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Une photo d'un orang-outan semblant tendre la main à un homme a été partagée plusieurs milliers de fois sur Facebook depuis mi-septembre. Les auteurs de ces publications affirment qu'il s'agit d'un géologue tombé dans la boue et que le singe cherche à l'aider. Cet homme est en fait un employé d'une fondation de préservation des orangs-outans sur l'île de Bornéo, dont le directeur a indiqué à l'AFP que l'animal était très probablement en train de quémander de la nourriture.C'est "une scène émouvante", "un sacré enseignement dans cette belle et touchante leçon de vie", "une photo qui restera immortelle dans l'histoire...", s'émeuvent les internautes qui partagent cette photo. On y voit un orang-outan allongé sur le ventre, tendant la main à un homme situé en contrebas et plongé jusqu'au torse dans une mare d'eau boueuse. "La photo montre un singe orang-outan (actuellement en danger) essayant d'aider un géologue qui est tombé dans une flaque de boue lors de ses recherches", affirme cet internaute. Capture d'écran réalisée sur Facebook le 01/10/2021L'image accompagnée de ce récit a été relayée plusieurs milliers de fois sur Facebook depuis mi-septembre, selon l'outil de mesure d'audience des réseaux sociaux Crowdtangle. Elle est également partagée dans d'autres langues et a été vérifiée en hongrois par l'AFP.Mais la véritable histoire n'est pas tout à fait celle racontée par les internautes, dont certains se basent sur le témoignage de l'auteur de la photo. La direction de la Fondation pour la préservation des orangs-outans de Bornéo (BOSF), qui gère la forêt où a été prise cette photo, a en effet indiqué à l'AFP que l'homme sur la photo est un de ses employés, non un géologue et que l'orang-outan était très certainement en train de lui demander de la nourriture.Les orangs-outans, dont le nom signifie en malais "homme de la forêt", sont en voie de disparition. Comme le souligne WWF, la présence de ces grands singes d’Asie se limite aujourd'hui à deux îles: Bornéo, entre la Malaisie et l'Indonésie, et Sumatra, en Indonésie. Partageant 97% de leur ADN avec l'Homme, les orangs-outans sont également menacés par la pandémie de Covid-19.Un employé d'une fondation d'aide aux orangs-outansLa photo originale peut être trouvée sur le compte Instagram d'Anil Prabhakar, un photographe amateur indien, qui l'a publiée le 23 janvier 2020 avec cette légende: "Laissez-moi vous aider ?: Quand l'humanité meurt chez l'Homme, il arrive que les animaux nous ramènent à l'essentiel". Elle a été "likée" près de 92 000 fois depuis. View this post on Instagram Une publication partagée par Anil T Prabhakar (@anil_t_prabhakar) Certains internautes, comme celui-ci, mentionnent CNN. Anil Prabhakar a en effet répondu aux questions de la chaîne d'information américaine en février 2020. Il avait alors indiqué avoir pris cette photo lors d'un voyage entre amis à Bornéo, dans la forêt gérée par la fondation BOSF.Au cours de cette interview, le photographe a également raconté avoir vu le grand singe tendre la main à un homme qui semblait, selon lui, avoir du mal à se mouvoir dans la boue. "On aurait dit que l'orang-outan disait à l'homme: 'Puis-je vous aider ?'", a raconté Anil Prabhakar. L'AFP a contacté le 29 septembre 2021 la direction de la BOSF. "La photo a été prise dans le centre de réhabilitation des orangs-outans de la BOSF à Samboja Lestari, dans le Kalimantan oriental (une partie de Bornéo appartenant à l'Indonésie, ndlr)", a indiqué Jamartin Sihite, responsable de la fondation. La Fondation pour la préservation des orangs-outans de Bornéo, en collaboration avec le gouvernement local et la communauté mondiale, lutte contre l'extinction et assure la conservation des orangs-outans et de leurs habitats dans des sites répartis sur l'ensemble de Bornéo, indique l'organisation sur son site.Jamartin Sihite a expliqué que cet orang-outan, une femelle baptisée Anih, vit sur une petite île artificielle car elle ne peut pas retourner à la vie sauvage. Il a également déclaré qu'Anih connaissait déjà l'homme sur la photo, un gardien nommé Syahrul. Selon le responsable, Anih a dû penser que Syahrul lui apportait de la nourriture, car la BOSF nourrit encore l'orang-outan."Anih ne peut pas être relâchée dans la nature", a expliqué Jamartin Sihite, "ses capacités ne sont pas assez développées pour qu'elle soit relâchée. Elle pensait que Syahrul lui apportait de la nourriture, donc elle lui en a demandé. A ce moment-là, il faisait juste de la maintenance, nettoyait des plantes aquatiques. Il n'est pas un géologue pris au piège" dans la boue, a-t-il assuré. Une femelle orang-outan porte son bébé dans le zoo de Beauval, à St Aignan, le 26 mars 2016 ( AFP / GUILLAUME SOUVANT)La fondation a publié une vidéo en février 2020 sur son compte Instagram, expliquant la véritable histoire derrière cette photo.Selon la base de données de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sur les espèces menacées, le changement climatique et la pression humaine ont entraîné une réduction significative de l'aire de répartition et du nombre d'orangs-outans de Bornéo. Au cours des 40 dernières années, près de la moitié de la population originelle de la partie indonésienne de Bornéo a été tuée, soit une perte de 44 170 à 66 570 individus, et les animaux sont désormais en danger critique d'extinction.
(fr)
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