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Un extrait du journal télévisé de la chaîne française France 24, très partagé sur les réseaux sociaux fin janvier, est censé relater une récente "tentative de coup d'État" contre le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba. Cette vidéo est certes authentique, mais elle est ancienne et date de 2019, quelque temps après un putsch manqué dans ce pays d'Afrique centrale, dont le dirigeant était alors en convalescence à l'étranger.'Des tirs entendus dans Libreville", annonce la présentatrice de cette séquence de journal télévisé d’une minute et sept secondes. Sont ensuite diffusées des images de militaires qui prennent la parole sur la Radio-Télévision Gabonaise (RTG) et appellent la population à se soulever. Sur Facebook, des internautes ont utilisé ce reportage le 21 janvier 2023 pour annoncer un "coup d’Etat en cours" au Gabon."Vives tensions au Gabon hier vendredi 20 janvier 2023. D’après des sources, des tirs ont été entendus le matin dans la capitale", alerte par exemple l’auteur d’une publication qui totalise plus de de 230.000 vues depuis le 21 janvier.Le même message est repris dans d’autres posts sur Facebook (1, 2) et fait écho à un contexte sensible dans le pays, à quelques mois des élections présidentielles prévues en août 2023. Le 10 janvier, des opposants gabonais ont dénoncé dans une lettre au président français, Emmanuel Macron, sa visite à Libreville prévue le 2 mars à l'occasion d'un sommet international. Il y voient un soutien à la candidature encore non déclarée d’Ali Bongo.La vidéo qui circule sur Facebook suscite certains commentaires hostiles au président gabonais, Ali Bongo Ondimba. D’autres internautes, sceptiques, remettent en cause la crédibilité de ce message. "Ces images sont anciennes", note l'un d'eux; et il a bien raison. Une vidéo qui remonte à janvier 2019Différents indices sur la vidéo qui circule indiquent qu’il s’agit d’un reportage de France 24 : le logo, le plateau et la présentatrice Pauline Paccard, facilement reconnaissable. Nous avons retrouvé la même vidéo sur la chaîne Youtube de France 24 en saisissant les mots-clés "Gabon+tentative+coup d’Etat" dans la barre de recherche. Elle y a été publiée le 7 janvier 2019. Capture d'écran effectuée le 25 janvier 2023 sur la chaîne Youtube de France 24Une information confirmée à l'AFP par la rédaction de France 24 le 25 janvier. "Cette vidéo de France 24, avec un ancien habillage d’antenne, date du 7 janvier 2019 et relate une tentative de coup d’Etat au Gabon, largement documentée" à l'époque dans les médias, explique la rédaction de la chaîne. Le 7 janvier 2019 correspond effectivement au jour où une tentative de coup d'Etat menée par une poignée de soldats a échoué au Gabon.Par ailleurs, le reportage de France 24 montre des militaires annoncer à la radio nationale que “l’armée a décidé de se mettre du côté de son peuple afin de sauver le Gabon du chaos” et l'on entend ensuite la présentatrice Pauline Paccard expliquer que la tentative de coup d’Etat s’est déroulée en l’absence du président gabonais, soigné à l'étranger “après un accident vasculaire cérébral à la fin du mois d’octobre”.Les auteurs du putsch manqué tués ou en prisonEffectivement, au moment du coup d'Etat raté, Ali Bongo, alors au pouvoir depuis dix ans, se trouvait en convalescence au Maroc, à la suite d'un AVC survenu deux mois plus tôt.Ce jour-là, les auteurs de ce putsch manqué, le lieutenant Kelly Ondo Obiang, membre de la Garde républicaine (GR), l'unité d'élite et garde prétorienne du président, ainsi que d'autres militaires, avaient pénétré de force au siège de la RTG et étaient apparus à l'écran en treillis et fusil d'assaut à la main, appelant au "soulèvement populaire",.Mais le groupe de mutins n'avait été suivi par personne et la tentative de putsch avait rapidement tourné court. Deux putschistes avaient été abattus par les forces de sécurité et Ondo Obiang avait été arrêté, puis condamné à 15 ans de réclusion criminelle comme d'autres officiers.Ali Bongo continue à diriger ce pays d'Afrique centrale riche en pétrole et le 20 janvier, contrairement aux rumeurs de coup d'Etat le disant au Maroc, il était bien à Libreville, où il présidait un Conseil des ministres, comme le montre ce tweet de la présidence gabonaise accompagné de photos du chef de l'Etat.En images, le Conseil des ministres de ce vendredi 20 janvier 2023 présidé par le @PresidentABOpic.twitter.com/Q7iIfR914F — Présidence de la République Gabonaise (@PresidenceGA) January 20, 2023 Elu président après le décès de son père Omar Bongo Ondimba en 2009, lui-même resté plus de 41 ans au pouvoir, Ali Bongo a été réélu de justesse en 2016 lors d'élections contestées par l'opposition. Depuis son AVC survenu en octobre 2018, qui l'a tenu de longs mois éloigné de la scène politique, des opposants pointent régulièrement son état de santé fragile et remettent en question sa capacité à gouverner tout comme son rôle politique réel au sein de l'exécutif gabonais.Pour l'heure, M. Bongo n'a toujours pas annoncé officiellement sa candidature même si le chef d'Etat de 63 ans, est largement pressenti pour être le candidat du tout-puissant Parti Démocratique Gabonais (PDG) qui le présente comme son "candidat naturel".
(fr)
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