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  • 2020-08-26 (xsd:date)
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  • Virus fabriqué, vaccin mortel: ces affirmations du Pr Montagnier sont inexactes (fr)
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  • Dans une vidéo partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux, Luc Montagnier, codécouvreur du virus du sida et Prix Nobel de médecine, affirme que le SARS-CoV-2 a été fabriqué par l'homme et que le vaccin contre la grippe peut "tuer" un malade du Covid. Mais les affirmations de ce médecin, devenu coutumier des polémiques et très décrié dans le monde scientifique, sont inexactes. Le consensus scientifique plaide en faveur d'un virus naturel. Quant au vaccin contre la grippe, l'idée selon laquelle il "peut tuer" les malades du Covid est erronée.La vidéo de 8'40 se présente comme l'interview du Pr Montagnier, interrogé sur ses réflexions autour du Covid-19. Sur Facebook, elle a été partagée au moins 2.600 fois depuis le 22 août ici, et au moins 7.500 fois depuis le 23 août là. Sur cette page, on dénombre plus de 1.600 partages, presque 10.000 en 48 heures sur celle-là.Le compte Twitter "Laissons-les prescrire", groupe de médecins prônant l'hydroxychloroquine contre le Covid-19, a twitté un lien vers cette vidéo. Capture d'écran de Twitter faite le 26 août 2020Sur YouTube, cette version a plus de 38.000 vues au compteur depuis le 22 août.Le Pr Montagnier y déclare notamment que "ce virus, il est particulier, il a reçu ce qu'on appelle des insertions, des petits bouts d'ARN venant d'un autre virus". Il avait déjà affirmé une idée similaire - démentie par un très large consensus scientifique - dans plusieurs médias en avril.Il affirme aussi un peu plus loin que "si vous avez quelqu'un qui est atteint par le Covid-19, si vous le vaccinez contre la grippe, vous risquez de le faire mourir dans les jours ou les semaines qui suivent". Luc Montagnier, prix Nobel en 2008, aujourd'hui décriéLuc Montagnier, 88 ans, a dirigé, de 1972 à 2000, l’unité d’oncologie virale de l'Institut Pasteur. "En 2008, ses travaux sur la découverte du virus du sida en 1983, ont été récompensés par le prix Nobel de (...) médecine, qu’il partage avec le Pr. Françoise Barré-Sinoussi", explique l'Institut Pasteur sur son site.Mais il a aussi été moqué par la communauté scientifique en défendant des théories comme l'émission d'ondes électromagnétiques par l'ADN ou la papaye comme remède à certaines maladies grâce à ses propriétés anti-oxydantes.Plusieurs médias ont ces dernières années consacré des articles à son parcours, qualifié de "lent naufrage scientifique" en 2017 par Le Figaro, tandis que Le Monde détaillait dans ce portrait de 2018 ses prises de position "radicales" qui ont fait de lui un "paria".En 2017, la Revue médicale suisse écrivait "Luc Montagnier, étrange Nobel séduit par l'irrationnel". Luc Montagnier en 2017 La même année, une centaine de membres des Académies de médecine et des sciences avait publiquement désavoué le Pr Montagnier, qui venait de s'afficher lors d'une conférence de presse aux côtés du Pr Henri Joyeux, célèbre militant anti-vaccin.La théorie d'un virus fabriqué par l'hommeEn l'occurrence, le Pr Montagnier évoque des "insertions" de matériel génétique d'un autre virus dans le SARS-CoV-2, ce qui serait la preuve qu'il n'est pas d'origine naturelle mais qu'il a été fabriqué par l'homme. Cela est faux.Comme expliqué dans cet article de l'AFP,  cette théorie émane d'un texte rendu public en janvier sur la plateforme de "prépublications" BioRxiv, où des scientifiques peuvent déposer leurs travaux avant leur relecture et validation par leurs "pairs", c'est-à-dire avant leur publication dans une revue.Cet article - qui évoque des similitudes entre le virus du sida, le VIH , et le SARS-Cov-2 - a fait l’objet de vives critiques de la part de la communauté scientifique, au point qu’il a ensuite été dépublié par ses auteurs, qui ont expliqué que ces ressemblances relevaient du hasard.L'ONG Science Feedback, spécialisée dans la lutte contre la désinformation scientifique, a aussi démonté cette idée ici en février 2020."Cela n'a pas de sens. Ce sont de tout petits éléments que l'on retrouve dans d'autres virus de la même famille, d'autres coronavirus dans la nature", expliquait en avril à l'AFP le virologue Etienne Simon-Lorière de l'Institut Pasteur à Paris. Un laborantin à l'institut Pasteur en janvier 2020"Ce sont des morceaux du génome qui ressemblent en fait à plein de séquences dans le matériel génétique de bactéries, de virus et de plantes", ajoutait-il."Si on prend un mot dans un livre et que ce mot ressemble à celui d'un autre livre, peut-on dire que l'un a copié sur l'autre ?" ."C'est aberrant", assénait ce responsable de la structure génomique évolutive des virus ARN à l'Institut Pasteur.Cette fausse affirmation est tellement populaire que l'Institut y a consacré un chapitre sur son site internet. Capture d'écran du site de l'Institut Pasteur faite le 25 août 2020En mars déjà, un article de la prestigieuse revue scientifique Nature, réfutait l'idée d'un virus créé artificiellement. "Les données génétiques montrent de façon irréfutable que le