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Des publications Facebook partagées plusieurs milliers de fois depuis le 20 juillet affirment que le virus du Covid-19 passe à travers les mailles des masques chirurgicaux. Mais si le virus est effectivement plus petit que les pores des masques, comme le soulignent ces publications, celui-ci voyage sur des gouttelettes plus grosses et est très largement filtré, expliquent des experts à l’AFP."Le virus COVID-19 mesure entre 60 et 140 nanomètres. Les mailles de votre masque mesurent +/- 3.000 nanomètres. Chaque maille de votre masque peut laisser sortir +/- 30 virus à chaque expiration !", explique un visuel très partagé sur Facebook depuis le 20 juillet et l'entrée en vigueur en France de l'obligation du port du masque dans les lieux publics clos. Le même argument figure dans une autre publication Facebook qui compare les pores de la maille du masque "à un tunnel de métro" qui laisserait circuler le virus. Capture d'écran Facebook prise le 27/07/2020"Cette argumentation est fallacieuse", explique à l'AFP Jean-Michel Courty, professeur de physique à la Sorbonne et chercheur au laboratoire Kastler Brossel. Le virus est effectivement plus petit que les pores du masque, mais "le virus voyage sur des gouttelettes d’eau plus grosses", expulsées lors d'éternuements, précise-t-il. Se concentrer sur "la taille des particules virales n'est pas pertinent. C'est la taille des gouttelettes qui contiennent le virus qui importe", soulignait début juillet à l'AFP Julian Leibowitz, professeur en pathogénie microbienne et immunologie à la Texas A&M University."Le virus se transmet en grande majorité par des gouttelettes plus grosses, de 5 à 15 microns de diamètre", abonde Patrick Remington, ancien épidémiologiste pour les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) et directeur du Programme de résidence en médecine préventive à l’université de Wisconsin-Madison."Les masques bien ajustés réduisent de façon significative le nombre de gouttelettes expulsées par une personne", ajoute-t-il.Le masque chirurgical filtre de plusieurs façonsCes gouttelettes sont relativement "lourdes" et retombent rapidement, selon l'OMS. Et même les gouttelettes plus légères qui restent suspendues dans l’air, les aérosols (moins de 5 microns), provenant de l'évaporation des gouttelettes ou de la simple respiration des porteurs du virus, peuvent être efficacement interceptées par le masque, affirme Jean-Michel Courty.Leur filtration est possible grâce à trois effets de physique – l'effet d'inertie et les captures électrostatiques ou par diffusion – expliqués par le chercheur dans cette vidéo (entre 5'10" et 7'30").D'après cet article publié dans le magazine Pour la Science, co-écrit par Jean-Michel Courty et Édouard Kierlik, également professeur de physique à la Sorbonne, les masques chirurgicaux sont composés d’un filtre de fibres non tissées, d'environ cinq micromètres de diamètre. Contrairement à ce qu'affirme une des publications Facebook, "le filtre ne ressemble pas à un tunnel, mais à une forêt touffue", corrige Jean-Michel Courty. Emportées par la vitesse des courants d’air, les gouttelettes n’arrivent pas éviter les "arbres". "Elles ratent le virage, comme une voiture qui accélère", et percutent alors les fibres du filtre, explique le chercheur. Quant aux gouttelettes plus petites, elles sont projetées contre les fibres du masque quand elles entrent en collision avec des molécules. "C’est comme essayer d'avancer dans un couloir bondé d’une foule, on termine par toucher le mur", illustre le chercheur.Il est aussi erroné de dire que le masque fonctionne uniquement comme une "passoire". Les masques chirurgicaux sont fabriqués en polypropylène : "ce matériau attire les petites particules, comme les torchons en polypropylène [microfibre] qui attirent la poussière", ajoute-t-il.L'OMS comme les autorités sanitaires considèrent le port du masque comme une mesure efficace pour limiter la propagation du virus, en plus de la distance physique et du lavage de mains. Il est d'autant plus efficace qu'il est massivement porté, car les porteurs se protègent mutuellement les uns les autres.En outre, il existe plusieurs travaux scientifiques relevant l'efficacité des masques, comme expliqué par des chercheurs des universités de Pennsylvanie et de Cambridge, qui soulignent que "les preuves continuent à s'accumuler montrant que les masques, y compris ceux en tissu, préviennent la transmission de l'infection".Aux Etats-Unis, les CDC ont publié mardi 14 juillet 2020 une étude après que deux employés d’un salon de coiffure du Missouri ont été testés positifs au coronavirus. Ils avaient continué pendant plusieurs jours à travailler en portant un masque et avaient été en contact avec 139 clients. 67 de ces clients ont été testés négatifs au Covid-19, les autres n’ont développé aucun symptôme. Une filtration totale empêcherait de respirerCertaines particules parviennent toutefois à s’échapper à travers les masques : d'après une étude publiée en 2008 dans la revue scientifique The Annals of Occupational Hygiene, les masques chirurgicaux filtrent en moyenne 60% des aérosols entre 0,02 et 2 micromètres de diamètre. Mais une étanchéité parfaite n’est pas souhaitable : "on ne pourrait plus respirer !", affirme Jean-Michel Courty.D’après les normes du ministère de la Santé, les masques vendus au grand public doivent filtrer au minimum 70% des particules – toutes tailles confondues. "Les masques n'ont pas besoin d'être efficaces à 100% pour avoir un rôle significatif sur le ralentissement de l'épidémie", juge le virologue Benjamin Neuman, de la Texas A&M University.En outre, la transmission du virus par aérosol fait l'objet d'une controverse scientifique. Ce mode de transmission "ne peut être exclu", a reconnu l'OMS début juillet, notamment dans "certains endroits fermés, comme les lieux très fréquentés et mal aérés" et lorsque des personnes y sont présentes "pendant une durée longue". Exemples ? Les chorales, les restaurants et les cours de sport.Le virus serait alors porté par des aérosols. Plus petits, ces aérosols peuvent se maintenir en suspension en intérieur et être inhalés par d'autres personnes. Cette inflexion de l'OMS fait suite à la publication d'une lettre ouverte de plus de 200 scientifiques demandant l'application du principe de précaution face à l'accumulation d'indices sur "le potentiel de transmission aérienne du Covid-19"."À ce jour, la transmission du SRAS-CoV-2 par ce type de voie d'aérosol n'a pas été démontrée", juge toutefois l’OMS. Un mauvais usage du masque peut réduire son efficacité Pour garantir l'efficacité maximale du masque, il est impératif de l'ajuster parfaitement et de ne pas le porter plus de quatre heures, explique Rim Chaouy, responsable du pôle Sécurité et santé au travail de l’Association française de normalisation (Afnor). Au fil de la journée, les masques s'humidifient et perdent en efficacité, d'où les consignes de les changer toutes les quatre heures environ."Le port du masque n’est pas un substitut à la distanciation sociale et l’aération", rappelle par ailleurs Patrick Remington.Les publications Facebook vérifiées dans cet article affirment également que porter un masque entraînerait un manque d’oxygène et affaiblirait le système immunitaire, deux affirmations déjà contredites par l’AFP ici et ici.Edit du 13/08/2020 : corrige un lien cassé
(fr)
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