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Après un début de polémique autour de la gestion des cercueils dans un hall du marché de Rungis, le ministre de l'Intérieur avait demandé un "contrôle" des tarifications demandées aux familles endeuillées. Contacté par l'AFP, l'opérateur funéraire OGF, en charge de la gestion de l'accueil des cercueils à Rungis, a annoncé vendredi dans un communiqué qu'il prendra à sa charge tous les frais relatifs à ce funérarium temporaire, "à compter de ce jour et jusqu'à sa fermeture".Pour faire face à la hausse de la mortalité en raison de l’épidémie de covid-19, un bâtiment du marché de gros de Rungis a été transformé en morgue d'une grande capacité.Le préfet de Police, Didier Lallement, avait décidé d'ouvrir ce lieu pour répondre "aux besoins constatés et à venir" face à "la tension qui persiste sur l’ensemble de la chaîne funéraire, et qui devrait durer pendant plusieurs semaines encore", est-il précisé dans cette dépêche de l'AFP. Mercredi soir sur BFMTV, Sandrine Thiefaine, président de Pompes funèbres de France, un opérateur concurrent de l'entreprise OGF qui été choisie pour gérer le site, a jugé "pas acceptable" que le passage du cercueil à Rungis soit "payant pour les familles"."Il y a 150 € de frais d'admission à peu près et en France on a six jours pour inhumer une personne (...) Parfois on dépasse le délai, il y a des dérogations des préfectures et à partir de la à Rungis on facture une journée supplémentaire 35 € et si la famille veut venir se recueillir pendant une heure on lui laisse un espace pour 50 €", a-t-elle déploré. Sur les réseaux sociaux, cette intervention a déclenché une avalanche de critiques à l'encontre des tarifs appliqués à Rungis. "Le nouveau monde d'aujourd'hui c'est donc ça : on meurt tout seul sans une main amie et la famille paie le frigo pour récupérer ses morts ? Ça suffit ! On peut confiner nos corps mais pas notre humanité !", a tweeté le chef de file de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon.Eric Ciotti, député Les Républicains, a dénoncé aussi sur Twitter "l'indignité absolue et sans limites, faire payer la conservation d'un corps en plus d'une mort dans une solitude complète et d'obsèques a minima. Jusqu'où ira l'inhumanité? Cette crise révèle parfois et malheureusement le pire".Le député RN Bruno Bilde a demandé, dans une question écrite à Christophe Castaner, "comment le préfet de police de Paris peut justifier ces règles indécentes" et ce que "compte faire le gouvernement pour mettre fin à ce marché de la honte".Qui gère ce lieu ?Dès l'annonce de sa réquisition, la préfecture de Police de Paris avait annoncé dans un communiqué du 2 avril que la gestion du bâtiment serait confiée à un opérateur funéraire : (Le communiqué de presse du ministère de l'intérieur du 2 avril)"Un bâtiment excentré et isolé du marché de Rungis a été réquisitionné", avait expliqué jeudi 9 avril sur Twitter le Marché de Rungis, "les familles endeuillées y accèdent gratuitement. Notre rôle s'arrête ici. Nos pensées vont aux familles"."Il me semble anormal que les contraintes liées à la situation de confinement et à des mortalités massives soient imputées financièrement aux familles", avait déclaré jeudi 9 avril Christophe Castaner devant la mission d'information de l'Assemblée nationale sur l'épidémie de covid-19.Soulignant que "la morgue de Rungis (était) gérée par un opérateur privé", il avait expliqué qu'en découvrant "les tarifs" pratiqués par celui-ci, il avait "demandé un contrôle".De nombreuses publications, partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux (1,2,3,4,5), affirmaient par ailleurs que c'était la préfecture de police de Paris qui facturait 250 € aux familles des défunts. Ce n'est pas le cas."Beaucoup de gens ont cité le préfet Lallement (le préfet de Paris Didier Lallement, ndlr) alors qu’il n’y est pour rien", avait affirmé jeudi Christophe Castaner."L'opérateur funéraire a fixé une grille tarifaire pour toutes les prestations qu'il assure, conformément aux usages du secteur", pouvait-on lire dans un communiqué du ministère de l'Intérieur du 9 avril.OGF a confirmé être l'opérateur funéraire du site dans un communiqué transmis à l'AFP en fin de matinée vendredi 10 avril.Quid des tarifs ?Dans ce communiqué, OGF avait également confirmé les prix avancés à l'antenne par Sandrine Thiefaine."Un forfait de prise en charge comprenant les 6 premiers jours de séjour est ainsi facturé 159 euros. Si le séjour doit se prolonger, une tarification complémentaire de 35 euros à la journée s'applique", avait expliqué OGF qui ajoutait que "conformément à l'annonce faite par le Ministère de l'Intérieur, ces frais supplémentaires ne seront pas supportés par les familles et directement pris en charge par l'Etat".Un espace de recueillement était à la disposition des familles, au prix de 55 euros, avait-il été précisé dans le communiqué.Les "montants sont très inférieurs à une admission avant mise en bière et l'utilisation des installations techniques dans un funérarium classique", avait également écrit OGF.Dans un deuxième communiqué, transmis en début d'après-midi vendredi 10 avril, OGF a finalement annoncé "qu'il prendra à sa charge tous les frais relatifs à ce funérarium temporaire, à compter de ce jour et jusqu'à sa fermeture"."En conséquence, aucune entreprise de Pompes Funèbres ne peut facturer des frais pour l'utilisation de ce dépositoire et les services qui y sont rendus", peut-on lire dans le communiqué."Une polémique tout à fait injustifiée et déplacée a éclaté quant à la contribution financière demandée aux familles", a également écrit OGF, précisant que "30 collaborateurs du groupe ont été immédiatement mobilisés pour assurer le fonctionnement du dépositoire"."Si les corps n'étaient pas déposés à Rungis, ils seraient transférés dans un funérarium", avait expliqué à l'AFP Camille Strozecki des Pompes funèbres 1887, acteur parisien du secteur, qui a déposé deux cercueils à Rungis, interrogé avant que OGF n'annonce prendre en charge les coûts liés à l'accueil des défunts."Pour un décès classique, une semaine en funérarium à Paris coûte environ 750 euros. Les tarifs appliqués à Rungis n'(étaient) donc pas si élevés", selon lui.
(fr)
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