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  • 2020-11-20 (xsd:date)
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  • Non, l’armée américaine n'a pas saisi en Allemagne des serveurs informatiques liés à l'élection présidentielle (fr)
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  • Des publications cumulant près de 1.500 partages depuis le 14 novembre prétendent que l'armée américaine aurait saisi en Allemagne, avec la coopération du gouvernement allemand, des serveurs informatiques d'une entreprise impliquée dans le décompte des bulletins de l'élection présidentielle américaine. L'entreprise et les autorités allemandes ont démenti et aucune preuve d'une telle opération n'existe. "L'armée américaine a effectué des raids et saisi des serveurs en Allemagne, liés au système électoral du Dominion", affirme un texte diffusé par plusieurs publications sur Facebook (1, 2, 3, 4) cumulant près de 1.500 partages depuis le 14 novembre. La raison de cette opération ? Les serveurs d'une entreprise nommée Scytl auraient été utilisés par la société canadienne Dominion, qui fournit les technologies électorales que de nombreux Américains utilisent pour voter, pour un "échange de votes" illégal. "En mettant la main sur le serveur, (les autorités américaines) vont maintenant avoir la preuve directe de la date à laquelle ils ont reçu l'ordre d'arrêter de compter" les votes, estime ces publications.L'entreprise Scytl, ajoutent-elles, entretiendrait "des liens avec le parti Soros (sic) et le parti démocrate".Accolées à cette publication, des photos de Joe Biden, de Donald Trump et d'une intervention de forces de l'ordre lourdement armées. Sur leurs plastrons, on lit le mot "Polizei" (police en allemand).  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 19 novembre 2020 Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 19 novembre 2020Cette publication a commencé à circuler deux jours après que Donald Trump a affirmé sur Twitter que Dominion avait "effacé" 2,7 millions de votes en sa faveur et en avait réattribué des centaines de milliers à son rival démocrate Joe Biden dans plusieurs Etats.“REPORT: DOMINION DELETED 2.7 MILLION TRUMP VOTES NATIONWIDE. DATA ANALYSIS FINDS 221,000 PENNSYLVANIA VOTES SWITCHED FROM PRESIDENT TRUMP TO BIDEN. 941,000 TRUMP VOTES DELETED. STATES USING DOMINION VOTING SYSTEMS SWITCHED 435,000 VOTES FROM TRUMP TO BIDEN.” @ChanelRion @OANN — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 12, 2020Dans la foulée de ce tweet, les autorités électorales ont précisé qu'il n'existait "aucune preuve" de bulletins perdus ou modifiés ou de systèmes de vote piratés. Selon les recherches de l’AFP, les affirmations relayées par ces publications virales sont infondées. Elles ont notamment été démenties par l'entreprise Scytl dans un communiqué, ainsi que par les autorités allemandes sollicitées par l’AFP. Plusieurs médias américains (Reuters, PolitiFact, Associated Press, New York Times, USA Today) ont également démenti ces allégations.Des propos d’un élu républicain du Texas Les publications disent se baser sur des propos d'un élu texan du Parti républicain à la Chambre des représentants, Louie Gohmert:"Voici ce que le représentant Louie Gohmert (R-TX) a dit à propos de ce soi-disant raid en début de journée. Le gouvernement américain, une fois qu'il a déterminé que ce serveur du Dominion était impliqué dans l'échange de votes, les services de renseignement ont commencé à rechercher le serveur et ont découvert qu'il se trouvait en Allemagne. (...) Ils ont dû demander au gouvernement allemand de coopérer pour permettre la saisie de ce serveur."Louie Gohmert a en effet évoqué la saisie de serveurs en Allemagne dans une conférence en ligne, comme on peut le voir dans cette vidéo très virale.? SCYTL RAID ?@replouiegohmert reveals US Army (CIA?) team raid on Scytl server facility in Frankfurt, Germany to recover "extremely compelling" data detailing vote switching. THREAD for updates ?? pic.twitter.com/ejJSsJkvxZ — oriJONal (@orijonal) November 13, 2020Il déclarait avoir appris, via un ancien membre des services de renseignements, que "des informations extrêmement convaincantes ont pu être récupérées de Scytl, (...) dont le siège social a déménagé à Francfort"."Ces informations amassées par Scytl ont pu établir la manière dont les votes républicains ont été échangés contre des votes démocrates", ajoutait-il."Je sais qu'il y a un tweet en allemand qui explique que lundi, des forces armées américaines se sont rendues chez Scytl et ont saisi leurs serveurs", déclarait-il également, sans plus de précision.En réponse au tweet partageant la vidéo dans laquelle il s'exprime, plusieurs internautes s'interrogent sur ce "tweet en allemand".Certains redirigent vers plusieurs tweets (1, 2) très viraux, publiés en allemand le dimanche 8 novembre, six jours avant les publications en français que nous vérifions. Capture d'écran d'un tweet, réalisée le 20 novembre 2020 Capture d'écran d'un tweet, réalisée le 20 novembre 2020 "Quelque chose d'énorme se prépare", annonce l'un de ces tweets (ci-dessus à gauche): "L'entreprise espagnole Scytl, qui propose un logiciel de truquage des élections à l'échelle mondiale, utilisé dans le cadre de l'élection américaine, s'est retrouvée impliquée : les serveurs utilisés pour la manipulation étaient situés en Allemagne (Francfort). (...) Ce soir, l'ARMÉE américaine, avec un énorme contingent, a confisqué les surfeurs (les serveurs, ndlr).""Le