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  • 2020-10-27 (xsd:date)
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  • Non, cette vidéo ne montre pas une manifestation réprimée en Guinée sous Alpha Condé (fr)
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  • Une vidéo cumulant plus de 5.700 partages sur Facebook depuis le 22 octobre prétend montrer des victimes de la répression policière en Guinée sous Alpha Condé, le président sortant déclaré vainqueur de l'élection présidentielle du 18 octobre. Attention: cette vidéo très virale montre en réalité une manifestation violemment réprimée à Conakry par les forces de l'ordre lors d'une grève générale en 2007, durant le mandat de Lansana Conté.Sur une large avenue, un véhicule blindé s'avance vers une foule de manifestants. Soudain, des coups de feu claquent. La foule se disperse tandis que les balles continuent de fuser."Stop Alpha Condé", s'indigne un des internautes qui publie cette vidéo virale, partagée plus de 5.700 fois (1, 2, 3) depuis le 22 octobre, jour de l'annonce de résultats quasiment complets de l'élection présidentielle guinéenne créditant le sortant Alpha Condé de la majorité absolue dès le premier tour. Capture d'écran d'une vidéo Facebook, réalisée le 27 octobre 2020Le 24 octobre, le président guinéen a été déclaré vainqueur de la présidentielle avec 59,49% des voix, selon les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), remportant ainsi un troisième mandat controversé. Son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, qui s'était proclamé vainqueur de la présidentielle dès le lendemain du scrutin, a obtenu 33,5% des suffrages, selon la commission.Les violences, qui avaient éclaté avant l'annonce des résultats, ont redoublé depuis l'annonce de la victoire d'Alpha Condé.Le 26 octobre, le bilan s'élevait à 21 morts, selon le gouvernement guinéen.Pour autant, cette vidéo n'a pas été prise lors des violences post-électorales de ces derniers jours, comme le sous-entendent les internautes qui l'ont partagée sur Facebook.Grèves de 2007 en GuinéeUne recherche via l’outil d’analyse de vidéo et d’images Invid-WeVerify* permet d'obtenir plusieurs captures d'écran de cette vidéo. Ces images, une fois passées par une recherche d'images inversée sur le moteur de recherche russe Yandex, mènent vers un article en russe daté du 13 février 2007 évoquant l’état d’urgence et un couvre-feu décrétés par le président guinéen Lansana Conté en raison d’émeutes dans le pays.On retrouve une capture d’écran de cette vidéo utilisée en illustration.  Capture d'écran d'un article de newsru.com (traduction automatique par Google Translate), réalisée le 27 octobre 2020Une recherche sur Google avec les mots-clés "Guinée manifestation 2007" permet notamment de retrouver la même séquence vidéo postée sur YouTube le 18 février 2007 par un compte baptisé "liberteguinee". La vidéo est intitulée "Massacre en Guinée Conakry 2007". Capture d'écran d'une vidéo YouTube réalisée le 27 octobre 2020La scène se passe sur une large avenue, dont les deux voies (losanges rouges) sont séparées par un terre-plein central, longeant ce qui ressemble à une voie ferrée (flèche bleue).Sur des plans plus larges, on remarque également quatre grandes tours (rectangle jaune), qui émergent au-dessus d’une forêt qui longe la voie ferrée. Capture d'écran d'une vidéo YouTube réalisée le 27 octobre 2020 Capture d'écran d'une vidéo YouTube réalisée le 27 octobre 2020 Ces grandes tours ressemblent à des minarets. En recherchant des photos de mosquées qui seraient placées à proximité d'un grand axe, d’une voie ferrée et d'une forêt, tels que les montre la vidéo, l'AFP a été en mesure d'identifier la mosquée visible à l'arrière-plan. Il s'agit de la Grande mosquée Fayçal, la plus grande mosquée de la capitale guinéenne Conakry et l'une des plus grandes de la région, située le long de la route N1. Capture d'écran de Google Maps, réalisée le 27 octobre 2020Sur les photos disponibles sur Google Maps, on voit clairement quatre minarets identiques, blancs, couronnés de petites coupoles vertes.  Capture d'écran de Google Maps, réalisée le 27 octobre 2020D'autres indices permettent d'affirmer qu'il s'agit bien de la mosquée Fayçal. Sous plusieurs vidéos postées sur Facebook (1, 2) et retrouvées grâce à une recherche d'images inversée sur le moteur de recherches Google, des internautes situent la scène à proximité.L'un d'entre eux mentionne même les minarets de "la Grande mosquée de Fayçal" à l'arrière-plan.  Captures d'écran de commentaires sous deux publications Facebook, réalisées le 27 octobre 2020Plus précisément, ils expliquent que cette vidéo aurait été filmée entre entre le pont du 8-novembre (rectangle rouge) et le quartier de Coleah (rectangle jaune), le long de la route N1.  Capture d'écran de Google Maps, réalisée le 27 octobre 2020Comme l'AFP le relatait à l'époque, la Guinée était alors secouée par une grève générale déclarée début janvier 2007 et réprimée dans le sang par les forces de l'ordre. En 18 jours, 59 personnes avaient été tuées. La limitation des pouvoirs de Lansana Conté, au pouvoir à l'époque depuis 23 ans, constituait la principale exigence des syndicats qui s'étaient mobilisés.Violences post-électorales d'octobre 2020Après l'annonce des résultats presque complets de l'élection présidentielle guinéenne du 18 octobre 2020, le principal opposant à Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, a annoncé qu'il les contesterait devant la Cour constitutionnelle."Nous allons protester contre ce hold-up électoral par la rue", a déclaré à l'AFP l'opposant, bloqué à son domicile de Conakry par la police: "Nous allons quand même saisir la Cour constitutionnelle, sans se faire trop d'illusions."Dès l'annonce des résultats, des affrontements ont éclaté entre forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène, et manifestants. Des "bérets rouges" (militaires) sont venus en appui aux policiers et aux gendarmes.Des émissaires de l'ONU, de l'Union africaine (UA) et de la Communauté de développement de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sont arrivés le 25 octobre dans le pays pour une "mission diplomatique préventive".Deux jours plus tard, la médiation a demandé "aux autorités guinéennes de faire en sorte que les forces de défense et de sécurité agissent avec retenue et professionnalisme dans la gestion des manifestations". Elle a également appelé à des "enquêtes pour faire la lumière sur les violences afin de traduire les auteurs en justice".Selon Amnesty International, les forces de sécurité ont fait depuis une semaine un usage excessif de la force, tirant à balles réelles contre des manifestants. L'ONG a aussi condamné les coupures d'internet.* Outil de vérification de vidéos, développé notamment par l'AFP. (fr)
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