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Il y aurait eu "95,58% de vaccinés" parmi les cas d'Omicron recensés au 30 décembre en Allemagne, affirment des publications partagées plusieurs milliers de fois depuis. Ce pourcentage se fonde cependant sur une erreur de l'institut de santé allemand Robert Koch, qui l'a reconnue et a modifié son rapport en conséquence le 3 janvier. Les données actuelles ne permettent pas d'établir précisément quelle est l'efficacité de la vaccination contre le variant Omicron, mais les premières conclusions suggèrent cependant qu'elle protègerait des cas les plus graves."Le rapport de l'Institut Robert Koch publié aujourd'hui indique que 95,58% des cas #Omicron en Allemagne sont complètement vaccinés", indique l'éditorialiste de RT France Alexis Poulin dans un post Twitter daté du 30 décembre partagé plus de 1.500 fois. D'autres publications en concluent que les vaccins n'assurent "aucune protection contre omicron et au contraire les vax augmentent l'infection".Des affirmations similaires, fondées sur les mêmes pourcentages, ont été partagées quelques milliers de fois en français sur Twitter, Facebook, et reprises par des blogs (1, 2).Des internautes allemands et autrichiens ont aussi partagé en masse ces affirmations sur Twitter, Telegram et Facebook. Le compte Twitter en anglais de "Disclose.tv" s'en est également fait le relais à travers un post partagé à près de 20.000 reprises. Capture d'écran Twitter, prise le 12/01/2022 Capture d'écran Twitter, prise le 12/01/2022 D'où vient ce pourcentage ?Les publications citent comme source un rapport de l'Institut Robert Koch (IRK), l'organisme de santé à l'échelon fédéral en Allemagne. Ce dernier publie chaque jeudi un rapport hebdomadaire sur l'évolution de la pandémie de Covid-19 dans le pays.Le rapport du 30 décembre 2021 aborde notamment la présence du variant Omicron en Allemagne. En le consultant le 12 janvier, on remarque dès la première page que le rapport mentionne une correction dans ses chiffres, réalisée le 3 janvier 2022. Il est cependant possible de retrouver la version initiale du rapport archivée en ligne.A la page 14 de ce rapport initialement publié, il était en effet indiqué que parmi les 10.443 cas enregistrés d'Omicron en Allemagne, 186 cas l'étaient chez des personnes non-vaccinées, et 4.020 chez des personnes vaccinées.Cependant, le statut vaccinal de 6.237 personnes, soit d'environ 60% des personnes infectées par Omicron, n'était pas indiqué dans le rapport. Ainsi, le pourcentage de "95,58% de vaccinés" parmi les infectés par Omicron, calculé avec les chiffres erronés, correspondait en réalité au pourcentage de vaccinés parmi les personnes infectées par ce variant dont le statut vaccinal était connu, qui représentaient en fait 40% du total des personnes infectées par Omicron dont faisait part le document.Une erreur de l'Institut Robert KochLe chiffre des 186 cas d'Omicron chez des personnes non-vaccinées était par ailleurs une "erreur" de l'IRK, a reconnu l'institut.Une porte-parole de l'organisme de santé a précisé le 3 janvier auprès de l'AFP que "la section du rapport hebdomadaire [du 30 décembre] contenait malheureusement une erreur. Au lieu de 186, il y avait en fait 1.097 personnes non vaccinées infectées par Omicron. Lors de l'actualisation d'une semaine à l'autre, un chiffre avait été oublié, cela a été corrigé dans une mise à jour".Le même jour, l'IRK a en effet actualisé ce rapport. La correction apparaît depuis, en rouge, dès le début du document. Capture d'écran du rapport hebdomadaire de l'IRK du 30 décembre, modifié le 3 janvier, prise le 11 janvierDans le rapport de la semaine précédente, on trouve effectivement le chiffre que l'institut explique avoir oublié d'actualiser : au 23 décembre 2021, il y avait 186 cas d'Omicron chez des personnes non vaccinées, pour 924 chez des personnes vaccinées. Le total réel de personnes infectées non vaccinées est donc presque six fois plus élevé que le nombre indiqué par erreur.En France, CheckNews avait également fait part de cette erreur dans un article le 3 janvier.Des données pas représentatives de toute la population du paysDans sa version corrigée, le rapport de l'IRK indique qu'"entre le 21.11.2021 et le 27.12.2021, 10.443 cas (suspectés) du variant Omicron ont été recensés au total en Allemagne (...) 1.555 d'entre eux ont été confirmés avec certitude par séquençage du génome entier, tandis que 8.888 ont été classés comme cas suspectés d'Omicron après un test PCR spécifique au variant".Le rapport ajoute bien que "des informations complémentaires sont parfois connues pour les cas d'Omicron déclarés". Parmi ces informations, on trouve des déclarations liées aux détails des symptômes, ou encore sur le statut vaccinal des personnes infectées. L'IRK précise ainsi que "1.097 patients n'étaient pas vaccinés, 4.020 étaient complètement vaccinés, parmi lesquels un rappel de vaccination a été indiqué pour 1.137 cas".Les informations sur le statut vaccinal n'étaient donc connues que pour près de la moitié (5.117) des plus de 10.443 cas d'Omicron enregistrés. En outre, les données de l'IRK "concernent des déclarations de tests, avec des symptômes mineurs, et non pas les cas graves entrant à l'hôpital. Un biais sociologique évident, c'est que les gens vaccinés sont plus susceptibles d'aller se faire tester que les non-vaccinés", ajoute Nicolas Manel, chercheur en immunologie à l'Institut Curie, affilié à l'Inserm, le 11 janvier auprès de l'AFP. Ces données ne proposent donc pas un aperçu représentatif de la proportion de la population vaccinée ou non-vaccinée infectée par Omicron en Allemagne à