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  • 2022-12-17 (xsd:date)
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  • "Le canular du transport électrique" : attention à cette vidéo virale sur des scooters "abandonnés" (fr)
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  • Une vidéo montrant des milliers de scooters alignés dans un terrain vague a fait le tour des réseaux sociaux, dans des publications expliquant que ces engins "en fin de vie" auraient été "abandonnés" car leur batterie ne pourrait être recyclée. Ces images ont suscité la colère d'internautes, ironisant sur le caractère peu écologique de ces véhicules électriques, certains assurant que les images ont été filmées en France. Mais ces images ont été tournées en Chine. La société commercialisant ces scooters, Meituan, assure à l'AFP avoir loué le parking pour stocker "temporairement" certains de ses véhicules en raison de conditions météorologiques ou de restrictions des autorités locales sur le nombre de deux-roues en libre-service autorisés à circuler. En France, le recyclage de trottinettes, vélos ou scooters électriques et de leur batterie, encadré par l'UE, est obligatoire et contrôlé, ont expliqué deux éco-organismes à l'AFP."Scooters verts électriques qui ont atteint la fin de la durée de vie de la batterie. En raison du coût élevé du remplacement des batteries, les trottinettes électriques sont abandonnées car s'en débarrasser d'une autre manière est dangereux et coûteux (...) Place au canular du transport électrique", ironise une internaute française dans une publication partagée plus de 42.000 fois depuis le début du mois de décembre.Cette légende s'accompagne d'une vidéo montrant des milliers de vélos jaunes alignés en rang dans un immense terrain vague. Capture d'écran prise le 08/12/2022 sur FacebookLa vidéo est rapidement devenue virale en letton, en grec, en slovaque, en anglais, en allemand, et en polonais, de nombreuses publications assurant qu'il s'agirait d'un "cimetière français". Capture d'écran prise sur Twitter le 16/12/2022D'où vient cette vidéo? Sur la vidéo que nous vérifions apparaît le logo "smartsetting". Une recherche sur le compte TikTok de @smartsetting conduit à une occurrence de la vidéo, avec écrit pour seule légende en anglais "incroyable, regardez ça", sans expliquer d'où proviennent les images.L'AFP a néanmoins pu identifier le logo qui apparaît à l'arrière des véhicules. Il appartient à la société chinoise Meituan, qui propose un service de scooters en libre-service en Chine. Capture d'écran prise sur le site de Meituan le 16/12/2022  Une recherche sur Wikimedia Commons montre des scooters de la même marque qui ressemblent en tout point à ceux de la vidéo virale, comme le montre la comparaison ci-dessous. Capture d'écran prise le 16/12/2022 Capture d'écran prise le 16/12/2022  Contacté le 6 décembre, un porte-parole de Meituan a confirmé à l'AFP que la vidéo montrait bien des scooters électriques de sa marque garés "dans un parking d'une ville du sud de la Chine", et non en France, comme le soutiennent plusieurs publications.L'équipe AFP Factuel n'est pas parvenue à retrouver la localisation exacte de ce parking. Il ne s'agit pas, selon la société chinoise, "de véhicules en fin de vie abandonnés" parce qu'ils ne pourraient être recyclés, mais de deux-roues stockés faute de pouvoir être mis en circulation."Actuellement, en raison des conditions météorologiques ou de consignes des autorités locales, nous avons dû réduire le nombre de scooters électriques en service dans certains endroits et stocker temporairement les véhicules non utilisés (...) dans des parkings extérieurs loués par Meituan", a déclaré le porte-parole de Meituan.L'entreprise chinoise soutient également que ses scooters électriques usagés et leur batterie sont recyclés. "Nous envoyons tous nos scooters hors d'usage, y compris leurs batteries, à des entreprises de traitement des déchets qui sont agrémentées pour les recycler. Meituan utilise certaines pièces, comme les pneus en polyuréthane, pour construire des pistes de course et des terrains de sport pour les écoles des régions reculées de Chine", a poursuivi l'entreprise.C'est également ce que racontait Slate dans cet article de 2017.L'essor des vélos en libre-serviceEn 2016, de nombreuses entreprises chinoises se sont lancées dans l'industrie du vélo électrique ou des scooters en libre-service en Chine. Ces deux-roues partagés, déblocables simplement à l'aide d'un smartphone et pouvant être laissés n'importe où après utilisation, ont rapidement séduit. Dans des agglomérations envahies par les embouteillages, ce concept a permis de relancer les deux-roues, alors que le principal moyen de locomotion en Chine jusque dans les années 1970 était le vélo, avant d'être peu à peu supplanté par la voiture. L'Equipe rapporte qu'au total, plus de 70 compagnies se sont lancées dans ce secteur fructueux et, plus de 20 millions de vélos électriques en libre-service étaient disponibles en 2017.Mais rapidement, ces véhicules, pour la plupart sans plaque d’immatriculation, contrairement aux scooters et vélos électriques des particuliers, ont saturé l'espace urbain. Ils étaient parfois abandonnés sur les voies publiques, devenant un cauchemar de gestion pour les municipalités en engendrant embouteillages, accidents et pollution.Certaines autorités locales ont, pour y répondre, partiellement restreint l'octroi de licences pour les vélos électriques et ont demandé à certaines entreprises, arrivées sur le marché lors d'un flou réglementaire, de traiter ces vélos excédentaires, comme le rapportait l'AFP dans cette dépêche.Beijing, par exemple, a plafonné à 800.000 le nombre de vélos autorisés tandis que le gouvernement de la ville de Xianyang, dans la province du Shaanxi, dans le nord de la Chine, a publié en 2019 une notice