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Des vidéos, partagées plusieurs milliers de fois ces derniers jours sur les réseaux sociaux, affirment montrer "l'oxyde de graphène, technologie utilisée dans les vaccins ARNm". Attention : ces vidéos ne montrent aucunement cette substance et ont été détournées. Il n'y a par ailleurs aucune preuve à ce stade de la présence de graphène dans aucun vaccin anti-Covid actuellement disponible sur le marché en Europe aujourd'hui, selon des experts interrogés par l'AFP."Voici l'oxyde de graphène, technologie utilisée dans les vaccins ARNm" : sur l'écran, une masse sombre bouge à l'approche d'un aimant et finit par l'engloutir. La vidéo se poursuit avec des petites billes, apparemment métalliques, qui s'assemblent dans une boîte de Pétri. "Voici comment le graphène réagit lorsqu'il est exposé à une décharge électromagnétique", peut-on lire, en référence au nanomatériau dont le rôle dans la lutte anti-Covid fait l'objet de travaux mais également de polémiques sur sa possible toxicité."L’oxyde de graphène ce n’est jamais que du graphène dégradé. Les atomes de carbone ne sont plus seulement liés entre eux, mais aussi avec des atomes d’oxygènes", avait expliqué à l'AFP Erik Dujardin, chercheur au Centre d'élaboration de matériaux et d'études structurales du CNRS à Toulouse, le 13 juillet. Le graphèneest un nanomatériau (un matériau 100 fois plus fin qu'un cheveu) qui aurait des propriétés antibactériennes et antivirales. "C’est un matériau issu du graphite, comme votre mine de crayon, qui est faite de graphite, et si vous n'en prenez qu’une feuille, c’est du graphène. Il n’ a rien de mystérieux, ce sont des atomes de carbone reliés entre eux", a ajouté le chercheur. "L'oxyde de graphèneest une substance différente, qui peut contenir jusqu'à 50/60% d'oxygène. La présence des atomes d'oxygène mène à une structure complètement différente du graphène, qui a été utilisée dans des batteries, des capteurs, des encres et plus," a expliqué Maurizio Prato, Directeur de la Santé et l'Environnement à Graphene Flagship, un projet de recherche financé par la Commission européenne, dans un mail à l'AFP. La vidéo s'achève sur un gros plan sur le bras d'une femme sur lequel deux pièces de monnaie sont accrochées, comme aimantées, sans aucun commentaire, avec un remix de la musique de la série d'X-files en fond sonore. "Intéressant d'avoir ça dans son body, n'est-ce pas", lance Isabelle Caty en commentaire de cette vidéo publiée sur son compte Facebook le 30 juillet dernier. On retrouve les deux premières séquences de cette vidéo sur le réseau social TikTok (ici et ici par exemple) où elles ont été partagées plusieurs milliers de fois. Il suffit toutefois d'utiliser la fonction recherche d’image inversée pour se rendre compte qu'il s'agit de vidéos détournées qui ne montrent aucunement du graphène. La première partie de la vidéo est un extrait d'une vidéo de BuzzFeed diffusée la première fois le 7 novembre 2016 sur Youtube et intitulée "Crazy Magnetic Goo". Le site américain propose un tutoriel qui doit permettre de créer un "slime" magnétique, une pâte gluante et malaxable prisée des enfants à l'époque. Dans la liste d'ingrédients fournie par BuzzFeed, on trouve de l'oxyde de fer mais aucune trace de graphène. La deuxième partie de la vidéo est également faussement présentée comme représentant du graphène. Il s'agit en réalité d'un extrait d'une vidéo publiée le 9 février 2015 sur Youtube par la Stanford Complexity Group "Self assembling wires". Elle montre entre autres des billes en acier plongées dans de l'huile de ricin dans une boîte de Pétri, explique la voix off qui décrypte l'expérience menée par ce groupe de l'université américaine. La diffusion des vidéos sur Facebook et TikTok s'inscrivent dans la lignée des publications qui se sont multipliées début juillet affirmant que le vaccin Pfizer contre le Covid-19 était composé à "99,9% d'oxyde de graphène". Une affirmation fausse, comme l'a démontré l'AFP Factuel le 16 juillet dernier. Plusieurs experts interrogés par l'AFP avaient alors notamment confirmé qu'il n'y avait aucune preuve de la présence de cette substance dans aucun vaccin disponible sur le marché en Europe aujourd'hui. "Le graphène n'est pas soluble, donc un graphène ne peut pas être injecté avec une solution (...) S'il y avait du graphène, les vaccins auraient des suspensions de couleur sombre", avait notamment souligné Diego Peña, chercheur au CiQUS en Espagne (Center for Research in Biological Chemistry and Molecular Materials). De nombreuses rumeurs circulent régulièrement sur les réseaux sociaux sur d'éventuels "ingrédients" suspects ou secrets qui seraient présents dans la composition des vaccins contre le coronavirus. Les composants des vaccins en circulation ne sont toutefois pas secrets et ont, pour Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Janssen, tous été publiés par les autorités sanitaires.1 octobre 2021 Ajoute précisions sur la différence entre graphène et oxyde de graphène aux trois premiers paragraphes.
(fr)
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