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  • 2022-10-07 (xsd:date)
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  • Non, cette image ne montre pas un reporter de la BBC simuler sa présence "en première ligne" en Ukraine (fr)
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  • Un journaliste de la BBC est accusé, dans des publications Facebook et des tweets partagés des milliers de fois en français, en anglais et en allemand, d'avoir mis en scène sa présence sur la "ligne de front" du conflit ukrainien, pour faire croire qu'il tentait d'échapper à des bombardements. Les internautes relayant cette affirmation s'appuient sur une capture d'écran, où on voit ce reporter équipé d'une tenue de protection et allongé au sol, à quelques mètres d'une femme qui semble se déplacer normalement, sans chercher à se mettre à l'abri. Mais cette image est sortie de son contexte : le journaliste Jeremy Bowen tentait bien, à ce moment précis, de se protéger d'un assaut en cours à Irpin, au même titre que la femme en arrière-plan, comme on peut le vérifier dans le reportage originel de la BBC, tourné le 6 mars 2022."On a trouvé le BHL britannique : Jeremy Bowen, de la BBC, fait semblant d'être en première ligne, tandis qu'une femme observe, apparemment perplexe", "Quand le journaleux de la BBC témoigne depuis la "ligne de front" sous le feu nourri de l'ennemi, puis une femme arrive du marché et dit : Puis-je passer ?"...Une même capture d'écran est relayée des milliers de fois sur Twitter (1, 2), Facebook et Telegram pour dénoncer la prétendue imposture d'un reporter de la chaîne britannique, qui aurait mis en scène, dans un reportage, sa présence sur le front ukrainien après l'invasion du pays par la Russie en février 2022. Capture d'écran réalisée sur Twitter le 7 octobre 2022. Capture d'écran réalisée sur Twitter le 7 octobre 2022.  Si cette accusation circule aussi en anglais, en allemand, et en hongrois, elle vaut à ce journaliste, dans les publications françaises, des comparaisons moqueuses avec le philosophe français Bernard Henri-Lévy, récemment accusé (à tort) d'avoir posé devant un faux décor de guerre.Mais, comme nous allons le voir, cette image de Jeremy Bowen, célèbre reporter de la BBC, est tirée d'un reportage de la chaîne tounré le 6 mars 2022 à Irpin, près de Kiev, au moment où des civils tentaient d'échapper à des bombardements. Une femme qui s'abritait elle-même quelques secondes avantUne recherche d'image inversée permet de remonter à un témoignage de Jeremy Bowen publié le 20 mars 2022 par le média britannique The Times sous le titre "Au cours de mes 38 années à la BBC, j'ai rarement assisté à des événements susceptibles de marquer l'Histoire - c'est le cas ici".La légende de cette photo utilisée précise qu'elle montre "Jeremy Bowen se mettre à l'abri à Irpin alors que la ville subit une attaque". Capture d'écran réalisée sur le site de The Times, le 7 octobre 2022.Dans cet article, le reporter de guerre expérimenté revient sur sa couverture du conflit en Ukraine, notamment à Irpin, et précise au sujet de sa mise à l'abri : "Les obus qui atterrissent trop près pour qu'on puisse les ignorer émettent un bruit de sifflement pendant quelques secondes avant d'exploser. Il est humain d'essayer de les éviter, et le seul moyen de faire ça dans l'urgence, c'est de s'allonger au sol. C'est ce qui explique pourquoi j'étais dans [...] cette position [...] pendant que les deux camps échangeaient des tirs d'obus." Une recherche de mots-clé sur Google mène à un reportage de la BBC mis en ligne le 6 mars 2022 sur YouTube et intitulé "Des familles tuées en tentant d'échapper à l'assaut russe, des moments terribles lors de la bataille pour Kiev". On y entend des bruits de bombardements, on y voit des cadavres et au moins un blessé ensanglanté.Une séquence est consacrée à la fuite de civils sur un terrain accidenté, avec un pont détruit en arrière-plan. On distingue aussi des sons de bombardements au