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  • 2020-08-11 (xsd:date)
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  • Non, Hillary Clinton n'a pas fait de "nouvelles révélations" sur la révolution tunisienne (fr)
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  • Des articles de presse parus dans des médias en ligne tunisiens fin juillet affirment que Hillary Clinton a fait de "nouvelles révélations" sur la révolution de 2011 et sur "sa mission d'éliminer Ben Ali". Attention, ces prétendues révélations n'en sont pas. Le livre de Hillary Clinton cité date en réalité de 2014. De plus, les citations qui lui sont attribuées ne figurent nullement dans l'ouvrage. Plusieurs médias en ligne ont publié dès le 30 juillet des articles dans lesquels il est annoncé que "Hillary Clinton fait de nouvelles révélations sur ce qui s'est passé en 2011" pendant la révolution tunisienne, à l'instar de tunisie-tribune.com, leconomistemaghrebin.com ou universnews.tn. Capture d'écran d'une publication d'un article de leconomistemaghrebin.com réalisée le 11 août 2020."Hillary Clinton révèle : j'ai personnellement dirigé la mission d'éliminer Ben Ali le 14 janvier 2011", titre par exemple Tunisie tribune."Dans ses mémoires récemment publiés, l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton révèle comment Washington avait 'bidouillé' la révolution tunisienne", affirme de son côté L'économiste maghrébin.Dans ces articles, plusieurs citations sont attribuées à l'ancienne secrétaire d'Etat. Parmi elles : "Nous avons décidé, via notre ambassade à Tunis, de fermer l'espace aérien de la Tunisie dans la soirée du 14 janvier 2011 et de faire intervenir la division des Marines stationnée dans notre base en Sicile près des côtes tunisiennes en cas où Ben Ali aurait refusé de renoncer pacifiquement au pouvoir et de quitter la Tunisie"."Nous avons rassuré nos collaborateurs en Tunisie qu'ils n’étaient pas visés mais qu'ils devaient travailler à présenter ce qui s'est passé comme une révolution !!"."J'ai contacté directement le ministre tunisien de la Défense, Ridha Grira, et le commandant de la garde présidentielle pour leur intimer l'ordre de ne pas intervenir pour protéger Ben Ali, et sur un ton tranchant, je leur ai demandé d'informer Ben Ali qu'il devait abdiquer et qu'en cas de refus, l'administration américaine se verrait contrainte de fermer l'espace aérien en coordination avec d'autres parties !!".Ces affirmations étant douteuses, nous avons consulté le livre mentionné dans l'article dans sa version originale en anglais, intitulé "Hard Choices" et publié en 2014. Aucune trace de ces citationsHillary Clinton y évoque la période pendant laquelle elle a servi comme secrétaire d'Etat, sous Barack Obama, de 2009 à 2013. Si la situation révolutionnaire en Tunisie y est mentionnée à plusieurs reprises et qu'un chapitre du livre est spécifiquement dédié au "printemps arabe", ces citations n'y figurent pas, a constaté l'AFP.Elle fait seulement référence aux soldats américains, en écrivant : "J'ai eu des conversations tendues avec les leaders de la région qui avaient besoin d'entendre exactement à quel point c'était sérieux. J'ai également travaillé avec le Pentagone pour m'assurer que des Marines supplémentaires soient envoyés en Tunisie, ainsi qu'au Soudan et au Yémen".Par ailleurs, contrairement à ce que prétendent les différentes articles web, "Hard Choices" n'est pas le dernier livre d'Hillary Clinton. Elle en a publié un autre plus récemment, "What Happened", paru en 2017 aux Etats-Unis et quelques mois plus tard dans sa version française, intitulé "Ca s'est passé comme ça".Dans ce dernier ouvrage, où Hillary Clinton revient sur son expérience en tant que candidate démocrate à la présidence des Etats-Unis en 2016, la Tunisie n'est à aucun moment mentionnée. Zone d'exclusion aérienne en Tunisie ?La mise en place d'une zone d'exclusion aérienne consiste à interdire le survol aérien d'une zone particulière, généralement dans un contexte de guerre. Ceux qui ne respectent pas l'interdiction peuvent alors être considérés comme des avions ennemis.Si "la Tunisie a fermé ses frontières et son espace aérien" en 2011, aucune zone d'exclusion aérienne (no fly-zone) n'a été mise en place, nous a confirmé Youssef Cherif, chercheur indépendant et directeur du Columbia Global Centers à Tunis. Il se rappelle que des rumeurs similaires sur le rôle d'Hillary Clinton et des Etats-Unis avaient déjà circulé à l'époque, en Tunisie et dans toute la région touchée par des soulèvements populaires.Rôle actif des Etats-Unis en LibyeJalel Harchaoui, chercheur à l'Institut Clingendael de La Haye, précise de son côté que c'est en Libye que les Etats-Unis ont joué un rôle majeur en 2011, notamment pour des raisons idéologiques, considérant que "la violence est souhaitable pour propager la démocratie libérale". Il ajoute par ailleurs que Hillary Clinton est celle qui a défendu l'idée d'instaurer une zone d'exclusion aérienne en Libye, d'abord auprès du Pentagone et de la Maison Blanche, et jusqu'à obtenir le vote de cette résolution par le Conseil de sécurité de l'ONU le 17 mars 2011. "Hillary Clinton a eu un rôle massif et central", estime-t-il."La France n'était pas le leader de la coalition qui est intervenue contre Kadhafi, il s'agit d'un phénomène d'optique car les Etats qui ont voté (ndlr : en faveur de la résolution onusienne) ont été convaincus par les Etats Unis", poursuit le chercheur. Quelle est la source de cette fausse information ?Les fausses citations attribuées à Hillary Clinton sont présentées comme des extraits traduits par une certaine Zohra Credy de l'Institut tunisien des relations internationales.En effectuant une recherche concernant cet institut, nous avons trouvé une page Facebook et un site web au nom de l'institut. Sur les deux interfaces, le contenu publié n'est pas académique.Par ailleurs, aucune information n'est donnée sur la mission de l'institut et aucune adresse n'est mentionnée. Seul un numéro de téléphone apparaît sur la section "à propos" de la page Facebook. Nous avons contacté le numéro en question, mais celui-ci nous a renvoyé vers un particulier, sans lien avec l'institut. (fr)
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