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Une vidéo vue des centaines de milliers de fois sur Facebook depuis le mois de novembre prétend démontrer que le vaccin développé par AstraZeneca et l'université britannique d'Oxford contient des cellules foetales. C'est trompeur : des cellules d'embryons avortés dans les années 1970 ont bien servi au développement d'une technologie utilisée pour créer le vaccin, mais ce ne sont pas ces cellules foetales qui se retrouvent dans le vaccin, expliquent des experts.La vidéo partagée sur un groupe Facebook néo-zélandais est disponible ici. A screenshot of the misleading claim, taken December 4, 2020. On peut y entendre une personne commenter ce qui est présenté comme l'emballage du vaccin d'AstraZeneca et de l'université d'Oxford.Elle ouvre ensuite la page Wikipedia (en anglais) de cellules appelées MRC-5 et affirme : "Ce vaccin Covid-19 dont tout le monde dit qu'il va sauver le monde à une tonne de merde (sic) dans sa composition, mais ce qui est sûr, c'est qu'on y trouve du tissu pulmonaire d'un foetus caucasien mâle de 14 semaines".Cette vidéo a été partagée dans des publications en de nombreuses langues comme l'Arabe, le Tchèque ou le Russe. Elle a été vue plus de 200.000 fois et il est possible de retrouver des affirmations équivalentes en français sur Facebook (1,2,3) : (Capture d'écran réalisée sur Facebook le 15 décembre)Qu'est-ce qu'une lignée cellulaire ? Pour mettre au point un vaccin - dont le principe est d'apprendre à l'organisme à se défendre efficacement contre un virus, une bactérie ou un parasite - il faut passer par plusieurs étapes.Sa substance active - l'antigène (ce qui va permettre de stimuler la production d'anticorps par le système immunitaire) - doit être cultivée dans un milieu de culture pour s'y multiplier. "Certains milieux de multiplication sont constitués de cellules, certaines cultures se font sur des œufs de poule (grippe, fièvre jaune)", explique le site vaccination-info-service.fr. Il faut ensuite extraire l'antigène du milieu de culture puis enlever toute impureté de la substance et le concentrer, avec une centrifugeuse par exemple. La substance produite est alors rendue inoffensive (par la chaleur ou des agents chimiques), de façon à permettre la réaction immunitaire sans déclencher la maladie. Pour devenir un produit pharmaceutique, cette substance est alors formulée avec, le cas échéant, des adjuvants (pour en renforcer l'efficacité) et/ ou des stabilisants et conservateurs (pour en améliorer la stabilité). Des dérivées de cellules humainesPour certains vaccins, ce sont des cellules d'origine humaine qui sont utilisées pour la culture. Il s'agit plus précisément de "lignées cellulaires", dérivées de cellules humaines, comme expliqué par le site "The History of Vaccines" du Collège des médecins de Philadelphie aux Etats-Unis. Les cellules MRC-5 sont des "lignées cellulaires", créées dans les années 1960 à partir de tissus pulmonaires d'un fœtus avorté."Ces avortements ont été réalisés dans le cadre légal et avec le consentement des mères concernées, mais il n'ont pas été réalisés dans le but de développer des vaccins", a affirmé le groupe de recherche de l'université d'Oxford sur les vaccins dans un communiqué.Cette lignée a été utilisée par des chercheurs pour cultiver des antigènes afin de développer des vaccins contre le zona, la rougeole et d'autres maladies infectieuses.Ce sont des "cellules que l'on développe en laboratoire juste pour avoir un substrat" (milieu de culture) pour qu'il soit "le plus proche possible de l'hôte", c'est-à-dire de l'organisme que le virus pourrait attaquer, avait expliqué à l'AFP Arnaud Duigou, docteur en pharmacie, dans un précédent article de vérification.Issues de foetus avortés il y a des décennies, les "lignées de cellules" ne sont pas directement des cellules humaines. Elles ne contiennent pas de tissus foetaux et les vaccins fabriqués in fine non plus. Une lignée cellulaire différenteDe plus, le vaccin d'AstraZeneca n'a pas utilisé la lignée cellulaire MRC-5, comme l'affirme la vidéo virale, mais une autre lignée.Interrogé par l'AFP, un porte-parole du groupe de recherche de l'université d'Oxford sur les vaccins, qui travaille avec AstraZeneca pour créer le vaccin contre le Covid-19 mentionné dans la vidéo, a expliqué que pour élaborer leur produit, ils avaient utilisé des cellules HEK-293 et non des cellules MRC-5.Les cellules HEK-293 ont été élaborées à partir de cellules embryonnaires rénales d'un foetus avorté en 1973. Ces cellules "sont des clones des cellules d'origine, mais il ne s'agit pas des cellules du foetus avorté", a expliqué à l'AFP un porte-parole du groupe de recherche de l'université d'Oxford sur les vaccins. De plus, "tout vaccin produit sur une lignée cellulaire, quelle que soit son origine, passe par des processus stricts de purification et de caractérisation (détermination de ses caractéristiques précises, NDLR] assurant que seul le 'vaccin' est présent" dans le produit final, avait expliqué en juillet à l'AFP Jeff Richardson, responsable de la communication de la société de biotechnologies Inovio qui travaille sur des vaccins à ADN mais qui n'utilise pas de lignées cellulaires humaines ou animales.Interrogés par l'agence de presse Reuters le 16 novembre, plusieurs scientifiques anglais ont également démenti l'affirmation selon laquelle les vaccins contre le coronavirus contenaient des cellules foetales."Aucune cellule fœtale n'est utilisée dans le processus de production de vaccin", avait ainsi expliqué à l'agence de presse le docteur Michael Head, chercheur en santé publique à l'Université de Southampton.Le Collège des médecins de Philadelphie avait également réfuté cette affirmation sur son site en octobre 2019, tout comme le scientifique en chef du gouvernement du Québec.En juillet dernier, l'AFP avait déjà réalisé un article sur des publications affirmant qu'il y avait de l'ADN humain dangereux dans les vaccins.AFP Factuel a réalisé plus de 280 articles de vérification portant sur le Covid-19 depuis le début de la pandémie. Retrouvez la liste complète ici.
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