le risque de contamination sur place. En France, les lieux de collecte sont par ailleurs restés ouverts pendant les confinements, car ils sont "considérés par les autorités de l’Etat comme des lieux publics autorisés car vitaux et indispensables, explique l'EFS. La pandémie a eu un fort impact sur les dons: début juin, l'EFS lançait un appel urgent, alertant sur les réserves "très basses" de sang en France.En Belgique, dans un avis publié en juin 2020, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS), l'organe scientifique qui conseille le gouvernement belge, comparait le statut des donneurs "à celui des personnes qui travaillent dans une industrie d’infrastructure critique: en se portant volontaires pour un don, ils contribuent en effet de manière solidaire et significative à la santé de la population". En Belgique, les lieux de collecte sont également restés ouverts pendant les confinements.A contrario, les restaurants sont un lieu où le risque d'infection est élevé: les clients y enlèvent leurs masques pour manger et boire tout en parlant - parfois fort - et peuvent postillonner, éternuer ou tousser, et donc propager le Covid-19, un virus respiratoire se transmettant par voie aérienne. "Les centres de don de sang sont des structures médicales avec du personnel formé. Le risque est donc considérablement plus faible que dans un restaurant", a expliqué le 5 août 2020 à l'AFP Michel Moutschen, chef du service infectiologie et professeur en immunopathologie à l'Université de Liège. C'est ce qu'a conclu le second volet de l'étude ComCor, menée par l'Institut Pasteur entre le 1er octobre 2020 et le 31 janvier 2021. Dans son analyse intermédiaire, publiée le 9 mars 2021 sur son site, l'Institut Pasteur écrit que "la fréquentation des bars et des restaurants a été associée à un sur-risque d’infection pendant la période où ils étaient ouverts (octobre)". Opération de don du sang à Toulouse le 21 janvier 2021 ( AFP / GEORGES GOBET)Il est très improbable que le Covid-19 se transmette par le sangLe Covid-19 appartient à une famille de coronavirus "qui sont des virus respiratoires connus, pour lesquels on connait bien les risques de transmission", a expliqué à l'AFP le 5 août 2021 Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), "ils se transmettent par voie aérienne et très probablement pas par le sang".Dans l'avis de juin 2020 mentionné plus haut, le CSS rappelait que "le SARS-CoV-2 se transmet principalement par de grosses gouttelettes respiratoires et par contact étroit" et écrivait: "à la lumière de toutes les données quant à l’absence de transmission par voie sanguine, le CSS considère que la transmission par le sang provenant de donneurs asymptomatiques en phase d'incubation n’est pas à compter au nombre des risques transfusionnels".En février 2021, dans un document présentant des recommandations visant à garantir "un approvisionnement en sang sûr et suffisant" et la "collecte de plasma de convalescent dans le contexte de la pandémie de COVID-19", l'OMS soulignait qu'il n'existe à ce jour "aucune preuve que le SARS-COV-2 se transmette par le sang et ses constituants". L'Organisation conseillait tout de même de différer le don de sang par des personnes infectées par le coronavirus ou ayant été en contact récent avec une personne infectée, "afin de réduire le risque de contagion par voie respiratoire et par contact dans les centres de collecte de sang et à titre de précaution contre la transmission potentielle du SARS-CoV-2 par la transfusion de sang ou de ses constituants". L'Etablissement français du sang explique aussi sur son site qu'"à ce stade des connaissances, le virus n’est présent dans le sang qu’en cas de symptômes sévères de la maladie, mais aucun don n’est autorisé en cas de symptômes". "Malgré les centaines de milliers de transfusions réalisées chaque jour dans le monde, aucun cas de transmission transfusionnelle n’a été rapporté depuis le début de cette épidémie", poursuit l'EFS.
(fr)
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