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Une vidéo d’un gynécologue italien sur le Covid-19 a été vue plusieurs centaines de milliers de fois en français sur YouTube et Facebook depuis fin août. L'AFP a relevé dans ses propos cinq affirmations fausses ou erronées.Le médecin, en cravate et blouse blanche, avance, sans fournir de preuve, que le Covid-19 est un "programme" visant, à travers la vaccination, à réduire la population mondiale "de plus de 80%", lisant par moment un texte dont les assertions sont très proches de celles contenues dans le texte conspirationniste "Plandémie", déjà fact-checké par l'AFP. Capture d'écran YouTube prise le 18/09/2020Dans sa vidéo – virale dans plusieurs pays européens –, au moins cinq de ses principales affirmations sont fausses ou erronées.1. "Covid-19 n'est pas le nom du virus, mais le nom du plan international de contrôle et de réduction de la population". FAUXDans la première minute de sa vidéo, le gynécologue italien affirme que "Covid-19" signifie "Certificat d'identité de la vaccination avec intelligence artificielle", et que le nombre 19 correspond à "l'année au cours de laquelle il a été créé".C'est faux : "CO, C-O pour corona, VI pour virus, D pour disease [maladie en anglais], donc Covid", expliquait le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d'une conférence de presse le 11 février.Le nombre 19 renvoie lui à l'année d'apparition de la maladie: 2019.Selon l'OMS, le Covid-19 est une maladie infectieuse causée par un nouveau virus de la même famille que le Syndrome respiratoire aigü sévère (SRAS). "Cette nouvelle maladie n'avait encore jamais été décelée avant qu'une flambée épidémique ne soit signalée à Wuhan, en Chine, en décembre 2019", écrit l'OMS sur son site. Le virus causant la maladie Covid-19 a depuis été appelé le Sars-Cov-2.Des théories complotistes évoquant un "plan international de contrôle" mis en place grâce à des micropuces dans les vaccins dans le but de "réduire la population mondiale" circulent sur les réseaux sociaux de longue date, mais celles-ci sont devenues virales au début de la pandémie.Les deux "plans" sont le plus souvent attribués au milliardaire américain Bill Gates.Le porte-parole de la Fondation Bill et Melinda Gates a balayé cette hypothèse. "Je n'ai jamais été impliqué dans un quelconque projet fondé sur des micropuces", a déclaré Bill Gates en juin 2020 (voir aussi notre article : "Non, Bill Gates n'a pas proposé d'implanter des puces électroniques via des vaccins").Concernant le prétendu "plan" de réduction de la population de Bill Gates, il s'agit en réalité d'une mauvaise compréhension de propos qu'il a tenus en 2010. Le cofondateur de Microsoft évoquait alors la réduction de la croissance démographique et non la réduction de la population (voir notre article).Selon Bill Gates, un des leviers de croissance économique et de développement dans les pays les plus pauvres est en effet de ralentir la croissance démographique afin que les gouvernements disposent de plus de moyens pour améliorer la vie de leurs administrés. Un enfant reçoit un vaccin contre la polio à Hyderabad, dans le sud de l'Inde, le 20 juin 2016 (Noah Seelam / AFP)2. La vaccination "affaiblit" le système immunitaire. FAUX"Ce qui réactive le virus, c'est le terrain immunitaire, affaibli par les vaccinations [antérieures]", affirme le médecin, selon qui le futur vaccin contre le Covid-19 servira à réduire la population mondiale de "plus de 80%"."Il est impossible que la vaccination puisse affaiblir un système immunitaire. La vaccination contre une maladie n'a pratiquement aucun impact sur notre résistance à d'autres maladies", répond le docteur Srdja Jankovic, immunologue à Belgrade et membre du comité nommé par le gouvernement serbe pour affronter l'épidémie de Covid-19, interrogé par le service de vérification de l'AFP en Serbie, où la vidéo du Dr Petrella a également circulé.Une étude publiée en 2018 dans le Journal of the American Medical Association a montré que les vaccins ne provoquent pas davantage d'infections chez les enfants."Certains parents sont inquiets que de nombreux vaccins puissent endommager le système immunitaire de leur enfant, le rendant plus vulnérable à de futures infections", expliquait le principal auteur de l'étude, Jason Glanz, chercheur à l'institut Kaiser Permanente. "Cette nouvelle étude suggère que la théorie de saturation du système immunitaire d'un enfant est hautement improbable.""Tout procédé médical comporte un risque. Il existe un risque qu'un vaccin ait des effets non voulus, mais lorsqu'on considère le niveau global de la population et le nombre total de gens vaccinés, ce risque est très faible", expliquait en août à l'AFP Maja Stajonevic, virologue à l’Institut de microbiologie et d'immunologie de Belgrade et consultant pour l'OMS.Selon l'OMS, "les vaccins sont en fait très sûrs, en dépit de ce que disent les nombreuses publications antivaccins. La plupart des effets contraires des vaccins sont mineurs et temporaires, comme des douleurs au bras ou une fièvre bénigne".Le docteur Predrag Djuric, épidémiologiste, a indiqué à l'AFP que "les vaccins fonctionnent pour renforcer le système immunitaire contre une maladie particulière par pour l’affaiblir". "La vaccination a sans aucun doute sauvé des millions de vie jusqu’à présent et elle représente l’une des mesures les plus sûres et efficaces."Vaccination et système immunitaire #AFP @AFPgraphics pic.twitter.com/aD6KcwMGG5 — Agence France-Presse (@afpfr) September 17, 2020"Les affirmations selon lesquelles "ils" veulent produire des vaccins pour provoquer la mort de plusieurs milliards de gens ne méritent pas d’être commentées sérieusement. Toute théorie ou affirmation devrait être fondée sur des preuves existantes et une connaissance acquise avec une méthode scientifique, ce qui fait défaut aux théories du complot", pointe le Dr Djuric.3. Les tests ne sont "pas capables de détecter le Sars-Cov-2". FAUX"Aucun des tests n'est capable de détecter le virus Sars-Cov-2. [Ils ne détectent] qu'une infinité de petits virus inoffensifs ou de débris cellulaires qui font déjà naturellement partie de notre microbiote", affirme le gynécologue italien.C'est faux: les tests homologués sont bien spécifiques au nouveau coronavirus, selon plusieurs experts interrogés par l'AFP. Les tests RT-PCR (ou "virologiques"), qui permettent via un prélèvement nasopharyngé de déterminer si un patient est porteur ou non du virus à l'instant T, cherchent "des régions du génome qui sont spécifiques" à ce virus, a expliqué à l'AFP Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus des infections respiratoires de l'Institut Pasteur.Techniquement, il s'agit de transcrire du matériel génétique du virus (de l'ARN) en ADN puis de l'amplifier en plusieurs cycles – à des températures différentes – pour pouvoir détecter même de petites quantités de matériel génétique."Ce qu'elle détecte, c'est la présence du génome du virus et cela ne fait aucun doute", abonde Juan Carballeda, chercheur au Conicet (Conseil national de la recherche scientifique et technique) et membre de l'Association argentine des virologies, interrogé en juillet.Juan Sabatté, médecin et docteur en microbiologie, explique aussi que le test PCR "détecte des séquences d'ARN spécifiques présentes dans l'ARN du virus Sars-Cov-2". Précaution supplémentaire pour les tests homologués en France, les tests doivent chercher deux "cibles moléculaires" du Sars-Cov-2, deux zones du génome, ajoute, le 9 septembre, Cédric Carbonneil, chef du service d’évaluation des actes professionnels de la Haute autorité de Santé (HAS).La capacité d'un test à bien identifier un virus en particulier et à ne pas le confondre avec un autre pathogène s'appelle la spécificité. Actuellement, "on estime que la spécificité des RT-PCR est de l'ordre de 99%", dit le Dr Carbonneil, ce qui rend rarissime les résultats "faux positifs".Les autres tests, appelés sérologiques, servent, via une analyse sanguine, à détecter des anticorps dirigés contre le virus Sars-Cov-2. Ils ne servent qu'à indiquer si le patient a développé des anticorps contre ce virus en particulier, signifiant qu'il a été en contact avec lui. Comme les tests RT-PCR, ils sont spécifiques à ce virus.En France, les tests sérologiques Sars-Cov-2 doivent avoir une spécificité d'au moins à 98% (plus d'informations dans notre article : "Les tests détectent bien spécifiquement la présence de Sars-Cov-2").4. "Des tests de masse ont été imposés dans toutes les écoles en France" en mai. FAUX"Le 11 mai, aucune télévision, aucun journal (...) n'a dit que des tests de masse ont été imposés dans toutes les écoles en France. Il y a environ 700 000 tests chaque semaine. Personne, malheureusement, n'a rapporté cette information", affirme encore le gynécologue.C'est faux: aucune campagne de tests n'a été réalisée dans des écoles françaises après leur réouverture progressive à partir du 11 mai.Au contraire, le Conseil scientifique, chargé d'éclairer les pouvoirs publics, recommandait le 24 avril de ne pas tester massivement les écoliers."Le Conseil scientifique considère qu’un dépistage massif par test diagnostique RT-PCR des élèves et de l’ensemble du personnel travaillant dans les établissements scolaires n’est pas envisageable: il concernerait plus de 14 millions de personnes et devrait être renouvelé régulièrement (tous les 5-7 jours) pour détecter des cas et empêcher efficacement la circulation du virus dans un établissement", détaillaient les membres du Conseil. Le Conseil scientifique considérait également que "les tests sérologiques au moment de la rentrée du 11 mai n'ont pas d’intérêt individuel ni pour les élèves ni pour les personnels des établissements scolaires". Sur son site internet, le gouvernement français ne mentionne pas de programmes de tests de grande ampleur dans les écoles.Le 6 mai, 45 directeurs d'écoles dans le Rhône avaient par ailleurs lancé un appel aux autorités pour ne pas rouvrir les écoles du fait, justement, de "l'absence de tests systématiques prévus pour le personnel de l’école et les élèves".5. "Je vous rappelle que nous ne sommes pas malades. Nous ne sommes que des porteurs sains. Avoir le virus ne signifie pas être malade." PARTIELLEMENT FAUX Il est possible d'être infecté et de n'avoir aucun symptôme, mais cela ne représente qu'une partie des personnes atteintes du Covid-19."Les estimations de la proportion de véritables asymptomatiques — des gens infectés qui ne développent pas de symptômes et non pas des gens qui en développent plus tard – varient de 40 à 45%", estimait en août George Rutherford, épidémiologiste à l’Université de Californie à San Fransisco (UCSF).Une étude publiée fin juin dans la revue Nature indiquait elle que plus de 40% des habitants d'une ville du nord de l'Italie testées positifs au Covid-19 n'avaient aucun signe de maladie.Par ailleurs, comme expliqué dans ce fact-check, plusieurs études ont montré que les personnes ne présentant pas (ou pas encore) de symptômes peuvent transmettre le Sars-Cov-2.
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