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Une semaine après le début du conflit en Ukraine, plusieurs photos de Kiev détruite circulent sur les réseaux sociaux en Afrique. Les internautes qui les partagent affirment qu'elles montrent le "champ de bataille" dans la capitale ukrainienne après l'invasion russe fin février. Attention: trois photos sur les quatre contenues dans ces publications datent en réalité de février 2014, lors du soulèvement pro-européen qui avait pour épicentre la place Maïdan à Kiev. Une immense place dévastée et envahie par la fumée; des bâtiments en feu en pleine ville, enveloppés eux aussi par des lourds nuages gris. Quatre photos montrant ce paysage de guerre circulent sur Facebook en Afrique.Les internautes qui les partagent prétendent qu'elles ont été prises à Kiev, la capitale ukrainienne, quelques jours après l'invasion du pays par la Russie fin février. Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 2 mars 2022Ces publications ont été partagées plus de 2.000 fois en Afrique en moins de 24 heures (1, 2, 3, 4, 5...). Trois photos de 2014, une de 2022Attention: trois des quatre photos partagées par ces internautes n'ont pas été prises pendant le conflit russo-ukrainien qui a éclaté en février 2022, mais pendant le soulèvement pro-européen qui s'est concentré sur la place Maïdan, à Kiev, en février 2014.Ce mouvement de protestation réprimé dans le sang a conduit à la fuite du président prorusse Viktor Ianoukovitch en février 2014 et à une crise sans précédent entre l'Ukraine et la Russie voisine, conduisant à l'annexion russe de la péninsule de Crimée et l'auto-proclamation de deux républiques dans l'est de l'Ukraine, soutenue par la Russie. Le conflit qui s'était ensuivi avait fait plus de 14.000 morts depuis son lancement, mais avait diminué en intensité à partir de 2015 et la signature des accords de paix de Minsk. La première photo que nous vérifions a été prise à cette époque. Cette image de la place Maïdan dévastée et envahie par la fumée se retrouve grâce à une recherche d'image inversée sur Bing sur le site du média d'Etat russe Sputnik pour illustrer un article intitulé "Les Ukrainiens déçus par la 'révolution de Maïdan'" publié en mars 2019.Comme l'indique la banque d'images de Sputnik, elle a été prise par un photographe de ce média d'Etat, Andrey Stenin, le 19 février 2014 et montre des "policiers et des partisans de l'opposition pendant des affrontements" sur la place Maïdan à Kiev. Capture d'écran du site du média d'Etat russe Sputnik, réalisée le 2 mars 2022L'image montrant un bâtiment partant en fumée, prise en plein jour, date de la même période: on la retrouve en faisant une recherche d'image inversée sur Google sur le site du magazine français L'Express pour illustrer les affrontements à Kiev lors des manifestations pro-occidentales à Maïdan.Elle a été prise par le photographe de l'agence Reuters Vasily Fedosenko et montre, selon la légende sur le site de l'Express, ces mêmes affrontements le 19 février 2014. Capture d'écran du site du magazine français L'Express, réalisée le 2 mars 2022Même chose pour la troisième photo virale: en utilisant le même procédé, on s'aperçoit que L'Express l'a également utilisée à la même époque pour illustrer un autre article au sujet de Maïdan, intitulé cette fois "Ukraine: après le bain de sang, l'UE cherche un compromis, Washington menace".La photo a été prise par la photographe de l'AFP Louisa Gouliamaki, le 21 février 2022, et l'on y voit des "manifestants avancer jusqu'à de nouvelles positions à Kiev, le 20 février 2014". Des manifestants avancent jusqu'à de nouvelles positions à Kiev, le 20 février 2014. ( AFP / LOUISA GOULIAMAKI)La toute dernière image contenue dans ces publications a elle bien été prise pendant le conflit ukrainien, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février.Une recherche d'image inversée sur TinEye permet de le confirmer: on la retrouve en tête d'un article du New York Post intitulé "Le président ukrainien Zelensky clame 'Nous avons survécu à cette nuit' dans un message après l'attaque de Kiev".Elle provient d'un photographe de l'agence Reuters: la légende qui l'accompagne dans cet article du quotidien français Le Monde nous apprend que ce dernier s'appelle Gleb Garanich et que la photo montre un "incendie et [un] panache de fumée durant un pilonnage à Kiev, en Ukraine, le 26 février 2022". Capture d'écran du site Le Monde, réalisée le 2 mars 2022Poursuite du conflitLa Russie pilonnait le 2 mars plusieurs villes ukrainiennes, notamment Kharkiv, deuxième ville du pays, avec l'envoi de troupes aéroportées et de nouveaux bombardements, Kiev rejetant par avance tout "ultimatum" avant d'éventuels nouveaux pourparlers.Après plusieurs bombardements au centre-ville le 1er mars qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des frappes ont touché le lendemain les sièges régionaux des forces de sécurité et de police ainsi que l'université et la mairie de cette métropole située à 50 km de la frontière russe. Les services d'urgence ont fait état d'au moins quatre morts et neuf blessés.Dans la capitale Kiev, quelque 500 km plus à l'ouest, où les habitants qui n'ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut, un calme relatif règnait le 2 mars, après des frappes la veille sur la tour de télévision, qui ont fait cinq morts. Des gens passent devant le site bombardé par la Russie de la principale antenne de télévision de Kiev, le 2 mars 2022. ( AFP / )Des photos de la société américaine d'imagerie satellitaire Maxar diffusées dans la nuit du 28 février au 1er mars montraient un long convoi russe progressant vers la capitale. Un responsable du Pentagone a cependant indiqué que sa progression vers la capitale semblait "au point mort", évoquant des problèmes d'approvisionnement en nourriture et carburant.Dans le Sud, l'armée russe a affirmé contrôler totalement la ville de Kherson. Peu auparavant, son maire, Igor Kolykhaïev, assurait néanmoins que la cité restait sous contrôle ukrainien. A Marioupol, plus à l'est, plus d'une centaine de personnes ont été blessées le 1er mars dans des tirs russes, selon la mairie.Le contrôle de ce port est d'une importance clé pour l'armée russe, afin d'assurer une continuité territoriale entre ses forces venues de Crimée et celles venues des territoires séparatistes du Donbass plus au nord. Les deux groupes ont fait leur jonction le 1er mars, selon Moscou.Dans ce contexte d'offensive généralisée, le porte-parole du Kremlin a annoncé qu'une délégation russe attendrait le 2 mars au soir dans un lieu indéterminé "les négociateurs ukrainiens". Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba a cependant indiqué qu'aucune date n'avait été convenue, et accusé la Russie d'émettre des "ultimatums".Des premières négociations le 28 février sont restées sans résultat tangible. Kiev réclamait l'arrêt immédiat de l'invasion, alors que Moscou semblait attendre une reddition.4 mars 2022 Cet article a été mis à jour afin d'y ajouter des métadonnées.
(fr)
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