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Une photo partagée plus de 3.600 fois sur Facebook depuis 2019 montre, selon les internautes qui la font circuler, la manière dont le "régime Alpha Condé" torture un militaire "à Kankan", en "Guinée". Or cette photo, qui continue à être régulièrement partagée sur ce réseau social, n'a rien à voir avec la Guinée: elle a été prise à Bujumbura, la capitale du Burundi, en décembre 2015."Regardez Lou régime alpha Condé" comme il torture "l'armée (...) à Kankan", en "Guinée", s'indignent des internautes en partageant une photo d'un homme torse nu dans une fosse, qui semble implorer, les mains jointes, la dizaine de militaires qui entourent la tranchée. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 26 mai 2021Partagée plus de 3.600 fois depuis octobre 2019, cette rumeur a recommencé à circuler en mai 2021 (1, 2, 3…). Une photo prise à Bujumbura en 2015Pourtant, cette image n'a rien à voir avec la Guinée ou avec son armée. Une recherche d'image inversée sur le moteur de recherche Google permet de retrouver cette photographie en illustration d'un article en anglais du média qatari Al Jazeera, publié en novembre 2015. Intitulé "L'ONU condamne les tueries au Burundi sur fond d'intensification des violences", le texte revient sur l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations Unies d'une "résolution condamnant fermement l'augmentation des meurtres, de la torture et des violations des droits humains au Burundi". Peu après la réélection contestée de Pierre Nkurunziza, décédé depuis, à la tête du Burundi en juillet 2015, la situation sécuritaire s'était aggravée dans le pays. A l'époque, les violences opposaient les autorités à des groupes contestataires armés. Entre avril et juillet 2015, au moins 240 personnes avaient été tuées et plus de 200.000 personnes avaient quitté le pays selon l'ONU. La photo virale a été prise dans ce contexte, le 7 mai 2015, par un photographe de l'agence de presse américaine AP, selon la légende visible sur le site d'Al Jazeera. On la retrouve en effet sur la plateforme de photos d'AP. Capture d'écran du site d'AP, réalisée le 27 mai 2021Selon la légende, elle montre non pas un militaire guinéen torturé, mais Jean-Claude Niyonzima, un membre supposé de la milice du parti au pouvoir, appelé Imbonerakure. Les mains jointes, il supplie dans cette image des soldats burundais de le protéger "d'une foule de manifestants" opposée à ce que le président Pierre Nkurunziza soit candidat à sa propre réélection. Manquant d'être lynché par cette foule, "Niyonzima s'était enfui de chez lui en passant par les égouts", avant de refaire surface, rapporte AP.Des arrestations de militaires en Guinée ?Comme le souligne le site de vérification des Observateurs, de France 24, qui avait vérifié cette fausse information en octobre 2019, des rumeurs d'arrestations de militaires avaient circulé à l'époque en Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest situé à près de 6.000 kilomètres du Burundi. Plusieurs médias locaux les avaient d’ailleurs relayées (1, 2, 3).Les Observateurs notent néanmoins que ces affirmations n'avaient pas pu être prouvées à l'époque, et que le ministère de la Défense avait "de son côté évoqué des arrestations d’une vingtaine de militaires pour des raisons disciplinaires liées à des vols" en juillet 2019. C'est également ce qu'avaient relaté plusieurs médias locaux en réaction à la propagation de la rumeur virale que nous vérifions (1, 2…).
(fr)
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