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  • 2021-03-30 (xsd:date)
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  • Non, le médecin en chef de Moderna n'a pas admis que l'ARNm modifie l'ADN (fr)
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  • Des publications partagées plusieurs centaines de fois en français et en espagnol depuis la mi-mars affirment que le médecin en chef du laboratoire Moderna, qui produit l'un des vaccins à ARN messager contre le Covid-19, a admis que "l'ARNm modifie l'ADN". Mais Tal Zaks n'a pas fait une telle déclaration. De plus, des experts interrogés par l'AFP expliquent que cette technologie ne modifie pas l'ADN."Bombshell (coup de théâtre, NDLR) : le médecin-chef de Moderna admet que l'ARNm modifie l'ADN", peut-on lire dans une capture d'écran relayée sur Facebook (1,2). Capture d'écran réalisée sur Facebook le 30 mars 2021Cette capture d'écran est une traduction d'un article du blog ultraconservateur américain DC Dirty Laundry. On retrouve la traduction intégrale de l'article sur deux blogs français (1,2) ainsi qu'en version espagnole sur les réseaux sociaux Facebook (1,2,3) et Twitter (1,2,3).L'origine de la fausse informationToutes ces publications reposent sur un discours du médecin en chef de Moderna, Tal Zaks, lors d'une conférence TEDx en décembre 2017. Il y aurait affirmé que les vaccins à ARNm modifiaient l'ADN. La conférence est disponible en intégralité sur la chaîne YouTube TED x Talks, intitulée en anglais "Rewriting the génétique code : The cancer cure in progress" . En guise de description, la chaîne Youtube détaille : "La guerre contre le cancer dure depuis plus d'un siècle, et Tal Zaks a peut-être fait la plus grande découverte à ce jour. Son idée - aller directement à la source du problème et modifier le code génétique qui permet au corps de produire des cellules cancéreuses- pourrait sauver des millions de vies sans une seule intervention chirurgicale ou chimiothérapie."Lors de ce discours daté de 2017 -soit deux ans avant l'identification du SARS-CoV-2, virus responsable du Covid-19-, Zaks évoque une "révolution" à la 38e seconde :"Nous avons vécu cette révolution phénoménale de la science numérique, et aujourd'hui je suis ici pour vous dire que nous sommes en train de pirater le 'logiciel de la vie' et que cela change la façon dont nous pensons la prévention et le traitement des maladies".Il explique ensuite comment les vaccins à ARN messager (ARNm) peuvent servir à lutter contre des maladies telles que la grippe, le cancer ou des maladies orphelines : "Notre corps est fait d'organes, nos organes sont faits de cellules et dans chaque cellule il y a quelque chose appelé ARN messager ou ARNm, qui transmet les informations les plus importantes de l'ADN aux protéines. Ce sont ces informations qui déterminent comment une cellule se comportera (...) Si vous pouviez vraiment changer cela -ce que nous appelons le 'logiciel de la vie'-, si vous pouviez entrer une ligne de code ou changer une ligne de code, il s'avère que cela a de profondes implications pour tout, de la grippe au cancer".Lorsqu'il parle de la modificaton d'une "ligne de code", il fait référence à l'ARN messager et pas à l'ADN. Le médecin en chef de Moderna a précisé son propos lors d'une conférence sur la santé organisée par le Parti Populaire Européen le 13 janvier dernier en expliquant que les vaccins ARNm n'affectaient pas les gènes :mRNA #vaccines do not affect genes! Dr Tal Zaks from @moderna_tx debunks the most common myth on the #COVID19 vaccines at our #EPP4Health conference yesterday. As of today Europeans will start getting the Moderna vaccine which has been authorised by the EU as safe and effective pic.twitter.com/khRN8Jrf5V — EPP Group (@EPPGroup) January 14, 2021"Nous pouvons considérer l'ARNm messager comme un logiciel. Le logiciel ne modifie pas le matériel. L'ARNm n'atteint pas le noyau (de la cellule, NDLR), donc il n'y fait rien  (...) L'ARNm n'est qu'une information temporaire qui dure entre quelques heures et un jour et donne des instructions pour générer une protéine (spécifique au virus). Cette protéine dure un ou deux jours, le troisième jour, elle sera partie. Ce que nous obtenons avec le vaccin, c'est une mémoire immunitaire (...) mais cela n'a rien à voir avec le matériel de nos gènes ou avec notre constitution génétique".L'équipe de vérification de l'AFP n'a trouvé aucune trace de déclarations de Tal Zaks affirmant que l'ARNm modifie l'ADN humain.ADN ≠ ARNCe n'est d'ailleurs pas le cas, selon plusieurs spécialistes interrogés par l'AFP.Comme l'a expliqué dans un précédent article, la Dr Maria Victoria Sanchez du laboratoire d'immunologie et de recherche vaccinale IMBECU-CCT-CONICET en Argentine, "la transcription de l'information génétique (l'ARN, NDLR) en une protéine se déroule dans le cytoplasme et non dans le noyau de la cellule", qui contient l'ADN."L'ARN messager ne peut pas se 'mettre' dans l'ADN", car il n'entre jamais dans le noyau de la cellule, a conclu la Dr Sanchez.Dans le corps humain, "le chemin génétique, c'est : l'ADN qui est transcrit (recopié, ndlr) en ARN (...) On ne voit pas le chemin inverse", a expliqué le généticien français Axel Kahn."Dans une cellule humaine, l'ARN ne se transforme jamais en ADN. La seule possibilité, c'est d'être infecté par un rétrovirus, et même dans ce cas, c'est l'ARN du rétrovirus qui se transforme, pas le nôtre", a dit l'immunologiste Jean-Daniel Lelièvre, membre de la Commission vaccination à la Haute autorité de santé.Dire que l'ARN messager, inoculé via le vaccin, va transformer l'ADN, "c'est un peu comme dire qu'un enfant peut donner naissance à sa mère... On ne peut pas revenir en arrière", a comparé le professeur d'immunologie Jean-Daniel Lelièvre.Le fonctionnement des vaccins à ARNmLors de la conférence TEdx, Tal Zaks explique déjà à partir d'1m55 en quoi les vaccins à ARNm sont différents des vaccins classiques. "Dans une injection normale on reçoit des petits morceaux du virus, des protéines, cela apprend à notre système immunitaire à reconnaître le virus et donc quand on est infecté on n'est pas malade". La technologie ARNm, elle, est une injection qui donne "les instructions sur la façon de fabriquer ces protéines", a-t-il dit.Dans les cas des vaccins à ARN messager, produits notamment par les sociétés Pfizer/BioNtech et Moderna, on injecte une molécule fabriquée en laboratoire qui va demander à nos cellules de fabriquer une protéine spécifique au Sars-CoV-2,  appelée "spicule" : en forme de pointe, c'est elle qui permet au virus de pénétrer dans la cellule humaine pour l'infecter. Le fonctionnement des vaccins à ARN messagerEn reconnaissant ces protéines "étrangères" mais inoffensives, l'organisme va déclencher une réponse immunitaire et produire des anticorps capables de neutraliser le Sars-CoV-2 s'il venait à nous infecter. (fr)
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