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  • 2021-10-22 (xsd:date)
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  • Ces images ne prouvent pas la présence de "parasites" vecteurs d'une maladie tropicale dans les vaccins (fr)
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  • Des "parasites" dans les vaccins anti-Covid ? C'est ce que prétend un certain Robert Young dans un rapport d'analyse de la "composition des pseudo-vaccins" partagé sur internet. Mais ce n'est pas possible, ont expliqué des scientifiques à l'AFP, car ces parasites ont besoin de conditions précises pour prospérer. Ils ne survivraient pas dans un vaccin. Dans un long document d'une vingtaine de pages, Robert O. Young prétend faire le détail de la "composition des pseudo-vaccins" contre le Covid après des analyses au microscope. Son texte se termine notamment avec l'affirmation selon laquelle le Covid n'existe pas.Il explique y trouver, photos à l'appui, de l'"oxyde de graphène" ainsi que des "parasites Trypanosoma cruzi", vecteurs de la maladie de Chagas et "dont plusieurs variantes sont mortelles et constituent l'une des nombreuses causes du syndrome d'immunodéficience acquise ou SIDA", selon le rapport.Ce document, ou parfois le résumé de ses conclusions, traduit dans un français approximatif vraisemblablement via un logiciel de traduction automatique, a été relayé des centaines de fois sur les réseaux sociaux, via plusieurs sites (celui-ci, celui-ci ou celui-là) depuis la fin du mois d'août 2021.Des publications similaires ont été partagées en polonais.Robert O. Young n'est pas le seul à affirmer observer des organismes vivants en analysant le vaccin au microscope. L'ostéopathe américaine Carrie Madej prétendait voir des "objets vivants" à "tentacules", dans une expérience jugée "ni scientifique ni rigoureuse" par plusieurs chercheurs auprès de l'AFP.D'autres affirmations au sujet de "parasites" dans les vaccins, démenties par des experts, ont aussi circulé en Corée du Sud ces derniers jours. A noter qu'il n'est pas possible de vérifier indépendamment quelles sont les substances prétendument analysées au microscope par les auteurs de ces différentes publications.Robert Young et son "rapport"Robert O. Young est un américain qui se présente comme titulaire d'un doctorat ("PhD") sur son compte Instagram. Il a pratiqué la "médecine alternative" et a été condamné pour traitement sans autorisation par un tribunal américain.Fin août, il a publié sur son propre site internet ce qu'il présente comme "un article de recherche", dont le but est "d'identifier les ingrédients majeurs et mineurs spécifiques contenus dans le vaccin Pfizer, le vaccin Moderna, le vaccin Astra Zeneca et le vaccin Janssen en utilisant divers tests scientifiques anatomiques, physiologiques et fonctionnels pour chaque vaccin SRASCOV-2-19", un terme hybride qui mélange le nom du virus (Sars-CoV-2) et la maladie qu'il provoque, le Covid-19.Sur son site, Robert Young propose par ailleurs des conseils pour améliorer sa digestion, la perte de poids, la réduction du stress ou la "détox". Même si la présentation de son document ressemble à celle d'études scientifiques publiées dans des revues spécialisées, sa simple mise en ligne n'en valide pas le contenu d'un point de vue scientifique. Un article de recherche doit répondre à un certain nombre de critères de méthodologie et in fine, être relu par d'autres scientifiques ("revue par les pairs" ou "peer-reviewing") pour publication dans une revue scientifique. Ni "parasites" ...Robert Young affirme avoir trouvé le parasite Trypanosoma cruzi dans le vaccin de Pfizer-BioNech, qu'il explique identifier à partir d'une photographie tirée de l'Atlas de Parasitologie (image en couleur ci-dessous). Ce parasite est notamment vecteur de la maladie de Chagas.Cependant, le professeur Alexander Demiashkevich, un parasitologue de l'Institut de parasitologie de l'Académie polonaise des sciences a expliqué le 7 octobre à l'AFP : "ce que vous voyez sur la photo en noir et blanc n'est certainement pas Trypanosoma cruzi. Ce n'est pas non plus un autre parasite (...) Mais il est plus probable qu'il s'agisse d'un artefact", c'est-à-dire quelque chose qui n'est pas un produit de la nature et plus précisément, en imagerie médicale, une altération de l'image (due à l'appareil par exemple). "L'image avec les cercles roses montre des globules rouges et les parasites Trypanosoma cruzi qui sont visibles entre eux. Ces organismes allongés de couleur violette sont des vers parasites protozoaires, aussi appelés vers amérindiens. La photo est probablement tirée d'un atlas de parasitologie et ne peut certainement pas représenter ces parasites dans un quelconque vaccin", explique le chercheur, qui est l'un des rares parasitologues polonais à étudier ces parasites présents, entre autres, dans la forêt de Białowieża."D'un point de vue théorique, s'ils entraient dans le vaccin, ils ne survivraient pas de toute façon. Trypanosoma cruzi a besoin d'un environnement favorable pour se développer. Ils sont extrêmement sensibles, ne vivant que dans le plasma sanguin et non dans un environnement étranger et chimique, comme les préparations vaccinales. En aucun cas, ils ne survivraient dans un vaccin", précise encore le parasitologue.On peut notamment voir à quoi ressemble ce parasite dans l'Encyclopédie Britannica. Il possède un fil, un noyau, une membrane ondulée, un kinétosome, selon