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  • 2022-09-15 (xsd:date)
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  • Ces photos de "caillots longs et fibreux" ne prouvent pas un nouveau risque lié aux vaccins Covid-19 (fr)
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  • Depuis le mois d'août, des internautes diffusent des images de bocaux censés être remplis de "caillots sanguins prélevés par des embaumeurs sur des cadavres de personnes vaccinées" contre le Covid-19. Mais ces images ne prouvent rien et leur contenu n'est pas clairement identifiable, estiment des spécialistes interrogés par l'AFP. Quand bien même il s'agirait bien de caillots sanguins, cela ne permettrait pas d'alerter sur un risque thrombotique car une simple photo ne permet pas d'en déterminer la cause, ont expliqué des experts interrogés par l'AFP. De plus, il n'est pas dans les attributions des embaumeurs d'effectuer de tels prélèvements. Enfin, si l'Agence européenne des médicaments avait reconnu un "lien possible" entre certains vaccins et de "très rares cas de caillots sanguins" l'an dernier, l'agence avait néanmoins conclu que les bénéfices de la vaccination continuaient de l'emporter sur les risques. A ce jour, il n'y a pas de nouvelle alerte à ce sujet. "Des embaumeurs révèlent l'horreur des 'va x ins' [sic] tueurs de Pfizer & co", titre un billet de blog du site Medicatrix publié le 6 septembre 2022, reprenant un article publié le 2 septembre en anglais par le site The Epoch Times. Il s'accompagne d'images montrant des bocaux remplis d'objets filandreux rougeâtres ou beiges. Il s'agit, selon la description, de "caillots fibreux trouvés dans des cadavres" par un embaumeur américain agréé en Alabama aux Etats-Unis du nom de Richard Hirschman.Ce dernier affirme dans l'article avoir trouvé des caillots fibreux anormaux et longs sur des cadavres. "Avant 2020, 2021, nous trouvions des caillots sanguins dans 5 à 10% des corps que nous embaumerions [sic], maintenant nous en trouvons dans 50 à 80% des corps ; en fait embaumer un corps sans aucun caillot, maintenant c’est rare (…) C’est une exception d’embaumer un corps sans caillot", affirme-t-il.Selon l'article, ce sont les vaccins qui seraient à l'origine de cette augmentation. Mais comme l'ont expliqué plusieurs scientifiques à l'AFP, cette allégation n'est pas fondée scientifiquement. Premièrement, il n'est pas possible de déterminer avec certitude ce qui est présent dans ces bocaux. Deuxièmement, s'il s'agissait bien de caillots sanguins, il serait nécessaire, pour en tirer des conclusions scientifiques, de connaître les modalités de prélèvement et de conservation des tissus prélevés. Troisièmement, même s'il s'agissait de caillots, il n'est pas possible non plus possible de déterminer ce qui en est la cause. Contacté par l'AFP le 20 septembre, il a expliqué n'être "ni médecin, ni scientifique, pas même un expert en phlébotomie", à savoir la technique qui consiste à inciser une veine. "Mais je connais très bien les techniques d'embaumement et je travaille avec du sang tout le temps", a-t-il assuré.Des messages comme celui de l'embaumeur ont été partagés plusieurs centaines de fois depuis début septembre sur Twitter et sur Facebook, accompagnés aussi de l'extrait vidéo d'une chaîne d'information américaine (ici ou là). Les photos ont également été partagées en anglais sur Twitter et sur Facebook, en reprenant directement l'article du site The Epoch Times (site relayant régulièrement des informations fausses ou trompeuses).Le média de vérification PolitiFact, qui a évalué l'affirmation, a estimé qu'une telle association n'était pas étayée par des preuves scientifiques, tout comme le réseau mondial de scientifiques Health Feedback. AVERTISSEMENT SUR CONTENUAfficher Capture d'écran prise le 09/09/2022MasquerLa cause de caillots sanguins impossible à déterminer avec cette méthodeLes experts interrogés par l'AFP ont unanimement expliqué que la présence de caillots sanguins chez des cadavres peut être due à un grand nombre de causes, comme notamment l'obésité , le tabagisme ou une infection au Covid-19.Or, "les caillots liés au Covid-19 n'ont pas l'air différents de ceux de n'importe quel autre sang. Ce n'est qu'au microscope que l'on peut parfois observer de petites différences, principalement liées au nombre de plaquettes dans le caillot", a pointé le 21 septembre auprès de l'AFP Andreas Greinacher, chef du département de médecine transfusionnelle à l'Universitätsmedizin Greifswald en Allemagne."Le processus de coagulation du sang donne lieu à une forme relativement peu spécifique de caillot (thrombus). Il est généralement impossible de savoir ce qui a provoqué la coagulation du sang en regardant le caillot. Par exemple, un caillot sanguin provenant d'un patient ayant eu des caillots causés par une infection au Covid, comparé à des caillots sanguins formés à la suite d'un alitement prolongé après une opération majeure, aurait un aspect pratiquement identique et aucun scientifique ne serait en mesure de dire lequel est lequel", a détaillé pour l'AFP le 22 septembre le Dr David Dorward, professeur à l'Université d'Édimbourg et spécialiste des mécanismes cellulaires et moléculaires.Le scientifique a souligné qu'il est également impossible de distinguer des caillots qui se "sont formés avant la mort du patient de ceux qui se forment une fois la mort survenue, lorsque la circulation sanguine cesse dans le corps", mettant pour cette raison en garde " contre toute déduction à partir de cette image " et appelant à "s'en tenir aux données publiées sur l'incidence des caillots sanguins après la vaccination".Des prélèvements qui ne respectent aucune méthodologie scientifiqueEn outre, la méthode employée pour prélever ces