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Quatre jours après l'assassinat de Samuel Paty, une photo diffusée sur Facebook prétend montrer "l'inauguration d'une mosquée salafiste" en "présence d'Anne Hidalgo" et de "l'islamiste en garde-à-vue". C'est faux, ce cliché montre en réalité un imam de la Grande mosquée de Paris et des personnalités politiques et religieuses, rassemblés en septembre 2014 devant ce lieu de culte pour un hommage à Hervé Gourdel, guide français assassiné en Algérie par des proches de l'Etat islamique.Une "mosquée salafiste" inaugurée par Anne Hidalgo, en présence d'un "islamiste" aujourd'hui en "garde-à-vue" ?C'est ce que prétend, sur la base d'une photo, une publication diffusée sur Facebook le 20 octobre, 4 jours après l'assassinat sauvage par un islamiste de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.Sur cette photographie virale on distingue un homme barbu, micro à la main, entouré de trois femmes politiques française : Nathalie Kosciuzsko-Morizet, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse.Partagée plus de 1.200 fois en 24h, l'image ne montre en réalité aucune inauguration de mosquée salafiste.Ce cliché date d'il y a 6 ans. Il a été pris lors d'un rassemblement devant la Grande mosquée de Paris, en hommage à Hervé Gourdel, un guide français assassiné par des islamistes en septembre 2014 en Algérie.L'homme barbu tenant un micro n'est pas un "islamiste" actuellement "en garde à vue" mais un des imams de la plus ancienne mosquée de France, a-t-il confirmé à l'AFP par téléphone. Capture d'écran prise le 21 octobre 2020 sur FacebookEn recherchant la capture d'écran ci-dessus sur le site de Yandex.com/images, on retrouve la photographie originale, prise le 26 septembre 2014 par l'agence photos Maxppp.Ce cliché a été utilisé dans un article de France Inter relatant la mobilisation de musulmans français contre "la barbarie" et "le terrorisme", "3 jours après la mort Hervé Gourdel, assassiné en Algérie au nom du groupe Etat Islamique."Une recherche par mots clés permet de retrouver des vidéos de ce rassemblement en hommage à Hervé Gourdel, dont une publiée par l'AFP. Dans ces vidéos (1,2), on aperçoit bien les mêmes personnalités politiques que sur la publication virale, comme le montrent ces captures d'écran ci-dessous. Capture d'écran de la vidéo AFP "Des musulmans dénoncent l'exécution de Gourdel" du 26 septembre 2020 Capture d'écran de la vidéo de LinePress "Hommage à Hervé Gourdel devant la Grande Mosquée de Paris" du 26 septembre 2014 L'homme qui tient le micro n'inaugure donc pas une "mosquée salafiste" mais clôture le rassemblement d'hommage par un discours sur le "vivre-ensemble".Il s'agit de Khaled Larbi, imam à la grande mosquée de Paris.Là encore, une simple recherche par mots clés permet de retrouver plusieurs vidéos de ses prêches ou de ses conférences sur le dialogue inter-religieux (1,2,3) tenues entre 2018 et 2020.La publication virale erronée le présente, sans plus de détails, comme "l'islamiste en garde à vue", après l'assassinat de Samuel Paty.Contacté par l'AFP le mercredi 21 octobre, M.Larbi dément, et explique n'avoir "rien à voir avec le salafisme" et "aucun autre mouvement"."Je donnerai un prêche vendredi : on a le droit de ne pas être d'accord mais pas le droit d'ôter la vie à quelqu'un. Celui qui l'a fait n'a aucune relation avec l'Islam" ajoute M. Larbi."Les imams de la Grande Mosquée de Paris exercent des fonctions dans le respect des règles et des valeurs républicaines. Aucun d'entre eux n'a été le sujet d'une interpelation pour radicalisation par les services de police" explique la direction générale de la Grande Mosquée de Paris à l'AFP, le 21 octobre.L'enquête sur l'assassinat du professeur Samuel Paty vise notamment un père d'élève, Brahim C., et le militant islamiste radical, Abdelhakim Sefrioui, a déclaré le 21 octobre le procureur de la République antiterroriste Jean-François Ricard. M. Sefrioui (voir photo ci-dessous) avait notamment diffusé il y a quelques jours sur Youtube une vidéo dans laquelle il dénonçait le professeur assassiné, qualifié de "voyou". Le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui le 29 décembre 2012, mise en cause dans l'enquête sur l'assassinat du professeur Samuel Paty (Miguel MEDINA / AFP) (AFP / Miguel Medina)Parmi les 7 personnes qui ont été déférées devant la justice se trouvent également deux collégiens de 14 et 15 ans, soupçonnés d'avoir désigné l'enseignant à l'assaillant, en échange d'une somme d'argent de 300 à 350 euros, a expliqué le procureur.
(fr)
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