la description. Le médecin chilien Ignacio Silva, spécialiste de la maladie de Chagas a ajouté le 7 octobre auprès de l'AFP que "pour survivre, Trypanosoma cruzi a besoin d'un vecteur, et dans ce cas, c'est l'insecte vinchuca (ou triatoma infestans, connu sous le nom de punaise ailée, ndlr). Trypanosoma cruzi a besoin de cet hôte pour survivre, il n'est pas possible qu'il survive dans un vaccin"."Les photos (à l'exception de la photo de l'atlas avec les créatures violettes parmi les cercles) ne montrent pas Trypanosoma cruzi. Ce que l'on peut voir ne sont que des ombres. L'auteur de la publication, Robert O. Young, montre ici des ombres qui, selon lui, ont la forme de Trypanosoma cruzi... C'est de la pure fantaisie qui vient de personnes qui ne sont pas des scientifiques", a ajouté Werner Apt, chercheur et directeur du laboratoire de parasitologie de la faculté de médecine de l'université du Chili.Par ailleurs, ce parasite n'est pas à l'origine du sida, acronyme de Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise. Celle-ci est causée par un virus, le VIH, comme expliqué par exemple sur le site de l'Institut Pasteur. Vaccination en avril 2021 à New York ( AFP / ANGELA WEISS)... ni oxyde de graphènePlusieurs pages du rapport de Robert O. Young prétendent aussi démontrer que les vaccins anti-Covid contiennent de l'oxyde de graphène. Le graphène est un nanomatériau (un composé constitué de minuscules particules) qui aurait des propriétés antibactériennes et antivirales. "C'est un matériau issu du graphite, comme votre mine de crayon, qui est faite de graphite, et si vous n'en prenez qu’une feuille, c'est du graphène. Il n'a rien de mystérieux, ce sont des atomes de carbone reliés entre eux", avait expliqué à l'AFP en juillet Erik Dujardin, chercheur au Centre d'élaboration de matériaux et d'études structurales du CNRS à Toulouse, le 13 juillet. Fiche sur les propriétés du graphène, le matériel le plus résistant connu dans la nature ( AFP / Nicolas RAMALLO, Gustavo IZUS, Kenan AUGEARD)L'oxyde de graphène, mentionné par Robert Young, en est un dérivé. "L'oxyde de graphène, ce n'est jamais que du graphène dégradé. Les atomes de carbone ne sont plus seulement liés entre eux, mais aussi avec des atomes d'oxygène", a ajouté le chercheur."L'oxyde de graphène est une substance différente, qui peut contenir jusqu'à 50/60% d'oxygène. La présence des atomes d'oxygène mène à une structure complètement différente du graphène, qui a été utilisée dans des batteries, des capteurs, des encres et d'autres choses encore", a expliqué Maurizio Prato, directeur de la santé et l'environnement à Graphene Flagship, un projet de recherche financé par la Commission européenne, dans un mail à l'AFP le 27 septembre.La théorie selon laquelle il y aurait de l'oxyde de graphène dans les vaccins anti-Covid -avec des images à l'appui- est devenue au fil des mois un classique de la désinformation vaccinale et ont déjà fait l'objet de plusieurs articles de l'AFP Factuel, comme ici en juillet ou là en août.Cette même idée a été vérifiée par d'autres médias de fact-checking dans le monde entier, comme ici ou là. Enfin, Marcelo Mariscal, vice-doyen de la faculté des sciences chimiques de Córdoba en Argentine, avait quant à lui expliqué début octobre que l'oxyde de graphène comme adjuvant potentiel de vaccin est une piste qui fait l'objet de recherches, mais qu'il "s'agit d'études modèles dans des phases de recherche fondamentale, qui sont encore loin d'une application." Vaccination en Colombie en octobre 2021 ( AFP / RAUL ARBOLEDA)Plusieurs mois avant l'autorisation d'urgence des premiers vaccins contre le coronavirus, les premières théories sur d'éventuels "ingrédients" suspects ou secrets ont circulé en ligne, pour tromper la population. Pourtant, leurs composants ne sont pas secrets. Ceux de Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Janssen ont tous été communiqués par les autorités sanitaires.Les vaccins soumis à de nombreux contrôles Avant d'être administré, le vaccin est soumis à de multiples contrôles par des laboratoires accrédités par l'Union Européenne, le laboratoire officiel de contrôle des médicaments (OMCL). Tout cela est coordonné par la Direction européenne pour la qualité des médicaments (DEQM), un programme du Conseil de l'Europe. Chaque pays peut effectuer ses propres contrôles supplémentaires.Il arrive qu'une contamination puisse être détectée. Cela s'est d'ailleurs produit au Japon avec le vaccin de Moderna, où de petites particules d'acier inoxydable ont été trouvées dans les flacons de vaccin.Takeda Pharmaceutical Co., le responsable de la vente et de la distribution de ce vaccin au Japon et Moderna ont déclaré dans un communiqué le 1er septembre qu'une enquête menée dans l'usine de la société espagnole Rovi, qui met en bouteille des vaccins pour le marché non américain, a montré que la contamination des vaccins a pu se produire lors de la mise en place des bouchons.Le communiqué soulignait que "de petites quantités de particules ne posaient pas de risque excessif pour la sécurité des patients et n'avaient pas d'incidence négative sur la balance bénéfices/risques du produit. Des particules métalliques de cette taille injectées dans le muscle peuvent provoquer une réaction locale, mais il est peu probable qu'elles provoquent d'autres effets indésirables au-delà du site d'injection local." (fr)
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