cette date.La proportion de vaccinés en AllemagneLorsque l'on évalue l'efficacité d'une vaccination, il est important de considérer la proportion de personnes vaccinées, par rapport à la population totale. Puisque les vaccins contre le Covid n'empêchent pas complètement les infections, il est cohérent que si la population d'un pays est largement vaccinée, un certain nombre d'infections aient lieu parmi les personnes ayant reçu le vaccin.Début décembre, l'IRK avait notamment illustré cela à l'aide de graphiques : s'il y a plus de personnes vaccinées dans la population, la probabilité qu'il y ait des patients atteints du Covid vaccinés augmente également. Il en va de même pour les patients hospitalisés, comme détaillé dans ces articles de vérification de l'AFP (1, 2).1/3 Neuer #Wochenbericht➡️https://t.co/mtCB353YSoDer Vergleich der Inzidenzen nach Impfstatus unter symptomatischen & hospitalisierten #COVID19-Fällen zeigt: die Impfung schützt effektiv vor Symptomen/schweren Verläufen! Jetzt Impfen & Krankenhäuser entlasten: #ImpfenSchuetztpic.twitter.com/p5AjoJiTFC — Robert Koch-Institut (@rki_de) December 9, 2021 L'agence de santé britannique "UK Health Security Agency" (UKHSA) fait également état de cette idée dans un rapport sur Omicron en Angleterre publié le 31 décembre.En France, la DREES, la cellule de statistiques du ministère de la Santé, souligne aussi dans un communiqué publié le 7 janvier qu'"entre le 29 novembre et le 26 décembre, en soins critiques, 56% des admissions concernaient ainsi des personnes non-vaccinées, alors que celles-ci ne représentent que 8% de la population française parmi les 20 ans et plus".Ce rapport indique également que 42% des personnes décédées du Covid entre le 29 novembre et le 26 décembre étaient non-vaccinées.La DREES conclut que "si les nombres de tests et d'hospitalisations à taille de population comparable poursuivent leur augmentation quel que soit le statut vaccinal, les fréquences de tests positifs, d'entrées hospitalières et de décès sont toujours bien plus élevées pour les personnes non vaccinées que pour les personnes vaccinées sans rappel et plus encore que pour celles avec rappel". Part des tests positifs au Covid-19, hospitalisations et entrées en soins critiques, selon le schéma vaccinal, parmi les 60 ans et plus du 20 au 26 décembre 2021, selon les données de la Drees (Direction de la recherche, des études de l'évaluation et des statistiques) ( AFP / Kenan AUGEARD, Sabrina BLANCHARD)D'autres données, prenant en compte uniquement les patients en réanimation (et pas dans tous les services de soins critiques), indiquent également qu'une majorité d'entre eux est non-vaccinée, comme le détaillent aussi cet article de CheckNews et cet autre des Décodeurs.Dans une enquête décomptant les patients présents le 29 décembre 2021 dans 165 services de réanimation sur tout le territoire français, la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) parvenait, de son côté, à une proportion de 80% de non-vaccinés contre 20% de vaccinés.Au 12 janvier 2022, 72,2% de la population allemande est entièrement vaccinée, selon les chiffres du gouvernement fédéral. En France, plus de 77% de la population présente un schéma vaccinal complet au 10 janvier, selon les derniers chiffres de Santé Publique France.Omicron et les vaccinésIl est difficile d'établir précisément quelle est l'efficacité des vaccins contre Omicron avec les données connues à ce jour. "L'efficacité des vaccins contre le variant Omicron ne peut pas encore être évaluée définitivement", écrit d'ailleurs l'IRK dans son dernier rapport hebdomadaire, daté du 6 janvier 2022.L'IRK répertorie des premières données à ce sujet, venant du Royaume-Uni, sur son site. Jusqu'ici, celles-ci ont montré que face à Omicron, l'efficacité de l'immunisation gagnée avec la vaccination semble diminuer au fil du temps et être plus faible que face au variant Delta. Une dose de rappel semble cependant apporter une "bonne protection" contre Omicron, selon l'analyse de l'institut de santé allemand.Les experts restent prudents lorsqu'ils évaluent l'efficacité du vaccin sur Omicron. Jörg Timm, qui dirige l'Institut de virologie de l'hôpital universitaire de Düsseldorf, a été interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse le 5 janvier. A la question de la durée de protection qu'une troisième dose de vaccin pourrait assurer face à ce variant, il a répondu que "ce n'est pas facile à dire pour le moment, car nous n'avons pas encore les données complètes." Comme l'IRK, le professeur allemand a estimé qu'il est très probable que la réponse immunitaire diminue avec le temps. La protection contre une infection sévère, cependant, serait durable, selon les données actuelles.L'Institut Robert Koch publie le nombre quotidien de cas d'Omicron en Allemagne sur une page dédiée. Au 12 janvier 2022, 118.298 cas ont été recensés. Le rapport hebdomadaire le plus récent de l'IRK montre que la majorité des personnes ont signalé des symptômes légers ou inexistants.Le 6 janvier 2022, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également de nouveau mis en garde contre le danger d'Omicron. L'IRK continue également d'évaluer le risque lié au Covid-19 pour la population comme "très élevé" en Allemagne, en raison de la propagation rapide d'Omicron.En Allemagne, plus de 7.580.000 cas et plus de 114.000 décès liés au Covid-19 ont été recensés au 11 janvier, selon les autorités. 13 janvier 2022 Corrige date à l'avant-dernier paragraphe : 6 janvier 2022, et non 2021. Corrige le nom d'Alexis Poulin, et non Poulain au premier paragraphe.
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