cours de cette scène, où l'on voit également Jeremy Bowen allongé au sol, micro en main, essoufflé.On y retrouve ce moment précis à partir d'environ 1:57. "Il y a un certain nombre de tirs ennemis, et de nombreux civils aux alentours", explique-t-il face caméra, alors qu'on aperçoit derrière lui la femme que l'on retrouve sur la capture d'écran sortie de son contexte.A ce moment-là, elle n'est pas en train de marcher vers le journaliste mais au contraire en train de s'agenouiller aux côtés d'autres civils, visiblement pour tenter de rester elle aussi à l'abri, à quelques mètres du pont. Capture d'écran réalisée sur la vidéo YouTube de la BBC le 7 octobre 2022."L'affirmation, sur les réseaux sociaux, selon laquelle j'étais dans un endroit sûr, où je me serais allongé pour simuler un moment spectaculaire alors que la femme en arrière-plan se promenait ou faisait ses courses relève du fantasme malveillant", indique à l'AFP Jeremy Bowen, qui précise "avoir couvert plus de 20 guerres depuis 1989 et s'être trouvé pris dans des échanges de tirs de nombreuses fois"."La zone proche de ce pont faisait l'objet de tirs importants. [...] Il n'est pas établi que les civils étaient ciblés à l'origine - même s'ils l'étaient en pratique - car des postes de tir ukrainiens étaient installés à quelques centaines de mètres dans la forêt", poursuit-il, en soulignant que ces "gens se déplaçaient lentement car ils étaient épuisés et traumatisés", le groupe étant arrivé près du pont lors d'une brève accalmie dans les affrontements, qui "ont repris de manière plus intensive" dans la foulée. Depuis sa réponse à l'AFP par email, Jeremy Bowen a aussi publié un tweet pour réfuter les accusations de mise en scène qui circulent sur les réseaux sociaux. This malicious tweet and others like it allege that I faked a piece to camera in Ukraine in March. The allegations are utterly false, #fakenews. Insult me if you want. Don’t insult thousands of civilians fleeing over Irpin bridge into Kyiv from Russian shelling and war crimes. pic.twitter.com/ioUaNttdK5 — Jeremy Bowen (@BowenBBC) October 6, 2022 Un pont détruit à IrpinDès leur invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, les troupes russes ont lancé une offensive contre la capitale, Kiev, afin de l'encercler.Début mars, des habitants d'Irpin ont commencé à évacuer en direction de Kiev par ce pont détruit, comme on peut notamment le voir dans la vidéo de l'AFP ci-dessous, filmée le 5 mars 2022. Ce pont se situe sur la rivière Irpin, entre la ville du même nom et le village de Romanivka, comme on peut le vérifier sur Google Maps. La séquence montrant Jeremy Bowen allongé a bien été filmée à côté de ce pont, ainsi que le confirme sa comparaison avec une photo prise par l'AFP le 6 mars 2022, où l'on retrouve différents détails identifiables, encerclés en rouge ci-dessous. Comparaison entre la capture d'écran de la vidéo de la BBC et la photo prise par Daphné Rousseau pour l'AFP le 6 mars 2022.Au moins huit civils tués à Irpin le 6 mars 2022Ce jour-là, au moins huit civils ont été tués dans les bombardements russes alors qu'ils tentaient de quitter Irpin. "Du matin au soir, tous les bâtiments voisins ont été touchés, un tank est entré. C'était effrayant, nous avons eu peur. Avant cela, nous ne pensions pas que nous allions partir", témoignait à l'époque Tetiana Vozniuchenko, 52 ans, auprès de l'AFP. "Pendant plusieurs heures, le 6 mars 2022, les forces russes ont bombardé le croisement d'une route empruntée par des centaines de civils pour fuir la progression de l'armée russe dans le nord de l'Ukraine vers Kiev", rapportait pour sa part l'ONG Human Rights Watch sur son site le 8 mars 2022. En avril 2022, la BBC avait déjà été ciblée par une fausse affirmation dans le cadre de ce conflit, lorsque des internautes avaient relayé un faux reportage de la chaîne qui prétendait attribuer le massacre de la gare de Kramatorsk à l'Ukraine. (fr)
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