échantillons et les exposer dans des bocaux ne respecte pas une démarche scientifique bien établie, pointent les spécialistes. "Ces descriptions et photos ne sont pas sérieusement présentées et décrites", a regretté auprès de l'AFP Marie-Antoinette Sevestre-Pietri, présidente de la Société Française de Médecine Vasculaire. "On ne peut tirer aucune conclusion de ces images, il peut s'agir de tout et n'importe quoi (...). Quelles sont les conditions de prélèvement ? Comment sont ils prélevés ? Que donne l'analyse microscopique ? Les conditions de conservation ne sont pas précisées : s'agit-il de formol ?" (liquide conservation des tissus organiques), s'est interrogée l'experte."De même, prélever autant de caillots impose d'ouvrir largement les vaisseaux, ce qui n'est pas compatible avec les soins de thanatopraxie habituels car on ne lacère pas les corps qui vous sont confiés... et retirer ces 'choses' à partir d'une incision d'un centimètre parait difficile", a expliqué Marie-Antoinette Sevestre-Pietri, précisant que "lors d'autopsie, on peut mettre en évidence des caillots à l'intérieur des vaisseaux des organes assez souvent ; il s'agit de caillots post mortem [formés après la mort, NDLR] (...) Ces prélèvements imposent de larges incisions". Une autopsie est pratiquée par un médecin et peut servir en particulier à déterminer les causes de la mort. Cela est à distinguer des soins aux défunts pratiqués par les thanatopracteurs. "Cela ne me paraît pas bien sérieux ", a conclu le 9 septembre, David Smadja, professeur d'hématologie à l'hôpital Georges Pompidou.Les "embaumeurs" n'effectuent pas de prélèvements sur les corps des défuntsLes thanatopracteurs (qui effectuent des soins de conservation pour préserver les corps de défunts de la décomposition naturelle) sont amenés à effectuer des actes de conservation, par exemple la stérilisation des artères, mais ne "font pas de prélèvements", a indiqué l'Association Française de Thanatopraxie (AFT) à l'AFP le 14 septembre."Tout ce qui est à l'origine dans les corps retourne dans les corps, on ne prélève rien", explique l'AFT, précisant récupérer uniquement "les poches de liquides naturels de la personne" qui sont incinérées.L'AFT a aussi précisé ne pas avoir reçu de consignes particulières du ministère de la Santé concernant les soins apportés dans le contexte du Covid-19, l'unique règle étant d'attendre dix jours avant de pouvoir faire les soins de personnes décédées du Covid-19, en utilisant "un matériel de protection classique, le même que pour les autres corps".Les thanatopracteurs ou embaumeurs n'ont, de plus, pas accès aux causes du décès. "Cela fait partie du dossier médical et cette section est cachée pour nous, c'est accessible seulement pour les médecins légistes par exemple", explique l'AFT. Les caillots sanguins, un effet secondaire "très rare" des vaccins d'AstraZeneca et Johnson & JohnsonEn avril 2021, l'Agence européenne du médicament (AEM ) a indiqué que les caillots sanguins devaient figurer sur la liste des effets secondaires "très rares" des vaccins Covid-19 d'AstraZeneca et de Johnson & Johnson (Janssen en Europe).L'AEM a reconnu "un lien possible" entre les vaccins d'AstraZeneca et Johnson & Johnson (appelé Janssen en Europe) et "de très rares cas de caillots sanguins inhabituels associés à des plaquettes sanguines basses". Pour le vaccin AstraZeneca, l'agence estimait en avril 2021 le risque de tels caillots à 1/100.000.Le mois suivant, elle a déclaré qu'il n'y avait cependant "aucune indication à ce jour" permettant de suspecter un lien entre les vaccins à ARN messager de Moderna et Pfizer et les thromboses. Une thrombose est un caillot de sang qui se forme dans un vaisseau sanguin, une veine ou une artère.L'AEM et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent néanmoins de continuer à utiliser les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson, jugeant leurs bénéfices supérieurs à leurs risques. "Aujourd'hui, aucune donnée ne constate un risque de thrombose avec les vaccins à ARN messager" et il n'existe "aucun nouveau signal" pour ces vaccins, a expliqué à l'AFP David Smadja, professeur d'hématologie à l'hôpital George Pompidou.Il expliquait déjà le 24 août dans ce précédent article de vérification que "les cas de thromboses très rares ne concernent toujours que les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson. La position de la science n'a pas changé, il n'y a rien de nouveau sur les vaccins à ARN messager mais au contraire, de très nombreuses études depuis un an et demi montrent qu'il n'y a pas le moindre signal thrombotique avec les vaccins de Pfizer et le Moderna, qui sont désormais quasiment exclusivement utilisés en France".L'infectiologue chilien Ignacio Silva soulignait également auprès de l'AFP que si les vaccins à adénovirus d'AstraZeneca et Johnson & Johnson, utilisés dans d'autres pays, peuvent présenter des effets indésirables liés à des caillots sanguins, ces cas restaient très rares."Les agences sanitaires étaient à l'époque très au fait de ce phénomène, faisant du suivi, de la pharmacovigilance, et allant jusqu'à restreindre son utilisation par mesure de très grande précaution, puisque le nombre de cas par rapport au nombre de personnes vaccinées était très faible. Heureusement, l'incidence de cet événement est très rare", a-t-il expliqué à l'AFP.Dans ce précédent article de vérification, des hématologues interrogés par l'AFP rappelaient en outre que le Covid-19 favorise les risques de thrombose veineuse cérébrale, une conséquence de la maladie souvent occultée.3 octobre 2022 Ajoute réponse de Richard Hirschman, ainsi que des citations complémentaires des médecins Andreas Greinacher et David Dorward (fr)
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