serveur qui a participé aux fraudes électorales est situé à FRANCFORT-SUR-LE-MAIN! !! La nuit dernière, il a été saisi, grâce à de grands efforts. Un logiciel a été utilisé pour calculer de combien de votes Biden avait encore besoin pour battre Trump", affirme l'autre (ci-dessus à droite).Contacté pour des explications sur ses propos, Louie Gohmert n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.Démenti de l'entreprise ScytlEn réaction à ces affirmations virales sur les réseaux sociaux, la société Scytl, spécialisée dans les technologies électorales, a publié un démenti sur son site le 13 novembre.Elle explique qu'aucun de ses serveurs n'a été saisi, ni à Barcelone dans son siège social, ni à Francfort où elle ne possède "ni serveurs, ni bureaux", ni ailleurs.Elle précise également dans ce communiqué qu'elle ne "tabule, ne comptabilise ni ne compte les votes aux Etats-Unis", ni ne fournit de machines utilisées pour voter. Scytl ne fournit pas non plus "de services pour le vote en ligne aux juridictions américaines dans le cadre des élections".Elle a mis à disposition dans le cadre de ces élections quatre outils, ajoute-t-elle dans le même document, mais aucun n'est utilisé par les électeurs pour voter, ni par les autorités pour comptabiliser les votes. Capture d'écran du site de Scytl, réalisée le 19 novembre 2020Dans le même document, la société ajoute qu'elle n'entretient aucun lien avec Dominion, l'entreprise canadienne qui fournit les technologies électorales à un grand nombre d'Américains, ni avec George Soros, milliardaire ouvertement anti-Trump et mécène du Parti démocrate.La publication que nous vérifions affirme par ailleurs que Scytl serait financée par Vulcan Capital, une société fondée par le mécène et milliardaire américain Paul Allen, co-fondateur de Microsoft (décédé depuis).C'est vrai, comme en témoigne un article publié sur le site de Scytl annonçant la nouvelle en 2014.En revanche, comme l'a déclaré le président de la branche américaine de Scytl Jonathan Brill au New York Times, Bill Gates ne possède pas d'investissements chez Scytl, contrairement à ce qu'affirme la publication virale.La liste des investisseurs de l'entreprise est publique et consultable sur son site.Démentis des autorités allemandesLe Pentagone a refusé de commenter à l’AFP ces affirmations sur une opération de l’armée américaine en Allemagne.Un porte-parole de l’US Army avait toutefois déclaré quelques jours plus tôt à l’agence américaine AP que "ces allégations (étaient) fausses". Sollicitée par l'AFP, la police du land de Hesse, où se situe la ville de Francfort, a affirmé n'avoir aucune connaissance de telles opérations sur sa juridiction."Le Bureau d'enquête criminelle de l'État de Hesse n'a ni mené, ni apporté son soutien aux mesures policières décrites dans cet article", a déclaré un porte-parole de ce bureau, Sebastian Wolf: "Nous n'avons pas connaissances de telles actions."De son côté, un porte-parole du ministère allemand de la Justice, Maximilian Kall, a indiqué à l'AFP qu'il "est faux d'affirmer que des serveurs ont été saisis en lien avec (les) élections (américaines)". "Il n'y a eu aucune requête d'entraide judiciaire émanant des Etats-Unis en lien avec l'élection du 3 novembre 2020", a-t-il ajouté. Par ailleurs, de telles mesures pénales ne pourraient être conduites que par les autorités allemandes, "pas par des enquêteurs étrangers" comme l'affirme la publication que nous vérifions.Accusations de fraudeDepuis le 7 novembre, date à laquelle Joe Biden a été officiellement élu 46e président des Etats-Unis, le président sortant Donald Trump a refusé de reconnaître sa défaite et accusé les Démocrates de fraudes électorales.Donald Trump a relayé le 12 novembre dans un tweet, en lettres capitales, des informations de la chaîne conservatrice One America News Network (OANN) selon lesquelles le logiciel Dominion aurait "effacé 2,7 millions de votes Trump à travers le pays" et réattribué des centaines de milliers de vote à Joe Biden dans des Etats utilisant cette technologie. Photo d'illustration d'un téléphone portable placé sur un drapeau américain, sur l'écran duquel s'affiche les tweets du président Donald Trump masqués par Twitter, prise le 5 novembre 2020 à Los Angeles(Robyn Beck / AFP)Sa garde rapprochée s'appuie depuis sur ces "informations" pour attester la fraude électorale de grande ampleur qu'elle dénonce, sans donner d’éléments concrets pour les appuyer.OANN n'a pas publié en ligne son reportage sur Dominion, dont Donald Trump s'est fait l'écho sur Twitter.Le responsable de la chaîne a indiqué dans un courriel à CNN qu'il figurerait dans une enquête grand format amenée à être diffusée les 21 et 22 novembre.  L'entreprise Dominion Voting Systems s'est défendue dans un communiqué de toute défaillance de son logiciel.Plusieurs autorités électorales locales et nationales, dont l'agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA), qui dépend du ministère de la Sécurité intérieure, ont par ailleurs écarté jeudi la possibilité d'une manipulation des votes sur machines.  "Il n'existe aucune preuve d'un système électoral ayant effacé, perdu ou changé des votes, ou ayant été piraté de quelque façon que ce soit", ont-elles affirmé dans un communiqué commun. "L'élection du 3 novembre a été la plus sûre de l'histoire des Etats-Unis."Edit 24/11/2020 14h53 : Correction d'une coquille dans le chapeau de l'article. (fr)
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