SARS-CoV-2 n'est pas dérivé d'un (autre virus)", écrivaient les auteurs, provilégiant une origine "naturelle". A début juin 2021, il n’y a pas de preuves d'une manipulation ou d’une fabrication qui aient été mises au jour et ces théories restent très improbables, soulignent régulièrement scientifiques et autorités.L’hypothèse d’un virus naturel (prélevé dans la nature par exemple) mais échappé d’un laboratoire ne peut en revanche théoriquement être exclue à 100%, comme l’ont expliqué notamment les services de renseignements américains plusieurs fois. Les experts de l'OMS, missionnés du 14 janvier au 9 février 2021 en Chine, où sont apparus les premiers cas de la maladie en décembre 2019 selon Pékin, ont pour autant estimé que l'hypothèse d'une fuite d'un laboratoire était la moins probable mais le patron de l'OMS lui-même, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ensuite réclamé une nouvelle enquête sur cette hypothèse, rejoint par de nombreux pays occidentaux.Le 14 mai 2021, des scientifiques ont également appelé à examiner sérieusement la possibilité d'un accident de laboratoire dans une lettre publiée par la revue "Science" tout en estimant que les théories d'une origine animale ou accidentelle en laboratoire "restent toutes les deux viables".Pour en savoir plus sur les enjeux autour des origines du Covid, les différentes théories et les enjeux politiques, à lire "Les origines du Covid : beaucoup d'hypothèses, peu de certitudes" publié le 31 mai 2021.Le vaccin contre la grippe ne tue pas les malades du Covid-19...De façon générale, il est déconseillé par précaution de se faire vacciner lorsqu'on a une infection avec de la fièvre, comme le rappelle le site officiel français vaccination-info-service.fr"Les contre-indications les plus fréquentes sont: la présence au moment de la vaccination d’une maladie aigüe avec fièvre ; une allergie grave connue à l’un des composants du vaccin ; une réaction allergique grave lors d’une précédente injection du vaccin", est-il détaillé.Pourquoi ? "Il peut y avoir des effets secondaires aux vaccins, comme de la fièvre" donc "de manière générale on préfère que les vaccins soient faits lorsque les gens n'ont pas de fièvre parce que s'ils sont de la fièvre, on ne sait pas si c'est le vaccin ou leur maladie", explique à l'AFP le Pr Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé, dans un entretien téléphonique le 26 août 2020.Deuxièmement, "quand on a une maladie infectieuse, et notamment le Covid dans ses formes sévères, il peut y avoir une baisse d'immunité" car "le système immunitaire est déjà sollicité par la maladie", dit-elle."Donc ce n'est pas le meilleur moment: les personnes risquent de ne pas s'immuniser correctement et le vaccin pourrait ne pas être complètement efficace", poursuit la scientifique.Mais "ce n'est pas pour autant que c'est dangereux. Au pire, le vaccin est moins efficace", dit encore le Pr Bouvet."Je ne vois vraiment pas de raisons pour lesquelles le fait de vacciner contre la grippe quelqu'un qui aurait un Covid pourrait lui être néfaste", insiste la spécialiste des vaccins.Même si les symptômes sont légers ou inexistants, ou qu'il y a simplement une suspicion de Covid, certaines autorités conseillent en outre de reporter sa vaccination pour ne pas exposer personnel de santé et autres personnes à la maladie, comme l'expliquent les Centers for Disease Control (CDC), les agences sanitaires américaines ici.... ni les personnes en chimiothérapie.Le Pr Montagnier affirme aussi, à tort, qu'une "si vous avez quelqu'un qui a une chimiothérapie bien équilibrée contre un cancer, si vous le vaccinez contre la grippe, vous allez le tuer aussi très rapidement". C'est faux.Parce que leur système immunitaire est affaibli, les personnes en chimiothérapie doivent au contraire être vaccinées. "Les personnes sous chimiothérapie peuvent avoir une baisse des globules blancs et ont plus de risques que les autres de faire une infection. C’est pourquoi on recommande que les personnes qui vont recevoir une chimiothérapie ou qui sont en cours de chimiothérapie soient vaccinées contre la grippe chaque année et soient vaccinées contre le pneumocoque", explique vaccination-info-service.Même si, puisque ces personnes sont immuno-déprimées, il peut être préférable de pratiquer la vaccination après la cure de chimiothérapie pour que le vaccin soit pleinement efficace, note Elisabeth Bouvet.Unicancer, réseau français de centres hospitaliers spécialisés dans la lutte contre le cancer, explique aussi dans la fiche ci-dessous destinée aux médecins traitants les spécificités de la vaccination de cette population: pas de danger mais au pire, une moindre efficacité. Capture d'écran du site d'Unicancer effectuée le 26 août 2020De façon générale, les médecins et les autorités de santé de nombreux pays appellent à ne pas négliger les vaccinations en période de Covid, d'autant que le confinement a pu en retarder certaines.Etre protégé contre les autres maladies permet d'éviter de les attraper en plus du Covid et de surcharger le système de santé.EDIT 01/06/2021 avec éléments de contexte concernant l’hypothèse d’une fuite de laboratoire (fr)
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