?:reviewBody
|
-
Pfizer a-t-il renoncé au marché uruguayen pour fuir la justice ? Après qu'un juge uruguayen a demandé la "suspension immédiate" de la vaccination des enfants contre le Covid-19, certains auteurs de publications sur Twitter en France ont déclaré que la société pharmaceutique avait préféré quitter le pays, pour se soustraire à une décision de justice demandant des documents sur la composition des vaccins. Or Pfizer, ainsi que le ministère de la santé uruguayen ont indiqué à l'AFP que l'entreprise n'a pas décidé de quitter le sol uruguayen. Par ailleurs, la composition du vaccin Pfizer est déjà connue.Le 7 juillet, un juge uruguayen a ordonné la "suspension immédiate" de la vaccination des enfants de moins de 13 ans contre le Covid-19 dans le pays, dans l'attente de la publication des contrats passés entre le gouvernement et le laboratoire Pfizer, ainsi que de la "composition des substances" contenue dans le produit.Cette décision contre l'entreprise pharmaceutique a suscité nombre de commentaires au-delà des frontières du pays. En France, plusieurs publications ont salué un "coup de théâtre" qui obligerait Pfizer à dévoiler le contenu de ses vaccins anti-Covid. D'autres tweets partagés plusieurs milliers de fois ont par ailleurs déclaré que l'entreprise avait "préféré renoncer au marché uruguayen que de répondre à cette question capitale qui aurait été rendue publique". En réalité, Pfizer n'a pas quitté l'Uruguay, comme le ministère de la santé uruguayen et l'entreprise américaine l'ont confirmé à l'AFP. "Les informations divulguées sont fausses", a indiqué l'antenne de Pfizer en Uruguay. "Pfizer ne s'est pas retiré de l'Uruguay. Nous sommes une entreprise avec 60 ans de présence dans le pays et nos opérations se poursuivent".Les contenus qui annoncent un départ de Pfizer du pays sont "faux" a aussi déclaré le ministère de la Santé à l'AFP."Une atteinte grave à l'état vaccinal" selon le gouvernementLe gouvernement uruguayen, dirigé par le président conservateur Luis Lacalle Pou, s'est conformé à la décision judiciaire et a suspendu la vaccination des enfants de moins de 13 ans, mais a décidé de faire appel. "La remise en question de la sécurité et de l'efficacité des vaccins est une atteinte grave à l'état vaccinal et sanitaire atteint dans notre pays", a déclaré le ministre de la santé Daniel Salinas, dans un communiqué le 7 juillet."[Cette décision] remet en cause les preuves scientifiques accumulées et écrasantes, informations qui ont été publiées sur le site du MSP [Ministère de la santé publique] et sont à la disposition de la population", avait-t-il souligné. "Les vaccins ont été approuvés et enregistrés à l'échelle nationale. Les vaccins sont efficaces et sûrs, ils ont réussi à réduire la mortalité et les infections, ils sont un mécanisme pour protéger la vie, la santé et l'intégrité des personnes, ils ont été approuvés et administrés par l'autorité compétente", avait aussi déclaré le ministère en amont de l'audition le 7 juillet.Dans sa décision, le juge Alejandro Recarey avait indiqué que la suspension de la vaccination pour cette tranche d'âge serait en vigueur jusqu'à ce que "tous les contrats d'achat de ces vaccins" et les documents "détaillant la composition des substances à administrer" soient publiés dans leur intégralité.Le juge avait motivé sa décision en expliquant que Pfizer devait "fournir aux responsables des mineurs qui se vaccinent" un document "qui les informe pleinement et clairement" sur le contenu des injections, leurs bénéfices, les risques qu'elles comportent "en précisant leur nature, leur probabilité, leur ampleur", et les "effets indésirables déjà détectés, dans leur intégralité".Avant la décision de jeudi, le gouvernement avait de son côté dénoncé une supposée partialité du juge