PropertyValue
?:author
?:datePublished
  • 2021-06-08 (xsd:date)
?:headline
  • Cette photo montre l’ex-chef d'état-major français Pierre de Villiers, et non un "mercenaire" français arrêté en Centrafrique (fr)
?:inLanguage
?:itemReviewed
?:reviewBody
  • Des publications partagées plus de 1.200 fois depuis le 4 juin sur Facebook relaient une photo censée montrer un "mercenaire" français arrêté mi-mai en Centrafrique aux côtés du président Emmanuel Macron. Or dans cette image prise par un photographe de l'European Pressphoto Agency (EPA), l'homme aux côtés du chef de l'Etat n'a rien à voir avec le Français arrêté en Centrafrique avec un large stock d'armes et de munitions: il s'agit de l'ex-chef d'état-major de l'armée française, Pierre de Villiers.Un homme en treillis se tient entre Sylvie Goulard, ancienne ministre française des Armées, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, et Emmanuel Macron, le président de la République française. Deux militaires les encadrent. A l'arrière-plan, on aperçoit deux véhicules, l’un couvert par une bâche de couleur sable.Selon les internautes qui partagent cette photo, l'homme en treillis, qui semble proche du président et de ses ministres, est le "mercenaire [français] qui a été arrêté en Centrafrique" avec "un arsenal d’armes lourdes" lors d’une opération de police menée à Bangui, la capitale, le 10 mai. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 7 juin 2021Ce mercenaire "n’était pas par hasard dans ce pays", assure l’une de ces publications, pour qui "cet illustre personnage a été envoyé en Centrafrique pour une mission bien déterminée". "La France génocidaire d'Emmanuel Macron comprend qu’elle n’a plus une main mise totale" sur ce pays "alors elle opère comme à son habitude dans l’ombre", insiste l'auteur de ce message.Ces publications ont été partagées plus de 1.200 fois depuis le 4 juin sur Facebook en Afrique francophone (1, 2, 3...) et circulent également sur Twitter (1, 2).Une photo du chef d'état-major français à Gao, au MaliPourtant, le militaire visible sur cette photo n'a rien à voir avec l'homme arrêté le 10 mai dans la capitale centrafricaine. Ce ressortissant français, arrêté en possession d'une "énorme quantité d'armes et de munitions", selon le gouvernement centrafricain et un conseiller russe du président du pays, Faustin Archange Touadéra, est toujours incarcéré. Il a travaillé dans plusieurs organisations dans le pays, comme garde du corps, selon des sources humanitaires. Lors de son interpellation, des publications virales avaient déjà circulé sur les réseaux sociaux en prétendant qu'il s'agissait d'un "mercenaire" à la solde de l'Etat français. Des photos de son arrestation et de ses papiers d'identité avaient été publiées en ligne. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs reprises par les publications que nous vérifions.Mais contrairement à ce qu’affirment ces messages, l’homme présent aux côtés d’Emmanuel Macron sur la photo principale n’est pas ce "mercenaire". Une recherche d'images inversée sur le moteur de recherches Google permet de retrouver cette même image en tête d'une tribune du quotidien français La Croix.Dans ce texte, un haut gradé, le Général Vincent Desportes, demandait au gouvernement français nouvellement constitué par le Premier ministre Edouard Philippe d’apporter des réponses aux problèmes auxquels est confrontée l'armée française, notament sur le plan "budgétaire". Capture d'écran du site de La Croix, réalisée le 7 juin 2021L'image en question a en réalité été prise par un photographe de l'European Pressphoto Agency (EPA), Christophe Petit-Tesson, le 19 mai 2017 à Gao, au Mali. Le président français et une partie de son gouvernement effectuaient alors une visite aux forces de l'opération antijihadiste Barkhane, qui intervient dans cinq pays du Sahel depuis 2014. Capture d'écran du site AFP Forum, réalisée le 7 juin 2021Selon la légende de la photo, que l'on retrouve dans la banque d'images de l'AFP (l'agence EPA ayant travaillé dans le cadre d'un "pool" images lors de ce déplacement), l'homme en treillis encadré par Sylvie Goulard et Jean-Yves Le Drian est l'ex-chef d'état-major des armées, Pierre de Villiers. D'autres photos prises le même jour le montrent aux côtés de la ministre des Armées ou bien du président lui-même. La ministre des Armées Sylvie Goulard (D) marche avec le  le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers (C) lors de sa visite aux côtés du président français aux troupes françaises de l'opération antijihadiste Barkhane dans la région sahélienne de Gao, dans le nord du Mali, le 19 mai 2017(AFP / Christophe Petit Tesson) Le président français Emmanuel Macron (D) converse avec le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers (C) après avoir survolé Gao, lors d'une visite aux troupes françaises de l'opération antijihadiste Barkhane dans la région sahélienne de Gao, dans le nord du Mali, le 19 mai 2017(AFP / Christophe Petit Tesson) Pierre de Villiers, en conflit avec le président Emmanuel Macron au sujet du budget de la Défense, a démissionné le 19 juillet 2017, une semaine après avoir été brutalement rappelé à l'ordre par le chef de l'Etat. Il avait au préalable formulé plusieurs critiques au sujet du budget alloué à la défense nationale. Le général François Lecointre a été nommé pour le remplacer au poste de chef d'état-major de l'armée française. Âgé de 59 ans, ce Saint-Cyrien était depuis septembre 2016 chef du cabinet militaire du Premier ministre, où il a successivement servi les socialistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, puis Édouard Philippe.Un Français aux arrêts à BanguiL'arrestation du Français dont la photo circule sur les réseaux sociaux a ému le ministère français des Affaires étrangères, qui a déploré le 12 mai, par la voix de sa porte-parole, "l'instrumentalisation manifeste de cette arrestation"."Les informations personnelles de cette personne ont été immédiatement rendues publiques par le biais de réseaux de désinformation liés à la promotion d'intérêts bien identifiés qui sont habitués à viser la présence et l'action de la France en République centrafricaine", a dénoncé cette porte-parole. Depuis 2018, la France voit son influence contestée dans son ancienne colonie par une offensive diplomatique de la Russie, et est régulièrement la cible de campagnes hostiles relayées par des médias locaux. En décembre 2020, Facebook avait étayé le scénario d'une guerre de désinformation entre Paris et Moscou et supprimé publiquement trois réseaux de "trolls" gérés à partir de la Russie et de la France, dont un ayant des connexions avec l'armée française, tous accusés de mener des opérations d'ingérence en Afrique.Arrêté à son domicile, le ressortissant français bénéficie à ce jour de la protection consulaire de l'ambassade de France, avait indiqué le Quai d'Orsay. "Elle exerce sa protection consulaire envers lui comme elle le ferait à l'égard de tout ressortissant français, dans le plein respect de la Convention de Vienne sur les relations consulaires", selon sa porte-parole, pour qui "cette protection vise à s'assurer que la personne dispose d'un accès à un avocat, à un médecin et de ses conditions de détention".Selon des informations de Radio France Internationale, le dossier de ce ressortissant, "mis en examen pour différents chefs d'inculpation" en Centrafrique, "est désormais sur le bureau du juge d'instruction qui mène les enquêtes". Le Français, qui a depuis son arrestation été transféré, toujours selon RFI, au centre de détention du camp de Roux, "pourrait être jugé lors de la prochaine session criminelle si l'enquête est terminée". Edition du 08/06/2021: précise que l'auteur de la photo, Christophe Petit-Tesson, travaille à l'European Pressphoto Agency (EPA) et non à l'AFP. L'EPA avait couvert ce déplacement à Gao dans le cadre d'un "pool images" (groupement) auquel participaient plusieurs agences, dont l'AFP. (fr)
?:reviewRating
rdf:type
?:url