sur le développement des vélos partagés, appelant à leur interdiction et au traitement de ces vélos par les entreprises en l'espace d'un mois.Face à une offre beaucoup plus importante que la demande, de nombreuses sociétés ont fait faillite et les entreprises restantes ont connu d'importantes difficultés pour gérer le surplus de vélos inutilisés en temps voulu. Elles ont dû les stocker provisoirement dans des terrains vagues ou des parkings, souvent en périphérie des villes, créant de gigantesques "cimetières à vélo".L'AFP racontait dans sa dépêche, publiée le 4 avril 2021 et en vidéo, qu'à Shenyang, la capitale de la province du Liaoning, dans le nord-est de la Chine, un immense terrain vague accueillait plusieurs milliers de vélos électriques actuellement inutilisés.Sur ces images, filmées au drone, les véhicules jaunes emblématiques de Meituan sont reconnaissables, mais aussi ceux de deux autres sociétés, les bleus de Youon et verts de Didi. L'Equipe Mag rapportait en 2020 que ces "cimetières" sont démantelés par le gouvernement au fur et à mesure, mais que le processus prenait beaucoup de temps face à la quantité d'engins produits en surnombre. Le principe du pollueur-payeur en FranceDans les publications virales, les internautes français, qui parlent simultanément de scooters puis de trottinettes électriques, assurent que ces véhicules seraient abandonnées sur de grands parkings de cette manière "car s'en débarrasser d'une autre manière est dangereux et coûteux" en fustigeant "un canular du transport électrique".Mais Corepile et Screlec, les deux principaux éco-organismes chargés en France de la collecte des piles et batteries de ses transports électriques, comme les trottinettes, vélos ou scooters électriques, ont assurés à l'AFP n'avoir jamais eu connaissance de telles pratiques.Ils ont estimé qu'abandonner des milliers de véhicules électriques usagés est empêché, dans l'Hexagone, par le concept de " responsabilité élargie du producteur", ou "pollueur-payeur". Ce principe prévoit que les responsables de la mise sur le marché de véhicules doivent également financer ou organiser la gestion des déchets issus de leurs produits. Un homme conduit un vélo électrique, devant la Tour Eiffel, le 18 novembre 2020 ( AFP / LUDOVIC MARIN)"En France et en Europe, une double réglementation s'impose aux producteurs de ces véhicules, à qui il incombe la gestion de fin de vie des équipements qu'ils ont le marché : ils doivent recycler à la fois la batterie et l'équipement qu'il y a autour", a détaillé pour l'AFP le 15 décembre Sylvain Dia, responsable marché et petite mobilité électrique pour Screlec.Aujourd'hui, la réglementation européenne exige qu'au minimum 50 % des matériaux compris dans une batterie soient recyclés. "Les producteurs choisissent généralement de s'organiser collectivement pour assurer ces obligations dans le cadre d'éco-organismes à but non lucratif, agréés par les pouvoirs publics", détaille le site du ministère de l'Ecologie."Les décharges publiques sont interdites par la loi, tout est contrôlé et très surveillé. Les produits recyclables qui sont éventuellement dangereux ou polluants doivent être repris dans des filières contrôlées par l'Etat pour les recycler. Les producteurs qui mettent ces transports électriques sur le marché versent une éco-participation, comprise dans le prix d'achat, qui tourne autour de 2 euros 50 par batterie et permet à l'éco-organisme d'assurer la collecte des batteries usagées", a expliqué à l'AFP le 14 décembre Frédéric Hédouin, directeur général de Corepile."Une fois ramenés par un particulier ou un professionnel dans un point de collecte d'un éco-organisme, les véhicules sont acheminés vers des centres de traitement et les produits vont être démantelés. Les batteries sont broyées et on récupère un certain nombre de métaux comme du nickel, du lithium, un peu de cobalt, de l'acier, de l'aluminium... En moyenne, 65% du poids d'une batterie de vélo est recyclé en métaux. Le reste est dépollué", poursuit Frédéric Hédouin."En Chine, des sociétés ont investi dans des grosses flottes de véhicules électriques, mais, à la fin, ils ont dû en mettre de côté car ce n'était plus rentable. En France, il serait impossible de laisser mourir sur des parkings des véhicules hors d'usage puisque que les volumes que vous avez mis sur le marché ont dû être déclarés au niveau européen et que vous devez avoir proposé une solution gratuite de reprise comme le prévoit la réglementation", estime Sylvain Dia."Si le producteur ne peut pas prouver qu'il est passé par un éco-organisme ou qu'il assure pour son compte la gestion de ses batteries arrivées en fin de vie, c'est lui qui sera responsable et devra payer une amende, mais on saura que c'est lui", assure Sylvain Dia. Dans son rapport 2021, Screlec assure avoir collecté 21 tonnes de batteries, tandis que Corepile indique avoir pris en charge 10.044 tonnes pour la même année. Et la législation va continuer à se durcir. L'Union européenne va obliger les industriels à rendre les batteries plus écologiques, plus facilement remplaçables et recyclables, selon un accord trouvé le 9 décembre entre les eurodéputés et les Etats membres, qui mise sur "l'économie circulaire" pour doper la production de batteries en Europe.Le texte adopté couvre l'ensemble du cycle des batteries, de leur conception à leur fin de vie, et s'appliquera à tous les types de batteries vendues dans l'UE tels que les smartphones, ordinateurs, électroménager, scooters, voitures et batteries industrielles..Les fabricants devront, dès 2024, renseigner l'empreinte carbone totale attendue de chaque batterie, de l'extraction minière au recyclage et pour les batteries de vélos, scooters et trottinettes électriques, le taux minimal de reprise s'élèvera à 61% d'ici 2031. (fr)
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