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  • 2022-10-14 (xsd:date)
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  • Gazoduc Nord Stream : un enquêteur suédois retrouvé mort ? Attention à cette rumeur (fr)
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  • Un certain "Erik Olsen" ou "Ollsen", "l'enquêteur principal chargé d'enquêter sur le sabotage" des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique, est-il mort avant de révéler des secrets sur l'enquête ? C'est ce qu'avancent de nombreuses publications partagées plusieurs milliers de fois dans plusieurs pays depuis début octobre. Mais il s'agit d'une rumeur qu'aucun élément ne vient étayer à ce jour. Ni le parquet suédois en charge de l'enquête sur les fuites des gazoducs Nord Stream, ni la police de Stockholm, n'ont connaissance d'un enquêteur portant ce nom ou d'une mort suspecte parmi les personnes chargées des investigations, comme elles l'ont expliqué à l'AFP. "Olsen, trouvé chez lui. Mort par piqûre d'abeille, incinéré dans les heures qui ont suivi. Chargé d'enquêter sur le sabotage du Nordstream" : depuis début octobre, de nombreuses publications sur Facebook, Twitter ou encore Telegram, font état du décès d'un enquêteur suédois, dénommé Erik Ollsen. L'orthographe de son varie d'une publication à l'autre : Olsen, Ollsen, Ulsson ou Ollson.Un décès jugé suspect par de nombreux internautes, alors que cette personne est décrite comme "l'enquêteur principal" en charge pour la Suède d'enquêter sur le sabotage présumé, fin septembre, des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique qui relient la Russie et l'Europe.Désigné aussi comme le "chef adjoint du bureau du procureur suédois" par d'autres publications, "Erik Ollsen" aurait succombé à une "piqûre d'abeille". Capture d'écran d'un tweet faite le 12 octobre 2022"Le responsable de l'enquête sur le sabotage du gazoduc Nordstream vient de mourir d'une piqûre d'abeille et a été incinéré dans les heures qui ont suivi. Qui peut croire cela ?", déclare par exemple ce tweet en France publié le 9 octobre et partagé plus de 1.000 fois.Un prétendu décès suspect alors que cet enquêteur aurait "promis d'annoncer au monde la vérité sur l'explosion des tuyaux du Nord Stream", selon d'autres posts. Le 26 septembre, quatre énormes fuites de gaz s'étaient produites sur les deux gazoducs, installations stratégiques pour l'acheminement direct du gaz russe vers l'Allemagne, détonations provoquées selon plusieurs pays par des détonations sous-marines. Soupçonnée d'être à l'origine des fuites, la Russie rejette toute responsabilité et accuse les Occidentaux. Le 1er octobre, l'Allemagne a annoncé la formation d'une équipe commune avec le Danemark et la Suède pour enquêter sur les fuites.La fourniture d'énergie est un enjeu géopolitique et économique majeur entre les Occidentaux et la Russie, en particulier depuis l'invasion russe de l'Ukraine fin février. Carte localisant les quatre fuites dans les gazoducs Nord Stream 1 et 2 au 29 septembre 2022. ( AFP)"Aucune connaissance" d'un "Erik Ollsen" du côté des autorités suédoisesLa justice suédoise a bien commencé à enquêter pour déterminer l'origine des explosions qui ont atteint les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique le 26 septembre. Mais les recherches de l'AFP n'ont pas permis de trouver mention d'une personne portant le nom Erik Ollsen ou orthographes voisines au sein des institutions suédoises en charge des investigations. Contacté par l'AFP, le Parquet suédois en charge de l'enquête, la Swedish Prosecution Authority, a indiqué le 12 octobre "qu'aucun procureur en charge de l'affaire [Nord Stream] appelé Erik Olsson, n'est mort à la suite d'une piqûre d'abeille". "C'est une 'fake news'", a déclaré le parquet, alors que plusieurs publications indiquaient que "M. Ollsen" était censé être l'"adjoint du bureau du procureur suédois" et que "des collègues du procureur" auraient même "déjà exprimé leurs condoléances à ses proches". La Swedish Prosecution Authority a par ailleurs souligné que l'investigation sur Nord Stream était actuellement menée par Mats Ljungqvist, cité notamment dans ce communiqué de presse du 6 octobre.De même, la police de Stockholm, censée, selon plusieurs publications, avoir communiqué sur ce décès , a déclaré à l'AFP le 12 octobre n'avoir "aucune connaissance" de cette personne et "n'avoir pas communiqué sur le sujet".Plusieurs publications indiquaient pourtant que la police de Stockholm avait "rapporté quelques détails sur ce qui s'est passé" et avait déclaré que le "testament d'Ulsson [sic]" avait "été découvert avec une demande