Recaray. Ce dernier a pour sa part indiqué que sa décision avait été déformée et a déclaré qu'il n'y avait "pas d'atteinte à la liberté de vaccination", et dans un communiqué publié le lendemain de la décision, le magistrat a fait valoir que la sentence ne remettait pas en cause la validité du vaccin. Le président Luis Lacalle Pou (à droite) avec le ministre de la Santé Daniel Salinas lors d'une conférence de presse à Montevideo le 10 janvier 2022 ( AFP / Dante Fernandez)La composition des vaccins connueLe juge a décrit une décision mue par une volonté de transparence, estimant qu'"aucun gouvernement ne peut signer des contrats secrets, dans l'ignorance de l'opinion publique, liés à des points pouvant impliquer des risques pour les droits humains de la population". La justice avait ainsi demandé au gouvernement et au laboratoire américain de rendre public leur contrat sur la fourniture de vaccins. Une requête qui n'a pas encore été acceptée.Concernant les autres demandes, le ministère de la santé avait toutefois publié dès le 5 juillet la composition des différents vaccins utilisés en Uruguay, de Pfizer à AstraZeneca en passant par le vaccin chinois Sinovac. Même avant cette publication, la composition de Pfizer n'était pas tenue secrète, et la liste des composants avait déjà été publiée par les autorités sanitaires européennes ou américaines. Alors que beaucoup d'interrogations ont entouré le contenu des vaccins, l'AFP a déjà effectué plusieurs articles de vérification sur le vaccin Pfizer, notamment au sujet d'affirmations infondées sur la présence de graphène ou de potentielles substances toxiques. De nombreux propos sur les supposés méfaits de l'ARN messager ont aussi été vérifiés par l'AFP à plusieurs reprises.L'Uruguay fait partie des pays possédant les plus forts taux de vaccination contre le Covid-19 dans le monde. Avec plus de 83% de sa population possédant un schéma vaccinal complet, ce pays de 3,5 millions d'habitants figure devant de nombreux Etats de l'Union Européenne, dont la France (78,6%) ou l'Allemagne (76,1%). Un peu moins de 45% des 5-11 ans avaient aussi reçu deux doses de vaccin en Uruguay avant la décision du 7 juillet. Infographie sur les principaux types de vaccins existants pour lutter contre un virus ( AFP / John SAEKI)La vaccination des enfants contre le Covid s'étend dans le mondeDe nombreux pays ont autorisé la vaccination chez les enfants depuis plusieurs mois. Le 5 juillet dernier, le ministère israélien de la Santé a annoncé avoir autorisé la vaccination des enfants âgés de 6 mois à 4 ans contre le Covid-19, avec les injections des laboratoires Pfizer et Moderna. Le pays est devenu le deuxième pays au monde après les Etats-Unis à autoriser les vaccins à ARN messager à l'ensemble de sa population, dont les tout-petits.Les experts de deux comités consultatifs israéliens ont conclu que les effets secondaires étaient "bénins" et le taux d'efficacité de ces vaccins importants, selon une lettre du directeur de la Santé Nachman Ash adressée le 1er juillet au ministère et dont l'AFP a eu une copie. Tous les experts ont indiqué que les vaccins étaient sûrs et la plupart d'entre eux "ont recommandé de vacciner les bébés et les jeunes enfants à risque et de développer la vaccination de tous les enfants, même ceux qui ne sont pas à risque", selon la lettre.Quelques pays dont l'Argentine, le Bahreïn, le Chili, la Chine, Cuba, le territoire d'Hong Kong et le Venezuela, proposaient auparavant des injections contre le Covid pour les tout-petits, mais pas des vaccins à ARNm (Pfizer, Moderna).En France, la vaccination des 5-11 ans a démarré fin décembre, mais elle demeure marginale : au 27 juin 2022, seuls 2,6% des 5-9 ans et 8,1% des 10-11 ans avaient obtenu une première dose, selon Santé Publique France.
(fr)
|