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Il n'existe aucune preuve scientifique du réchauffement climatique, affirme, dans une vidéo partagée depuis la fin du mois de juillet sur Twitter, John Coleman, le fondateur de la chaîne américaine Weather Channel. Pourtant, le changement climatique et son origine humaine ont été documentés dans de nombreuses études scientifiques, et la grande majorité des climatologues s'accordent à dire que les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine en sont à l'origine.Depuis la fin du mois de juillet, cette vidéo a été partagée des centaines de fois sur Twitter (ici, ici), pour nier l'existence du changement climatique et son origine humaine. Ces images ont aussi été visionnées par plusieurs milliers de personnes sur le réseau social russe VK, et ont été partagées sur Facebook et Telegram. Cette affirmation a également circulé en allemand et en anglais.La vidéo partagée montre un extrait de deux minutes d'une interview de John Coleman, présentateur météo et fondateur de The Weather Channel. Cette chaîne de télévision américaine diffuse, entre autres, des prévisions météorologiques et des informations liées à la météo. L'interview a été passée sur CNN le 1er novembre 2014.Dans cet entretien, John Coleman affirme qu'il n'y a pas de consensus scientifique sur le changement climatique. "Le changement climatique n'a pas lieu", dit-il, expliquant également qu'"il n'y a pas de réchauffement climatique significatif causé par l'homme aujourd'hui."John Coleman poursuit en assurant que le gouvernement américain ne finance que les recherches créditant l'hypothèse d'un changement climatique d'origine humaine, ce qui aboutirait, selon lui, à de fausses études scientifiques sur le sujet. Capture d'écran prise sur Twitter le 10/08/2022Le lendemain de l'interview de John Coleman sur CNN, la chaîne météo The Weather Channel a réagi aux propos de son co-fondateur, en affirmant qu'il ne parlait pas au nom de la chaîne, n'y travaillant plus depuis 31 ans au moment de l'interview.Depuis 2007, le présentateur météo avait publiquement remis en cause l'existence du changement climatique d'origine humaine et avait pris position contre certaines mesures écologiques visant à le ralentir, rapporte le Washington Post dans cet article publié à la suite de son décès, en 2018.Un consensus scientifique massif sur l'existence du changement climatiqueDans la vidéo relayée sur Twitter, John Coleman affirme qu'il n'existe "aucun réchauffement climatique significatif dû à l'homme". Mais cette déclaration contredit le consensus scientifique existant sur le climat, aux États-Unis et dans le monde. Début août 2021, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié son sixième rapport d'évaluation consacré à l'état du climat sur Terre.Créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), le GIEC, auréolé du prix Nobel de la Paix en 2007, réunit des milliers de spécialistes des sciences de l'atmosphère, océanographes, glaciologues, économistes... Son rôle est de se plonger dans les milliers de publications scientifiques consacrées au sujet, expertiser les dernières connaissances, et présenter une synthèse équilibrée aux décideurs.Les rapports du GIEC sont considérés comme un résumé de l'état actuel de la science sur le sujet. Or, selon le rapport de 2021, la température moyenne à la surface du globe a augmenté de plus de 1,2 degrés au cours de la période allant de 1880 à 2020. Dans l'hémisphère nord, la période de 30 ans allant de 1991 à 2020 a été la plus chaude depuis plus de 100.000 ans. Évolution de la température moyenne par rapport aux niveaux préindustriels ( AFP / Jonathan WALTER, Sylvie HUSSON)Dans l'Arctique, la température moyenne de la surface a augmenté de 3,1 degrés entre 1971 et 2019, comme le souligne le Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique (Amap) dans son rapport "Arctic Climate Change Update 2021" publié en 2021.Une étude sur le long terme du changement climatique en Arctique, publiée en 2019 dans la revue "Environmental Research Letters", arrive à une conclusion similaire. L'étude observe une augmentation de la température mesurée entre 1971 et 2017 de 2,7 degrés.De nombreuses méta-études, c'est-à-dire des études qui résument systématiquement l'état de la recherche internationale, concluent que l'activité humaine est responsable du réchauffement climatique. L'une de ces études, publiée en 2013, a examiné quelques 11.944 articles publiés sur le réchauffement climatique entre 1991 et 2011. 97 % d'entre eux s'accordent à dire que le changement climatique est causé par l'homme.Une autre méta-étude de 2016 résume même les différentes méta-études sur le consensus en science et arrive au résultat d'un "consensus sur le consensus". La communauté scientifique s'accorde donc comme rarement auparavant : le réchauffement climatique existe et l'activité humaine en est la cause. Dans leur conclusion, les auteurs écrivent : "le niveau de consensus scientifique sur le réchauffement climatique anthropique est extrêmement élevé car les preuves à l'appui sont extrêmement fortes."Les gaz à effet de serre produits par l'homme sont la cause du réchauffement climatiqueLa communauté scientifique est également largement d'accord sur les causes du changement climatique, comme l'explique par exemple le Haut Conseil pour le Climat. Elle s'accorde sur le fait que le réchauffement de la planète est dû aux émissions de gaz à effet de serre émises par l'homme, comme le dioxyde de carbone (CO2), qui s'accumulent dans l'atmosphère terrestre.Cette augmentation constante des gaz à effet de serre depuis le début de l'ère industrielle, qui absorbent le rayonnement thermique émis dans l'espace et en réduisent la quantité, entraîne le réchauffement du système terrestre.Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et de nombreuses autres institutions dans le monde, telles que la NASA et l'Association américaine pour l'avancement des sciences (AAAS), décrivent le réchauffement climatique comme étant d'origine humaine. Une liste de l'Office of Planning and Research, un institut de recherche du gouvernement californien, répertorie quelque 200 organisations scientifiques dans le monde qui assurent également que le changement climatique est dû à l'homme.Le rapport 2021 du GIEC est sans équivoque et conclut qu'il est "incontestable que l'influence humaine a réchauffé l'atmosphère, les océans et les terres"selon ses auteurs qui ajoutent dans leur résumé que"l'influence de l’homme sur le système climatique est clairement établie, et ce, sur la base des données concernant l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, le forçage radiatif positif, le réchauffement observé et la compréhension du système climatique"."L’utilisation de combustibles fossiles, la déforestation et l’élevage de bétail influent de plus en plus sur le climat et la température de la Terre. Ces activités libèrent d'énormes quantités de gaz à effet de serre, qui viennent s'ajouter à celles naturellement présentes dans l’atmosphère, renforçant ainsi l'effet de serre et le réchauffement de la planète", écrit la Commission européenne sur son site. De nombreux experts contactés par l'AFP le confirment également. "Aujourd'hui, il n'y a plus de débat : il y a un consensus scientifique à 100% sur le fait que l'Homme influence le climat", a commenté auprès de l'AFP le 3 août le climatologue à l'Université de Liège Xavier Fettweis.Pierre Friedlingstein, directeur de recherche à l'ENS, a déclaré à l'AFP le 4 juin 2022 au sujet du lien entre les émissions de CO2 dans l'atmosphère et le réchauffement climatique : "Le réchauffement climatique des XXe et XXIe siècle est à 100% dû à l’activité humaine" et "depuis 150 ans, les variations climatiques sont dues à l'homme". "Depuis 1950, les études scientifiques montrent très clairement qu'on ne peut pas expliquer le réchauffement climatique d'aujourd'hui sans tenir compte des facteurs humains, principalement des gaz à effet de serre" a expliqué à l'AFP le 4 août Jean-Pascal van Ypersele, climatologue à l'Université catholique de Louvain et ancien vice-président du GIEC. Et les scientifiques sont quasi unanimes sur ce sujet.Matthias Mauder, professeur de météorologie à l'Université technique de Dresde a également indiqué à l'AFP le 3 juin 2022 que "ce réchauffement serait inconcevable sans la combustion de combustibles fossiles. Tant que l'humanité continuera à émettre du CO2 dans l'atmosphère en brûlant des combustibles fossiles, ce réchauffement se poursuivra", a-t-il conclu.Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà visiblesLes conséquences du réchauffement climatique sont déjà observables aujourd'hui. En 2020, le service météorologique allemand (DWD), l'Institut central autrichien de météorologie et de géodynamique (Zamg) et l'Office fédéral suisse de météorologie et de climatologie, MétéoSuisse, ont constaté que les étés en Allemagne, en Autriche et en Suisse deviennent plus chauds et que les vagues de chaleur sont plus fréquentes.Côté français, la période estivale a été marquée cette année par plusieurs épisodes caniculaires, d'importants incendies, et une sécheresse "historique" selon Météo France dans son bilan du mois de juillet et ses premières observations début août. Face à la sécheresse, les arrêtés limitant l'usage de l'eau se multiplient : en métropole, 93 départements sur 96 font l'objet de restrictions d'eau à différents degrés et 66 sont "en crise" selon le site Propluvia. Ecart entre les précipitations enregistrées lors de chaque mois de juillet depuis 1959 et les normales saisonnières de la période 1991-2020, selon les données de Météo-France ( Kenan AUGEARD, Valentina BRESCHI / )"Au niveau national, depuis le 17 juillet, la France établit chaque jour un nouveau record de sécheresse des sols (sur un historique qui débute en août 1958)", note Météo-France. "On est sur un événement majeur, qui se compare sans difficulté à 1976 ou 2003", selon Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France. "Conséquence: avec plus de 47.000 hectares brûlés depuis le début de l'année, la France a connu en juillet un record de surfaces incendiées", selon le Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS).Le World Weather Attribution, un collectif de 39 scientifiques internationaux, a publié fin juillet 2022 une étude qui souligne l'influence directe du changement climatique causé par l'homme sur les températures extrêmes enregistrées au Royaume-Uni cet été, "extrêmement improbables" sans les effets du réchauffement climatique. Les températures extrêmes enregistrées en Angleterre et en France, et les épisodes de précipitations fortes conduisant à des inondations comme en 2021 en Allemagne, ne sont pas nécessairement contradictoires. Une étude publiée en 2021 dans la revue Science Advanced l'explique. Le réchauffement climatique rend le climat plus déséquilibré dans environ deux tiers de la planète. "Cela signifie une plus grande variabilité entre les extrêmes humides et secs", conclut l'étude.L'existence du changement climatique causé par l'homme est régulièrement remise en question par des utilisateurs sur les réseaux sociaux. L'AFP a déjà vérifié des affirmations erronées prétendant ce n'est pas l'activité humaine mais le soleil ou les modifications de l'orbite terrestre qui sont responsables du réchauffement climatique ou encore que les émissions de CO2 n'ont rien à voir avec le changement climatique. Retrouvez tous les articles de vérification de l'AFP sur le climat ici.10 août 2022 Ajoute un s à "documentés" dans le chapô
(fr)
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