de l'incinérer immédiatement en cas de décès". Par ailleurs, aucune des recherches sur internet menées par l'AFP n'a permis de retrouver trace d'un Erik Ollsen ou Ollsen. D'autres médias de vérification sont parvenus aux mêmes conclusions, comme ici ou là.Une rumeur passée par Telegram réseau social russe VKD'où vient la rumeur? La grande majorité des publications s'appuient sur une capture d'écran du tweet d'un certain Remco Van Velzen du 8 octobre.Ce jour-là, cet internaute néerlandais, qui partage par ailleurs de nombreux tweets pro-russes sur la guerre en Ukraine, annonce la mort du "chef adjoint du bureau du procureur suédois, Erik Ollsen". Mais quelques heures plus tard, ce même internaute indique supprimer ce tweet, reconnaissant dans un autre tweet quelques heures plus tard que rien ne prouvait que "M. Ollson" [sic] était en charge de l'enquête".Malgré cela, de nombreuses publications en français, en anglais ou encore en allemand ont continué à partager la capture d'écran du tweet supprimé pour dénoncer la mort du supposé inspecteur. De son côté, Van Velzen a signalé sur Twitter s'être appuyé sur une publication du réseau social russe VK.Cette publication d'un compte francophone pro-russe partagée le 6 octobre, qui mentionnait déjà les promesses de révélation "sur l'explosion des tuyaux du Nord Stream", reprenait elle-même beaucoup d'éléments d'une autre publication russe du 3 octobre du compte intitulé "Anti-Russophobe", et dont les allégations ont depuis été partagés par de multiples autres posts.La publication en russe renvoie quant à elle vers un post similaire sur Telegram du 3 octobre, publié par un compte russe qui soutient l'invasion de l'Ukraine. Capture d'écran de Telegram faite le 14 octobre 2022Les publications VK et Telegram illustrent leur message trompeur avec la même photo d'une personne censée être le défunt.Mais la photo originelle, retrouvée par l'AFP grâce à une recherche d'images inversée, montre en réalité un homme politique hongrois, Borkai Zsolt, comme le montre cet article du média hongrois "Hungary Today" daté de 2019. Capture d'écran de VK faite le 14 octobre 2022 Capture d'écran du média hongrois Hungary Today faite le 12 octobre 2022  La confusion est telle qu'un Norvégien, du nom d'Erik Olsen, expert en écosystèmes marins, a expliqué sur Twitter le 11 octobre qu'il n'avait rien à voir avec un supposé enquêteur suédois.Soupçons de sabotage : regain des tensions entre Russie et pays occidentaux La découverte de fuites massives des gazoducs Nord Stream 1 et 2 fin septembre a provoqué un regain de tensions entre la Russie et les pays occidentaux, sur fond de guerre en Ukraine et d'accusations réciproques de sabotage des pipelines en mer Baltique. Les premières inspections menées depuis début octobre par les autorités suédoises sur le site des fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique ont "renforc[é] les soupçons de sabotage", avec des "détonations" ayant provoqué d'"importants dégâts", a annoncé le parquet suédois le 6 octobre. "Nous pouvons constater qu'il y a eu des détonations près de Nord Stream 1 et 2 dans la zone économique exclusive suédoise, qui ont entraîné d'importants dégâts sur les gazoducs", avait notamment déclaré le procureur spécial chargé de l'enquête Mats Ljungqvist dans un communiqué du même jour."Les inspections sur les lieux de l'incident ont renforcé les soupçons de sabotage aggravé. Des saisies [d'éléments de preuve] ont été faites sur place et vont être examinées", avait-t-il ajouté.Soupçonnée d'être à l'origine des explosions, la Russie a contre-attaqué, pointant les États-Unis qui ont à leur tour nié toute responsabilité. S'exprimant lors d'un forum de l'énergie à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que les graves fuites ayant touché en septembre les gazoducs Nord Stream, qui relient la Russie à l'Allemagne, étaient le résultat d'un acte de "terrorisme international". "Les bénéficiaires sont clairs (...) Car (cet incident) renforce l'importance géopolitique des systèmes gaziers restants, ceux qui passent par le territoire de la Pologne (...) et de l'Ukraine, et que la Russie a construit à ses frais. Mais aussi aux Etats-Unis qui peuvent désormais livrer leur énergie à des prix élevés", a-t-il estimé.La Maison-Blanche avait de son côté dénoncé des accusations "ridicules" contre les Etats-Unis. "Nous savons tous que la Russie diffuse de la désinformation depuis longtemps et elle le fait à nouveau ici", avait commenté la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adrienne Watson fin septembre. (fr)
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